Romans

Retrouvailles à la librairie de Wellfleet : on ne naît pas mère, on le devient.

Il y a beaucoup de témoignages écrits ou à la télévision de femmes qui ont du mal à créer un lien avec leur bébé à la naissance. Quand l’instinct maternel n’est pas au rendez-vous.

Je viens de finir le roman Retrouvailles à la librairie de Wellfleet. La couverture et le titre sont trompeurs : ce n’est pas un énième feel good qui parle de biblio thérapie.

Le résumé :

C’est un texte fort qui raconte l’histoire d’une mère célibataire tout juste sortie de l’adolescence. Elle a fait le bon choix de confier son bébé Matthew à un couple américano indien formidable quelques jours après sa naissance. Pourtant ce bon choix est tout de même un abandon de ce qu’elle avait de plus précieux et cet événement va la faire tanguer quotidiennement les années qui suivront. Surtout quand son fils biologique décide de se pointer à la librairie qu’elle possède à Cape cod sans crier gare l’été de ses dix huit ans.

”Maintenant, tu vas m’écouter. J’étais terrifiée à l’idée de te garder et terrifiée à l’idée de te faire adopter. J’ai choisi tes parents parmi plus d’une centaine de couples. Ils ont fait du bien meilleur boulot que moi car c’étaient des adultes. Ils voulaient un enfant et ils avaient des économies. J’avais dix-sept ans. Tu te sentirais prêt à élever un enfant à dix-sept ans ?

Mon avis :

Ce roman se structure selon trois points de vue qui alternent selon les chapitres : celui d’Harlow, la mère biologique, Monica, la maman adoptive et Cynthia, l’employée revêche d’Harlow et accessoirement cousine lointaine…

Le temps d’un été, Harlow va se confronter à son passé dont sa famille ignore tout, ce qui va créer des tensions mais aussi des retrouvailles très émouvantes. Seul sa meilleure amie Rose était au courant depuis l’université.

J’ai eu un énorme coup de coeur pour ce roman car il évoque les émotions contradictoires que ressentent ces trois femmes au fil du récit. Peut-être est ce lié au fait que je suis aussi maman mais j’ai trouvé les réflexions d’Harlow sur la parentalité d’une grande justesse.

J’ai éprouvé beaucoup de sympathie pour cette jeune fille qui entre dans l’âge adulte et la sexualité avec beaucoup de brutalité. Elle tombe enceinte lors de sa première fois et son soupirant est vraiment un con fini, méchant de surcroit, qui va lâchement l’abandonner quand elle va lui annoncer sa grossesse.

Feuilletez ici un extrait du roman

Les flash-backs qui nous ramènent dix-huit ans en arrière sont très émouvants surtout quand sa meilleure amie se rend compte qu’elle part vraiment à la dérive psychiquement et comment elle va la secourir…

J’aimerai tellement qu’on abandonne l’étiquette feel-good en littérature. Elle est tellement usée qu’elle est totalement galvaudée.

J’ai pensé à ce roman tout l’été. Je suis très chanceuse d’avoir pu lire les épreuves non corrigées grâce à Margaux de l’équipe de la box littéraire Kube. J’ai vraiment adoré la structure du livre selon les points de vue de ces trois femmes : Harlow, Monica et Cynthia.

Seul bémol : j’ai trouvé la famille nombreuse d’ Harlow un peu caricaturale et niaise. L’auteure aurait pu se passer de deux ou trois personnages un peu secondaires pour s’en tenir aux parents un peu immatures d’Harlow, le grand-père même s’il a un surnom ridicule et la meilleure amie d’université qui m’a beaucoup touchée pour sa vulnérabilité.

C’est sans nul doute le plus beau roman sur l’adoption et l’instinct maternel que j’ai jamais lu. J’ai bien envie de lire d’autres romans de cette auteure aux deux millions de lecteurs aux USA.

C’est peu dire que je suis une grande fan des romans qui se déroulent aux États Unis. Retrouvez ici d’autres chroniques de romans ici.

Toujours là pour toi, superbe roman d’amitié où les hippies ne sont pas si sympathiques que ça.

Hotel Nantucket, quand de fortes individualités font équipe

Les magnolias de Myrtle Lane, un roman réaliste et attachant

Maine, quand la maison de vacances est le théâtre de rivalités familiales.

Toujours là pour toi, droits réservés Netflix
Romans

J’ai lu Les magnolias de Myrtle Lane : deuil, introspection et secrets de famille.

Cette semaine, j’ai lu le premier roman de Cat Shook, Les magnolias de Myrtle Lane. J’aime énormément les romans des éditions Les escales : Hôtel Nantucket d’Elin Hilderbrand ou encore La cuisinière des Kennedy que j’ai lu en juin. Je les remercie pour l’envoi de ce service de presse.

Les magnolias de Myrtle Lane, écrit par Cat Shook, éditions Les escales,368 pages, parution le 6 juin 2024, 22€

C’est un roman très contemporain qui raconte une famille américaine avec ses forces et ses failles. Les enfants et les petits-enfants du couple Williams se réunissent autour d’Ellen, la veuve de Gerry. Il vient de mourir après soixante ans de mariage à ses côtés. Ils vivaient dans une ville de Géorgie : Eulalia où tout le monde se connaît.

Pendant une semaine mouvementée, chaque membre de la famille va faire sa propre introspection sur ses souvenirs et la manière dont ils veulent mener leur vie après ce moment de deuil. Il faut dire que l’enterrement du grand-père a été assez explosif. Son meilleur ami de toujours Fred a fait une révélation fracassante lors de l’éloge funèbre…

Mon avis :

J’ai failli abandonner ce roman au bout d’une centaine de pages. L’histoire était intéressante mais pas passionnante. Et surtout je n’arrivais pas à mémoriser les liens de parenté entre les personnages et à les différencier. Puis la romancière a mieux développé le personnage de la grand-mère qui devient veuve et les tourments que ce changement majeur dans sa vie aller provoquer.

Cela m’ a fait penser aux personnages de Nos âmes la nuit, un roman que j’ai aimé passionnément. Alors, cette profondeur psychologique m’a tenue en haleine pour finir le roman et l’apprécier.

Je suis persuadée que cette auteure saura en écrire d’autres meilleurs par la suite. Elle vient de Géorgie, et elle s’est inspirée de sa complicité avec sa grand-mère pour écrire ce premier roman. Cat Shook a su montrer l’état d’esprit un peu étriqué de cet État du sud.

Ce roman parle de deuil mais aussi de coming out et de conformisme matériel. Certains petits-enfants ont une véritable phobie de l’engagement comme Grant ou sa cousine Alice, d’autres comme Dellia souffrent d’une rupture douloureuse à surmonter.

J’ai voulu connaître l’avis d’une autre critique littéraire : Luciole in books sur Youtube

J’ai beaucoup aimé les personnages des deux sœurs Wilma et Carol Anne, les filles d’Ellen. Il y en a une qui est raisonnable et empathique avec les autres tandis que l’autre est totalement autocentrée. Certains personnages comme JJ ou son fils Grant sont traités de manière très superficielle. Cette auteur sait mieux faire vivre de ses mots les maux féminins.

Ce roman était une bonne surprise mais pas non plus la lecture de l’année. La littérature est un art mais je ne doute pas que l’auteure va monter en puissance par la suite. Je vais suivre son actualité comme celle de Kristin Hanna, JC Sullivan, Elin Hilderbrand ou encore Kristan Higgins qui a écrit Retrouvailles à la librairie de Wellflet.

Forcément, le titre du roman m’a fait pensé à cette bleuette Netflix que je regarde avec cynisme mais fidélité : A l’ombre des magnolias. Cela se déroule aussi dans un état du Sud des Etats-Unis avec ses valeurs religieuses un peu bigotes.

Droits réservés Netflix

J’attribue à ce roman Les magnolias de Myrtle Lane la note de 3.5 sardines. C’était agréable à lire pendant l’été mais certains personnages masculins étaient vraiment traités de manière caricaturaux. Il y a eu de sacrées longueurs les cent premières pages. Mais je n’ai pas abandonné ma lecture car ensuite, la relation familiale entre des petits-enfants et leurs grands-parents a été bien mise en valeur par la littérature. C’est d’ailleurs le premier roman de l’auteure et je lui accorderai ma lecture sans souci pour un prochain roman.

Ces coups de cœur que j’ai lu cet été :

Emballée par la couverture des romans de l’été

A la table des Kennedy, Gallimard et Camus : La cuisinière des Kennedy, éditions Les escales

– Hôtel Nantucket, quand des individualités se regroupent autour d’un challenge commun, éditions Les escales

Romans

Emballée par la couv’ des romans de l’été que je lis en juillet…

En juillet, j’ai cette chance de trouver plusieurs livres d’affilée que je dévore les uns après les autres et en plus leurs couvertures m’inspirent pour lancer une nouvelle rubrique dans le blog.

Cela s’appelle Emballée par la couv’. C’est une petite rubrique sur le marketing et le packaging. Une modeste analyse de ces couvertures qui draguent mon œil sur les tables de librairies ou sur les réseaux sociaux…

Une belle vie, Virginie Grimaldi, Le livre de poche, 384 pages, 11.90€

J’ai lu d’une traite le dernier roman de Virginie Grimaldi : Une belle vie. Le titre n’est pas très recherché mais efficace. Il raconte l’histoire de deux sœurs Agathe et Emma. Elles se sont perdues de vue pendant des années mais elles se donnent rendez vous pour vider la maison de leur grand mère Mima qui les a élevé à Anglet, au pays basque.

Ce roman se structure en chapitres au présent et d’autres au passé. Ils font des sauts dans le temps pour raconter l’enfance et l’adolescence des deux filles. Je trouve que c’est le meilleur roman de Virginie Grimaldi. Il raconte les réussites et les échecs de ces deux sœurs pour renforcer leur lien familial au milieu du deuil et de la maladie. Merci à ma collègue Marine, qui me fournit de bons livres à lire l’été. 

Couronne et préjugés, Sylvie Tellier, Fayard, 23.90€

Tout le monde a rigolé au bureau à la pause déjeuner quand j’ai raconté que j’allais lire la biographie de Miss France. C’est people certes mais c’est un autoportrait tout sauf superficiel. 

Sylvie Tellier raconte son parcours, élevée par une maman célibataire aux Sables d’Olonne dans les années 1970. Ensuite, elle va passer toute une année aux côtés de Geneviève de Fontenay pour vivre son année de Miss alors que la dame au chapeau n’était pas la plus agréable des chaperonnes.

Ce qui m’a plu dans cette autobiographie est sa manière de défendre son bilan de présidente de la société Miss France. Elle explique comment elle a su prendre la succession de Genevieve de Fontenay en modernisant le concours de beauté sans le trahir. J’ai surtout beaucoup aimé la manière dont elle parle de sa mère, son modèle.

Les goûts et les couleurs, film de Michel Leclerc avec Félix Moati et Rebecca Marder, Judith Chemla, Artus, 2022.

Coup de coeur pour ce drôle de couple : le mariage de la carpe et du lapin. Marcia est chanteuse, elle vit sur une péniche à Paris. Anthony est placier sur les marchés à Saint-Remy les Chevreuse.

La musique de Daredjane, icône rock des années 1970 va les réunir. Anthony est son ayant-droit et il aime peu la personnalité de cette grand-tante qui a coupé les ponts avec sa famille.

Un film drôle et mordant sur la lutte des classes, le fossé entre Paris et sa banlieue, un propos qui résonne fort avec le résultat des dernières élections législatives…

Retrouvez ici les précédents articles de blog que j’ai écrit sur les romans de l’été ou bien de l’hiver ou de l’automne…

-Se préparer au mood de l’automne avec ces livres et ces séries

Les livres et les films qui ont animé mes vacances de Noël

Romans

Hôtel Nantucket, quand de fortes individualités font équipe.

Après Un été à Nantucket et Un dernier été, Elin Hilderbrand publie un nouveau roman Hotel Nantucket. J’ai lu chacun de ses romans publiés aux éditions Les escales. Je l’ai découverte à travers les pages livres du magazine Elle.

Hôtel Nantucket, Elin Hilderbrand, Les escales, 2024, 416 pages, 23€

Je vais tenter dans cet article de vous définir en quelques lignes pourquoi les descriptions de cocktails, de petits pains au homard, et de maisons à bardeaux typiques de Nantucket me procurent autant de détente qu’un épisode de la télé réalité L’agence sur Netflix.

Le résumé du roman :

Hôtel Nantucket raconte l’histoire de Lizbet, une directrice d’hôtel d’une quarantaine d’années trahie par son mari aux yeux et au vu de toute la petite île de Nantucket. C’est une clientèle huppée et très exigeante qui constitue un entre soi de citadins fortunés de Washington, New York ou Boston. Ils possèdent des maisons de famille sur l’île depuis plusieurs générations. Ils suivent les recommandations du New York Times et autres réseaux sociaux influents pour jauger les meilleurs restaurants et autres lieux à la mode.

Lizbet va rapidement engager toute une équipe de portiers, réceptionnistes, femmes et hommes de chambre, cuisiniers pour mener à bien la mission que lui a confié Xavier Darling, un influent investisseur londonien : décrocher les cinq clés décernées par une mystérieuse blogueuse qui se rend incognito dans les plus beaux hôtels du monde.

Les trente premières pages, je reconnais que j’ai trouvé ce roman un peu superficiel avec son histoire secondaire de fantôme. Grace, femme de chambre, hante l’hôtel crée en 1920 car elle était la maîtresse du propriétaire de l’hôtel. Un troussage de domestique assez abject.

Même si le directeur était peut être amoureux d’elle, il ne l’a pas secouru. Son odieuse femme, aussi timbrée que malfaisante a laissé de manière intentionnelle une cigarette brûler dans le grenier pour éliminer la domestique.

Elle va être le témoin de tous les petits moments de vie qui se déroulent dans l’hôtel. Ils vont souvent la révolter ou la réjouir et lui apporteront une sorte de repos de l’âme.

Mon avis sur ce roman d’été plus profond qu’on ne le croit :

Qu’importe que l’équipe de l’hôtel Nantucket décroche les cinq clés dans le blog, le véritable intérêt de ce roman pour moi c’est de suivre comment ces différentes personnalités un peu torturées par la vie vont évoluer au cours de cet été ensemble.

J’ai trouvé le personnage de Lizbet peu fouillé et un peu caricatural mais on se réjouit tout de même au fil des pages du roman de la voir réussir son challenge et ainsi retrouver estime de soi et le grand amour…

Je me suis particulièrement attachée à certains personnages du roman (et oui comme en psychothérapie, je noue une alliance thérapeutique avec les personnages littéraires que je lis sinon j’abandonne ma lecture).

J’ai aimé suivre la rédemption d’Alessandra, la cupidité faite femme et celle de Chadwick, un jeune homme issu de la haute société qui a fait une énorme bêtise. Il va trouver sa planche de salut en récurant les toilettes des clients de l’hôtel et en travaillant en équipe avec les femmes de chambre de l’hôtel sous les ordres de la mystérieuse Magda English.

Il y a un beau moment de vérité quand il confronte ses parents. Ils achètent le silence de ceux envers qui Chadwick a eu un comportement répréhensible voire même irrémédiable pour ne pas entacher leur propre réputation. Elin Hilderbrand lui permet d’en arriver à la conclusion que l’argent ne procure pas tout : il ne rend pas forcément heureux.

« L’île de Nantucket est connue pour ses rues pavées et ses trottoirs de briques rouges, ses maisons en bardeaux de cèdre et ses treillis de roses, ses longues étendues de sable doré et ses vents de l’Atlantique rafraîchissants… Elle est aussi connue pour ses résidents, qui n’aiment rien tant qu’un ragot bien juteux (le paysagiste sexy qui a vécu une idylle avec l’épouse d’un magnat local de l’immobilier, ce genre de chose). Et malgré tout, aucun de nous n’était vraiment prêt au tourbillon de rumeurs qui allait déferler le jour où nous avons appris que Xavier Darling, le milliardaire londonien, investissait 30 millions de dollars dans la verrue en ruine qu’est devenu l’Hôtel Nantucket« 

Chacun des romans d’Elin Hilderbrand suit à peu près la même trame : une galerie de personnages qui semblent se détendre et s’amuser sur leur île privilégiée mais qui sont constamment en représentation, en cage à cause de leur statut social.

Voici un court résumé de deux autres romans d’Elin Hilderbrand si je vous ai convaincu de prendre le ferry pour Nantucket cet été !

Un été à Nantucket (de loin mon préféré), Le livre de poche, paru en 2021,576 pages, 9€70

Ce roman se déroule pendant l’été 1969, en pleine guerre du Vietnam. Le cadet de la famille est appelé sous les drapeaux et sa mère Kate tremble pour lui en noyant sa tristesse dans l’alcool. Elle doit cohabiter dans la maison de famille avec sa mère Exalta, un vrai dragon et ses trois filles qui vivent des chamboulements dans leur vie durant cet été.

De bons romans papier et sur liseuse, sur une belle fouta L’ornithorynque, offerte par mes cousins de Marseille pour mes trente ans.

Un dernier été, Elin Hilderbrand , paru en 2023, 448 pages, 23€

C’est un roman très contemporain qui se déroule à l’ère des réseaux sociaux. Vivian, une romancière célèbre meurt soudainement dans un accident de voiture. Elle venait de publier un nouveau roman qui évoquait son amour de jeunesse. J’ai beaucoup aimé ce roman où la défunte prend de la hauteur pour observer comment son entourage familial et professionnel surmonte sa disparition. Un roman profond qui explore les failles et l’humanité de ses personnages.

Dans un autre genre, celui de la biographie, j’ai eu un vrai coup de coeur dernièrement pour La cuisinière des Kennedy , écrit par Valérie Paturaud et publié par la même maison d’édition : Les escales.

Il raconte le parcours exceptionnel d’ Andrée Imbert, pupille de la Nation qui a vécu une ascension sociale fulgurante en travaillant au service d’Albert Camus, Michel Gallimard puis Rose et Joe Kennedy, les patriarches de cette célèbre famille.

Valérie Paturaud et Elin Hilderbrand ont en commun de valoriser cet art de vivre à l’américaine, bien différent de la France. J’aime lire ces romans et ces biographies qui se déroulent sur la côte est des Etats-Unis pour l’imaginaire de rêve qu’ils apportent depuis les années 1960 et le faste des Kennedy dans les pages de Paris Match.

Retrouvez ici d’autres idées de romans qui se déroulent aux USA:

-Maine, une maison de vacances, théâtre de rivalités familiales

-Aretha Franklin, une vie de foi face aux épreuves de la vie

Biographies et autobiographies·Romans

A table avec les Kennedy, Albert Camus, Michel Gallimard en attendant les bons plats d’Andrée Imbert…

Cette semaine, j’ai dévoré en quelques jours le roman historique qui retrace le parcours d’Andrée Imbert, pupille de la Nation et cuisinière de la haute société française et américaine.

J’aime beaucoup les romans des éditions Les escales. J’avais lu auparavant Un dernier été et aussi Un été à Nantucket d‘Elin Hilderbrand qui évoque aussi un fait divers concernant le sénateur Ted Kennedy à Nantucket en 1969.

J’en profite pour remercier les éditions Les escales de m’avoir permis de lire ce nouveau roman en service de presse, sous format numérique. Gérard Collard, libraire de La griffe noire à Saint Maur les fossés décrit ce livre comme le roman de l’année et je suis bien d’accord avec lui.

La cuisinière des Kennedy, Valérie Paturaud, 350 pages, avril 2024, 21 euros.

Andrée a servi la famille Berliet à Lyon, des riches industriels qui ont une superbe villa Art nouveau, puis Albert Camus et Michel Gallimard à Paris mais aussi sur la Côte d’Azur. Après guerre, elle travaille pour une famille américaine très sympathique : les Rogers qui lui proposent de partir vivre en Amérique avec eux.

Andrée est tiraillée car elle a une fille Madeleine qui va par la suite devenir mère elle aussi. Mais n’écoutant que son coeur qui lui dicte de tenter sa chance, elle accepte de rejoindre les Etats-Unis. La suite de sa vie sera extraordinaire car elle va ensuite entrer au service de Joe et Rose Kennedy, amis proches des Rogers.

Inutile de présenter cette illustre famille qui va avoir une influence déterminante sur la politique aux Etats Unis entre 1950 et 1990. Andrée va intégrer cette famille secouée par des drames terribles en la cajolant par de bons plats français et en prenant soin des enfants de la famille comme si c’était les siens.

Cette famille saura lui montrer tout son amour et sa reconnaissance en lui donnant une généreuse rente à sa retraite et en se débrouillant pour fleurir sa tombe dans le petit cimetière d’un village drômois.

Mon avis sur ce roman historique :

J’ai énormément aimé ce roman très bien écrit par Valérie Paturaud. Il compte 352 pages mais ne parle de son départ chez les Kennedy qu’à partir des cent vingt pages du livre. C’est peu dire de son parcours déjà exceptionnel en France.

Andrée est un bébé abandonné qui ne connait pas ses parents quand elle nait en 1907 à Marseille. J’ai beaucoup aimé la description pour expliquer comment l’Etat s’occupait des enfants abandonnés au début du 20eme siècle. On se croirait dans le film Pupille de Jeanne Hery.

Je reconnais que j’ai sauté quelques chapitres de son enfance et son adolescence dans la campagne drômoise car je trouvais cela un peu longuet. Mais j’ai été captivée par ma lecture quand Andrée prend sa fille sous le bras pour quitter son mari un peu soulard et peu aventurier pour travailler dans un restaurant à Lyon.

Sa fille va vouloir retourner vivre à Venterol, dans sa campagne auprès de son père car ce qu’elle connait la rassure alors qu’Andrée veut vivre une grande aventure. Elle s’imagine fille de marin pour mieux expliquer ses aspirations.

L’intérêt de ce roman est de montrer le décalage culturel entre la France et les Etats dans les années 1950 à travers cette famille mythique qui fait rêver le monde entier dans les pages sur papier glacé de Paris-Match. Andrée ne peut s’empêcher de trouver sa fille mal fagotée quand elle côtoie les filles et les belles-filles de Rose Kennedy à Hyannis port.

Rose Kennedy est l’un des personnages principaux de ce roman avec le sénateur Ted Kennedy et aussi en filigrane, Joe le patriarche de la famille. Andrée voue à ses patrons une admiration et une reconnaissance sans bornes. Même si elle juge Rose Kennedy sacrément dure avec les écarts et les faiblesses de ses enfants quand ils devient du droit chemin de la religion.

C’est un roman totalement hagiographique avec la famille Kennedy. Valérie Paturaud ne parle pas des mauvais côtés de Joe Kennedy et de ses accointances avec la mafia. Cette biographie est romancée à partir des archives de la famille d’Andrée Imbert. Mais les lettres et les photographies le prouvent, une belle relation dépassant les rapports hiérarchiques s’est nouée entre la famille de Ted Kennedy et Andrée Imbert.

Le dernier chapitre où les enfants de Ted Kennedy rendent visite à leur ancienne nounou en France est très touchant. C’est un bon roman qui sera être une belle détente pour vous cet été. Il raconte le parcours d’une femme partie de rien qui a cru en ses rêves et en son talent.

J’ai été très touchée par le processus d’écriture de ce livre. L’auteure Valérie Paturaud habite dans le sud de la Drôme. Elle s’est retrouvée dans un diner d’amis avec de nouvelles connaissances dont une des convives qui lui a parlé d’une famille drômoise.

L’importance de conserver les photographies et les lettres pour se constituer une mémoire familiale
Les souvenirs de ma propre famille

Les petits-enfants d’Andrée Imbert lui ont confié tout un carton avec des photographies, des lettres qui ont constitué la matière première pour écrire cette biographie très romanesque.

Moi même, j’ai retrouvé grâce à mes parents ce printemps la carte de rationnement de ma grand-mère quand elle est partie avec sa famille sur les routes de l’exode en juin 1940 mais aussi ses photographies de jeunesse.

C’était très émouvant de découvrir ses aspirations quand elle avait vingt ans et de beaucoup m’y reconnaître : son goût pour les vêtements à la mode qui donnent de l’allure, aller à Trouville avec ses amis, vibrer pour la chanson française et être dans les endroits qui comptent.

Cette Andrée Imbert m’a beaucoup fait pensé à ma grand-mère Annette pour son envie de réussir et de fréquenter des endroits raffinés où le rêve est possible.

Andrée Imbert continue de nous enchanter avec son parcours extraordinaire.

Cathleen Clarity, une cheffe américaine a cuisiné la soixantaine de recettes d’Andrée réunissant le patrimoine culinaire de la Drôme, des bouchons lyonnais, de la Provence, de la Floride selon les lieux de villégiature de ses différents patrons : la Riviera française, Palm Beach, Hyannis Port…

La cuisinière des Kennedy, Cathleen Clarity, éditions Solar, 175 pages, 9782263192029, 29,90€

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Romans

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En mai, avec ces nombreux ponts, j’ai expérimenté la meilleur des détentes : lire une succession de bons livres dans le train quand on partait ou dans le métro quand il fallait aller travailler et que le temps était gris.

Lire un bon bouquin est une source d’évasion inégalée, le meilleur remède à la routine de nos vies et au découragement que nous procure l’actualité.

Pour moi, la littérature apporte du romanesque : elle sublime le réel. Mais parfois le réel supplante la littérature et j’en ai fait l’expérience amère avec la lecture de La dernière allumette.

Je suis avec attention la ligne éditoriale des éditions Charleston. C’est l’éditeur de la série Les sept sœurs qui domine la littérature en France actuellement et surtout je lis chaque nouveau roman de Marie Vareille chaque année.

La dernière allumette de Marie Vareille, éditions Charleston, 19 euros

Je savais en terminant Désenchantées que le prochain livre de Marie Vareille parlerait de violences conjugales. Les conséquences désastreuses qu’elles ont sur les enfants d’une famille sont totalement occultées par les médias et les pouvoirs publics.

La lecture de ce livre m’a révoltée, j’étais en colère car je voulais me détendre avec une jolie histoire enrichissante et constructive, avec de beaux sentiments qui nous portent. Mais c’est peut-être ça aussi le rôle de la littérature : nous faire sortir de nos gonds, nous secouer quand une situation est révoltante.

C’est un excellent roman qui analyse la position de victime quand on se prend des coups dans sa famille. Les entretiens avec le psychothérapeute sont très profonds. A défaut de me plaire, je pense que ce livre aidera de nombreuses personnes victimes de violences intra-familiales à ouvrir les yeux et reprendre le gouvernement de leurs vies.

J’ai eu la chance de rencontrer Marie Vareille lors du dîner des libraires Kube 2023 et j’aime énormément sa simplicité et son accessibilité pour échanger sur ses livres.

Pour qu’elle revienne, Cynthia Kafka, éditions Charleston, 19 euros

J’ai très envie de lire Pour qu’elle revienne car je ne connait pas encore la plume de Cynthia Kafka mais cette thématique : la quête d’une mère qui s’est volatilisée dans la nature il y a une quinzaine d’années me tente beaucoup.

Les romans d’Elin Hilderbrand : Un dernier été et Un été à Nantucket, Les escales, 23 euros

Même si les intrigues se ressemblent, j’aime beaucoup les romans de cette auteure que j’ai découvert grâce au magazine Elle. J’aime énormément les romans américains qui se déroulent sur la côte Est car ils vendent du rêve.

C’est une bonne détente de lire le quotidien de familles fortunées dont les véritables enjeux seront de savoir si le homard sera assez cuit à leur restaurant de plage favori et s’ils retrouveront leurs amis chaque été.

Je caricature mais j’aime la finesse psychologique avec laquelle Elin Hilderbrand décrit sa galerie de personnages. Je lirai surement Hôtel Nantucket au bord de la piscine cet été en Bulgarie…

Nantucket et l’île voisine Martha’s Vineyard doivent leur notoriété à une célèbre famille : les Kennedy qui vivra un destin présidentiel relayé par les plus belles pages de Paris Match ici en France.

C’est d’ailleurs dans Paris Match que j’ai découvert cette biographie romancée sur la vie d’Andrée Imbert, une compatriote drômoise qui a fui son mari porté sur la bouteille alors qu’elle commençait à prospérer avec un premier restaurant .

Elle s’est exilée aux Etats-Unis pour vivre l’aventure d’une vie. La cuisinière des Kennedy, Valérie Paturaud, Les escales, 21 euros

J’ai découvert Valérie Paturaud avec son premier roman Nezida paru chez Liana Levy qui retraçait le parcours d’une autre Drômoise, institutrice en 1884.

Grâce à de nombreux documents d’archives, l’auteure est parvenue à reconstituer l’intimité du clan Kennedy avec de nombreuses photographies, des cartes de remerciements à leur fidèle cuisinière française.

A Hyannis Port, en 1955, les Kennedy dinaient avec la fameuse bombine. C’est un ragout de pommes de terres ardéchois que m’a souvent servi ma mamie en Ardèche. Sacrée anecdote ! Je vous recommande la chronique du Monde consacrée à ce roman historique de qualité.

J’aime lire les biographies d’illustres inconnus qui se sont confrontés à la grande Histoire et qui ont vu leur vie totalement transformée.

Dans un autre genre, j’ai lu Une brève libération écrit par l’écrivaine Félicité Herzog, la fille de l’alpiniste et homme politique Maurice Herzog. Dans ce roman historique, elle raconte la rencontre de sa mère Marie-Pierre Cossé-Brissac avec son premier mari, Simon Nora.

Pendant l’Occupation, les parents de Marie-Pierre sont des collaborationnistes convaincus qui reçoivent dans leur luxueux hôtel particulier du cours Albert 1er, le gratin parisien : Drieu la Rochelle, Arletty, Coco Chanel, Josée Laval...

Marie-Pierre est une jeune adolescente cultivée et intellectuelle qui va rapidement avoir la nausée face aux propos qui se tiennent chez elle : l’antichambre sombre du régime de Vichy.

Elle va alors rencontrer Simon Nora, un garçon de bonne famille qui va vivre de plein fouet son engagement résistant dans le maquis du Vercors.

Ce n’est pas un livre bien joyeux (les descriptions de scènes de rafles à l’hôpital Rothschild où les nazis intimident les soignants sont effroyables mais nécessaires) mais j’ai beaucoup aimé le lire car il rappelle l’engagement résistant qui a grandement contribué à libérer notre pays.

Il est très bien écrit et on reste suspendu au fil des pages pour connaître la destinée de Marie-Pierre : est ce qu’elle parviendra à se dégager de l’emprise de ses parents ? .

Et vous quels sont les romans qui vont vous accompagner cet été ?

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Romans

Felicità, un roman savoureux comme un bon Spritz avant l’arrivée de l’été

Félicità est le second roman de Serena Giuliano que je lis après Luna. J’ai lu ses romans quand j’avais la grippe en février lors de mes deux visites chez le médecin . Ils m’ont bien changé les idées quand je dormais six nuits de suite par intervalle de 30 minutes . La littérature sert aussi à ça !

Je remercie chaleureusement Naïma et Anne-Laure des éditions Robert Laffont qui m’ont envoyé ce livre en service de presse. En fin d’article, vous pourrez retrouver les chroniques des trois autres romans de Robert Laffont que j’ai eu la joie de chroniquer dans ce blog.

Felicità, Serena Giuliano, éditions Robert Laffont,  9782221272329, 208 pages, 18.90. Sortie le 7 mars 2024.

Felicità raconte l’histoire d’une femme trentenaire, Valentina dite Vale qui tente de reprendre sa routine de wedding planner après un deuil qui a anéanti sa vie.

Elle est épaulée par son équipe dont font partie ses assistantes, sa chef traiteur Laura qui va devenir une amie et une confidente, son fleuriste…

Elle travaille dans la région de Milan et parcourt les plus beaux endroits d’Italie pour organiser des mariages somptueux dans les plus beaux endroits comme le lac de Côme par exemple.

Ce roman va raconter le déroulé cocasse de trois cérémonies de mariage bien différentes mais le mariage n’est pas le thème principal de ce roman. Ce roman raconte un deuil, celui d’une amie d’enfance partie bien trop tôt, laissant derrière elle un jeune veuf et une petite fille en bas âge. Ces trois là vont se soutenir dans l’épreuve d’une manière fort émouvante.

Ce que j’ai le plus aimé dans ce roman c’est la description de deux Italie bien différentes : Milan, au nord, très sophistiquée et individualiste, la Sicile au Sud bien plus traditionnelle et collective mais aussi très intrusive là où il n’ y pas de raison de chercher scandale.

J’ai bien aimé cette lecture mais je n’ai pas ressenti un attachement fou pour les personnages du roman. Felicità reste un roman feel-good bien écrit mais avec des codes marketing un peu trop poussés. Les romans de Serena Giuliano montrent avec leurs couvertures une Italie de carte postale (cela fonctionne très bien avec moi), les titres de ses romans font référence à des chansons populaires comme Felicità, Sara perche ti amo…

C’est une bonne lecture pour cet été au bord de la piscine avec un bon Spritz. Mais j’ai trouvé que les personnages du roman étaient présentés de manière trop caricaturale, en surface…

Je trouve plus mon compte avec les romans de Marie Vareille, éditions Charleston ou ceux dElin Hilderbrand, éditions Les escales où je trouve les portraits psychologiques des personnages beaucoup plus travaillés.

Félicità, cette belle carte postale littéraire m’a donné vraiment envie de lister dans ce blog, mes plus beaux coups de coeur romans en fonction de l’argument géographique pour lire .

La dernière conquête du major Petitgrew, éditions 10/18 : une belle histoire d’amour de deux seniors que tout oppose dans une petite ville balnéaire du Sussex. Nul besoin de prendre l’Eurostar pour vivre un beau voyage en Angleterre.

Bienvenue dans la charmante pension de Cécilia Duenas, éditions Nami : Un feel good un peu déjanté qui révolutionne un peu les codes du feel good avec des situations cocasses et des retournements de situations passionnants à lire. Ce roman m’a donné envie de retourner à Madrid en hiver.

Désenchantées de Marie Vareille, éditions Charleston : Ce roman d’amitié se déroule dans une petite ville imaginaire de la Côte d’Opale, au bord de la Manche. C’est sans nulle doute ce roman qui m’a décidé à visiter le week-end dernier Boulogne sur mer, la ville natale de mon grand-père.

Un été à Nantucket, Elin Hilderbrand, éditions des Escales : J’ai découvert cette auteure grâce au magazine Elle et ses romans m’ont vraiment fait rêver de la côte Est. J’avais aussi beaucoup aimé les romans de J.C Sullivan qui se déroulent dans le Maine et la région de Boston.

Retrouvez ici les précédentes chroniques des livres aux éditions Robert Laffont

-Une reine, être une femme dans le mellah de Casablanca dans les années 1930

-Dix-neuf, marches, un roman young adult efficace pour témoigner du Blitz à Londres aux nouvelles générations.

-L’âge bête, un journal intime d’une adolescente des années 1990

Biographies et autobiographies·Romans

Pourquoi Dix-neuf marches est un roman young adult efficace qui raconte le Blitz aux jeunes générations.

J’ai découvert ce roman sur le compte Instagram de son éditeur Robert Laffont. En 2023, j’avais eu la chance de chroniquer L’âge bête de Géraldine Dormoy et Une reine de Judith Elmaleh, grâce à leurs envois en services de presse. J’en profite pour remercier chaleureusement l’éditeur pour ce nouvel envoi.

Une reine et Dix-neuf marches ont un point commun : deux auteures qui racontent les conditions de vie difficiles de leurs grands-mères. Mimi, la grand-mère de Judith Elmaleh a été la seconde épouse d’un homme beaucoup plus âgé pour lui donner des enfants dans le mellah de Casablanca dans les années 1930. La grand-mère de Milly Bobby Brown, Ruth, a vécu les bombardements incessants dans son quartier populaire de l’East End à Londres.

Moi, j’ai voulu lire ce roman historique car il m’a fait penser à ma famille maternelle du Pas de Calais notamment à Julienne, mon arrière-tante et à Annette, ma grand-mère qui ont dû fuir leur maison pendant lexode pour se réfugier en Touraine en juin 1940. Ma grand-mère avait trois ans et sa tante était enceinte de son premier enfant.

Mon avis sur ce roman historique :

La beauté de cette couverture de roman est époustouflante : cette vue brumeuse du parlement et de Big ben survolée par deux avions militaires est sacrément efficace. On se plonge tout de suite dans l’atmosphère de ce roman. Il me rappelle un tableau de Monet qui a peint de nombreuses fois le Parlement anglais.

C’est l’histoire d’une famille issue d’un quartier populaire qui tente de vivre normalement malgré les sirènes incessantes qui les obligent à se ruer dans la station de métro la plus proche, transformée en abri anti-bombardements. Nellie, la jeune fille de la famille est secrétaire de mairie et essaie de vivre sa jeunesse malgré la guerre. Elle va rencontrer l’amour de sa vie, Ray, un aviateur américain qui doit prendre des risques incroyables pour gagner la guerre et libérer l’ Angleterre.

Le style littéraire de ce roman est assez sommaire, il creuse peu les émotions et les aspirations intimes de chacun . Pour résumer, la psychologie des personnages est peu développée. Dix-neuf marches est clairement un roman young adult pour ceux qui suivent de près Milly Bobby Brown.

Cependant, j’ai beaucoup aimé cette manière de raconter aux jeunes du 21eme siècle, le quotidien d’une jeune fille de leur âge dans les années 1940. Cela m’a beaucoup fait pensé à une scène de la saison 6 de The Crown. Les jeunes princesses Elisabeth et Margaret décident de filer en douce de Buckingham palace pour aller fêter la victoire et la Libération avec des soldats américains au sous-sol du palace Ritz.

Ce roman raconte un fait historique particulièrement tragique : 173 morts dans une énorme bousculade pour rejoindre en toute hâte un abri anti-bombardement dans un quartier populaire de Londres.

Cela m’a fait pensé à ma série favorite Call the midwife qui raconte les mémoires d’une sage-femme confrontée aux réalités sociales d’un autres quartiers de l’East End. Comme quoi, on les décrit beaucoup mais les cockneys sont des personnages de romans captivants.

Retrouvez-ici mes coups de coeur pour la culture anglaise. Hugh Grant a cité en ambassadeurs David Beckham, Harry Potter, Shakespeare et Sean Connery dans son mythique discours de Premier ministre dans le film Love Actually.

Je vous invite à découvrir ma passion pour la culture anglaise dans ce blog, j’écris des articles en attendant patiemment que mon mari m’organise un week-end à Londres ou à Brighton

-La piscine de Rosemary, un roman qui rend hommage à une piscine municipale mythique

-La dernière conquête du major Pettigrew, un roman aussi dépaysant qu’un voyage en Eurostar

-Au bout de quatre saisons de The Crown, on a bien fait connaissance avec la reine Elisabeth II

Romans·Séries

10 lectures, films et séries pour un été détendu, joyeux et solaire !

Voici ce que j’ai aimé lire, regarder comme séries et films cet été !

HPI avec Audrey Fleurot, Medhi Nebbou, Bruno Sanches, saison 3, TFI

Il fallait absolument que je débriefe la saison 3 de HPI ici. C’était une saison vraiment très réussie sur le point de vue des intrigues et du jeu de chien et chat qu’ont mené Karadec et Morgane… Mais j’ai vraiment regretté le tournant très glauque qu’ont pris certains épisodes. Ce n’est plus une série familiale à regarder avec des minots de 12 ans.

L’épisode final m’a choqué par sa violence ordinaire et banalisée. Le personnage du père de Morgane, Serge, est vraiment un affreux jojo toxique… Les acteurs sont toujours aussi bons et les scénaristes ont réussi avec beaucoup de subtilité à montrer les difficultés des personnes HPI à vivre des relations sentimentales et amicales paisibles.

A l’ombre des magnolias, saison 3, Netflix

SWEET MAGNOLIAS Copyright ELIZA MORSE/NETFLIX

Quelle déception cette saison. Alors que la saisons 1 et 2 avaient été des bons moments de détente avec des réflexions intéressantes sur l’amitié et les choix de vie, la saison 3 est un véritable naufrage en règle. Les dialogues sont vraiment nuls, on dirait des tirades de manuels de développement personnel à la noix.

Tous les personnages sont affligeants, seuls Maddie et son fils Tyler s’en sortent à peu près. Mais rien de bien intéressant ne leur arrive pendant cette saison. Seul le personnage de la harpie blonde qui revient en ville donne un peu de piquant à l’intrigue. Et encore, on s’ennuie ferme à Serenity cet été.

Les vieux fourneaux et sa suite : Bons pour l’asile avec Eddy Mitchell, Alice Pol, Myriam Boyer, Pierre Richard… adapté de la BD à succès éponyme publiée par Le Lombard.

Deux comédies bien agréables et divertissantes que nous avons regardé en couple. L’histoire est toute simple mais elle fonctionne. Mimille, Antoine et Pierrot sont trois septuagénaires, amis depuis l’enfance dans un village du Tarn et Garonne.

Ils ont milité ensemble comme syndicalistes contre Garan-Servier, l’industriel du coin. J’ai bien aimé que ces comédies mettent en scène des seniors (j’avais écrit un article sur La révolte des vieux en mars dernier) et que ça se passe à la campagne.

Le deuxième opus était très touchant quand les migrants témoignent de ce qu’ils ont vécu dans la salle des fêtes du village. Coup de coeur pour le jeu de Pierre Richard qui va bientôt fêter ses 90 ans. J’ai hâte de voir Madame Mills où il joue une sorte de Madame Doubtfire

Les cyclades avec Olivia Côte, Laure Calamy, Kristin Scott-Thomas

Ce film a été la bonne surprise de début d’été. Il raconte les retrouvailles entre deux copines de collège : Blandine et Magalie au moins vingt-cinq ans plus tard. Blandine a été larguée par son mari brutalement et son fils retrouve son amie d’enfance pour qu’elles partent ensemble en vacances sur une île en Grèce.

Il y avait de bonnes raisons pour qu’elles se perdent de vue. Ce voyage initiatique va les aider à sortir de leur zone de confort ou de leur zone d’excès pour retrouver le chemin de l’amitié. Un très bon duo de comédiennes complété par Kristin Scott Thomas qui joue une baba cool déjantée mais touchante.

Wahou de et avec Bruno Podalydès, Karin Viard, Eddy Mitchell, Sabine Azéma…

Peu médiatisé, la bande annonce du film a plu à mon mari (ouf!) avec qui on aime bien regarder les émissions sur l’immobilier de Stéphane Plaza sur M6. Cette comédie sociale raconte deux agents immobiliers dans le coin de Bougival qui tentent de vendre une belle meunière, piscinable, à proximité directe avec le RER.

Ainsi qu’un appartement T3 tout neuf, sans âme, dans une résidence moderne située dans le triangle d’or de Bougival. La galerie de personnages qui vont visiter les deux biens est savoureuse. C’est à la fois drôle, émouvant, cocasse avec des références à Dupont et Dupond bien trouvées. Mention spéciale au couple Azéma/ Mitchell qui crève l’écran !

Marry me avec Jennifer Lopez et Owen Wilson, comédie familiale sur Netflix

Deux stars internationales : Kat et Bastian, un couple latino surmédiatisé a la très mauvaise idée de s’unir devant leurs réseaux sociaux pendant un clip où la mariée est tout sauf décente : le body nude c’est vraiment le comble de la vulgarité même avec des joyaux byzantins.

Le fiancé est pris en flagrant délit de cocufiage en direct, Jennifer euh Kat doit se rabattre à la hâte sur Charlie, un professeur de maths, très circonspect face à cette vaste mascarade médiatique. Il a eu la mauvaise idée de tenir une pancarte Marry me alors que Jennifer encaissait le coup sur scène. Ils vont jouer le jeu pendant plusieurs mois et apprendre à se connaître.

Ce n’est pas le film de l’année mais j’ai bien aimé cette esquisse de réflexion sur la notion de vie privée et de normalité face aux réseaux sociaux, particulièrement pour les ados qui verront ce film.

J’aimerai tant que… Jodi Picoult, Actes Sud, mai 2023

J’avais beaucoup aimé le style fluide et sensible de Jodie Picoult dans Mille petits riens. Ce nouveau roman est une belle carte postale des Galapagos vécue par une new-yorkaise trentenaire. Elle et son chéri Finn, qui est chirurgien devaient s’envoler pour ce paradis alors que la pandémie de covid-19, cette chose mal identifiée fait son entrée fracassante dans leur vie… Un roman déroutant qui parle des ruminations de notre cerveau…

Un jeudi saveur chocolat, éditions Nami

Je suis une grande fan des éditions Nami depuis que j’ai découvert Bienvenue à la charmante pension… mais je connaissais très mal la littérature japonaise. J’ai beaucoup été touchée par ce recueil de nouvelles qui met en scène une douzaine de personnes. Ils gravitent entre Tockyo et Sydney. C’est un roman très contemporain qui décrit une société japonaise très codifiée et marquée par ses traditions ancestrales.

Loin d’Alexis Michalik, Albin Michel

J’ai adoré ce roman d’aventures qui réunit un frère et une sœur : Antoine et Anna accompagné de leur ami d’enfance, Laurent à la recherche de leur père. Le seul indice qu’il leur ai laissé est une vague carte postale envoyée depuis un manoir en Autriche. J’ai été vite happée par cette quête filiale bien écrite. Elle va les mener aux quatre coins de l’Europe, voire même plus loin… Certains chapitres sont vraiment tirés par les cheveux mais c’est une histoire attachante portée par des personnages entiers. Un bon roman d’été !

Successions, Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, Albin Michel

Enfin, je termine cette sélection d’été avec un essai sociologique un peu people et politique comme je les aime. Ecrit par deux brillantes journalistes du Monde, il retrace une douzaine de destins familiaux.

Ce sont sans doute les plus riches industriels de France : les familles Bouygues, Bolloré, Seydoux, Peugeot, Arnault qui racontent comment ils ont reçu et comment ils comptent transmettre leur héritage patrimonial à leurs enfants. J’ai beaucoup aimé l’aspect psychologique de cet essai. Je m’étais régalée de lire la saga familiale des Hallyday dans le livre Ils se sont tant aimés de Léna Lutaud, également chez Albin Michel.

Retrouvez-ici mes précédents articles dans le blog :

-Hommage à Jane Birkin, meilleure ambassadrice de la poésie de Serge Gainsbourg

Week-end familial au Crotoy pour le 14 juillet

Romans

J’aimerai tant que tu sois là : être bloquée dans un paradis quand l’autre patauge en enfer, le dernier roman de Jodi Picoult

Décidément l’algorithme d’Instagram me connait bien (c’est même flippant). Il m’ a rapidement montré une très belle couverture de livre : une carte postale d’une plage des Galapagos, écrit par une auteure que j’affectionne : Jodi Picoult.

J’aime beaucoup son style efficace et précis. Cette auteure américaine sait traiter les sujets de société avec beaucoup de sensibilité. Je l’ai découverte avec le pavé Mille petits riens (choisi également pour sa couverture) qui traitait du racisme dans une maternité.

Avec son dernier roman : J’aimerai tant que tu sois là, Jodi Picoult ne quitte pas le monde hospitalier mais s’évade tout de même du côté des Galapagos… Je m’explique.

Ce roman ultra contemporain raconte comment le tout début de la pandémie mondiale de coronavirus a pulvérisé tous les plans d’un couple de trentenaires new-yorkais.

Finn est chirurgien, Diana est l’assistante d’une grande spécialiste de l’impressionnisme chez Sotheby’s. Ils ont planifié un voyage inoubliable aux îles Galapagos où contre toute attente Finn devrait la demander en mariage.

Sauf que Finn est réquisitionné à l’hôpital pour soigner la plus énorme des pandémies, une maladie totalement inconnue : le coronavirus qui abat comme des mouches les Hommes du 21eme siècle qui se croyaient invincibles grâce à la modernité…

Pour moi, une lecture sera réussie et menée jusqu’au bout si la situation initiale me permet de nouer une alliance thérapeutique avec les personnages (je blague à peine). Si je les trouve pas rapidement attachants ou que l’auteur ne les présente pas assez bien, et bien j’abandonne mon livre comme une vieille chaussette.

J’ai beaucoup aimé le premier chapitre de ce roman où Jodi Picoult détaille la complicité de Diana avec son père, ancien peintre restaurateur d’une superbe fresque à la gare centrale de New-York (celle dans laquelle est tournée une scène de Gossip Girl, la pauvreté de mes références).

Diana a fait carrière dans le domaine du marché de l’art et je me suis régalée à suivre son ascension professionnelle jusqu’à son apogée et visiblement sa chute. Par un coup de poker, elle est arrivée à convaincre la veuve japonaise d’une rock-star (la ressemblance avec Yoko Ono est vraiment évidente) de confier à son entreprise la vente aux enchères d’un tableau inestimable de Toulouse-Lautrec : Le lit.

Sa côte vient du fait qu’il représente une scène sulfureuse dans un lupanar de Montmartre où l’on se transmet la syphilis sans retenue. Jodi Picoult raconte beaucoup mieux que moi la fascination qu’exerce ce tableau sur ses spectateurs.

C’est drôle parce que quinze jours avant de lire ce livre, j’étais au Crotoy et nous sommes passés devant la maison de convalescence de Toulouse-Lautrec.

Mais alors que viennent faire les Galapagos dans cette histoire ? J’y viens mais à pas prudents, de risque de vous spoiler l’intrigue. Finn, le beau chirurgien, convainc sa belle Diana de se rendre aux Galapagos plutôt que de rester confinée à New-York tant que les aéroports sont encore ouverts…

Ce choix pas évident va avoir une incidence déterminante sur l’avenir de leur couple. Qui dans le monde en mars 2020 avait une petite idée de la manière dont allait se dérouler son quotidien alors que la vie quotidienne s’est arrêtée brutalement, que tous nos repères ont été chamboulés…

Certains ont été en première ligne du covid comme Finn et les milliers de soignants qui ont dû affronter une maladie tellement puissante, inconnue et redoutable qu’elle a tué de manière violente. La radicale contamination de son entourage a plongé l’Homme dans un cercle vicieux de culpabilité, insécurité et paranoïa. Bien difficile de retrouver sa vie d’avant…

Paysage côtier aux îles Galapagos. © Getty Images

Finalement, j’ai décidé de ne pas vous dévoiler l’intrigue aux Galapagos pour vous inciter à lire ce très bon roman. Je l’ai trouvé déroutant mais très fin et sensible, fidèle à ce que j’aime lire avec Jodi Picoult. Mais sacrément déroutant…

C’est un roman très réussi qui aborde différents thèmes comme la culpabilité, l’instinct maternel, l’instinct de survie et comment on s’adapte. Le sujet de ce livre traite des mécanismes du cerveau quand il est attaqué par un ennemi fourbe comme Coco le virus. Comment il se défend ou comment il délire à travers des rêves ultra-réalistes.

Moi quand j’ai attrapé le variant anglais, j’ai déliré pendant trois jours avec des rêves farfelus et répétitifs (une même situation grotesque avec une fontaine de ma ville car c’est l’étymologie de ma ville).

Ce livre va vous rappeler des mauvais souvenirs communs que notre résilience nous a convaincu d’oublier rapidement pour ne pas sombrer. Les e-mails de Finn où il raconte sa lutte harassante et décourageante dans l’unité Covid sont déchirants. C’est le personnage le plus attachant qu’on a envie de consoler et de soutenir.

Je conclus cette chronique de livre fort décousue en dédiant cet article (tant pis s’ils s’en battent les steaks, c’est symbolique) à tous les soignants qui ont continué à exercer leur vocation avec des tenues de cosmonautes mais aussi les dentistes, les orthophonistes comme ma pote Marion… Ma dentiste m’a raconté que cette tenue complètement inconfortable, elle a dû la garder pendant un an…

J’aimerai tant que tu sois là, Jodi Picoult, Actes Sud, mai 2023, 400 pages, 23€

D’autres chroniques de romans à retrouver dans ce blog !

-Sauveur et fils, Marie-Aude Murail, L’école des loisirs : Thérapie de groupe

-Enquête policière en cours au Havre : Angie de Marie-Aude Murail

-Un dernier été et Un été à Nantucket : comment Paris-Match a façonné mon imaginaire littéraire.