BD & romans graphiques

Spoiler alert, j’ai vidé la boite de mouchoirs avec la lecture de ces trois BD : émotion garantie

J’y suis allée un peu fort avec le titre de cette article. Le rôle de ces BD n’est pas de faire pleurer dans les chaumières. Ca, ça s’appelle le pathos, et nous sommes nombreux à détester ça. Mais la lecture sert à réfléchir, mais aussi à émouvoir.

Le point commun entre ces trois BD c’est le lien social, l’amour triomphant par la transmission du devoir de mémoire, l’adoption d’un enfant… L’amour du prochain résiste face aux guerres contemporaines, la déportation massive de tous ceux qui ne convenaient pas aux nazis dans les années 1940…

J’ai trouvé ces trois BD de qualité à la médiathèque de Fontenay sous Bois, ma ville, et j’en profite pour saluer le travail de ces pros des métiers du livre pour ces choix pertinents.

Retour à Birkenau, par Ginette Kolinka, dessiné par Efa, Cesc et Sole, écrit par JD Morvan et Victor Matet, Albin Michel, 112 pages, 21€90

La couverture de cette BD est vraiment splendide, elle résume à la perfection les flash backs permanents qui émaillent ce récit de déportation. Il est difficilement soutenable mais avec la douceur et l’humanité de Ginette, 99 ans qui transmet son histoire à des collégiens, on reprends courage pour oser dire non à la sauvagerie et au tyrannisme.

J’ai une tendresse particulière pour cette petite dame dont il émane une force de caractère exemplaire sur les plateaux de télévision où elle vient parler de ses livres. La dernière émission en date : Les rencontres du papotin sur France 2 m’a émue aux larmes. D’ailleurs la bande dessinée se termine de la même manière. Avec une chanson de Téléphone, Un autre monde car son fils Richard est le batteur de ce groupe emblématique.

L’adoption, tome 1 : Wadji et tome 2 : Les repentirs, Zidrou et Monin, éditions Grand angle

Je n’ai pas encore décidé si je lirai les trois autres volumes de cette série sur différentes adoptions d’enfants du monde. Mais il est sûr que l’histoire de Wadji, petit yéménite de dix ans et de sa famille adoptive à Nantes m’a beaucoup parlé.

J’ai fermé le premier tome un peu révoltée par ma lecture face à ce gâchis relationnel, fait d’incompréhensions à cause de la guerre qui détruit tout sur son passage.

Une phrase de l’éditeur résume vraiment très bien l’histoire : quand on a connu le pire, il faut un peu de temps pour s’habituer au meilleur.

« Jusqu’à présent, sa mère s’appelait « Guerre » et son père « Exil ». Maintenant, ils ont pour nom « trahison » et « abandon » « . C’est ainsi que commence le tome 2 : Les repentirs. Je ne vais pas vous raconter l’intrigue mais j’ai été vraiment très touchée par l’amour que déploie cette famille adoptive pour un petit garçon qu’elle connait à peine et qui a du mal à s’attacher à eux.

Il y a toute une galerie de personnages qui vont s’entraider pour retrouver ce petit gosse fugueur qui ne sait pas qu’il est aimé. C’est une histoire qui valorise le courage qu’on va chercher au plus profond de soi pour les siens et j’ai pleuré bien évidemment !.

Je suis une grande fan des BD scénarisées par Zidrou notamment la série Les beaux étés avec cette famille belge qui descend dans le Sud de la France chaque été sur une décennie.

Je vous recommande les albums des maisons d’édition Dargaud et Grand angle. Pour moi, ce sont les meilleurs dans le domaine.

Retrouvez ici d’autres chroniques de BD du blog Le bal littéraire des sardines :

-Jamais , lutter contre l’érosion des souvenirs

Guernica, un plaidoyer contre la guerre en BD

Droits réservés La boite à bulles
BD & romans graphiques·Biographies et autobiographies

Missak et Mélinée Manouchian, reconnus par la Nation française pour leur résistance face à la haine.

Missak Manouchian est le résistant dont je connais le mieux l’histoire car je viens de Valence dans la Drôme, où vit depuis 1919 une importante communauté arménienne. J’ai étudié en cours d’histoire-géo en terminale, sa fameuse lettre d’adieu écrite à sa femme Mélinée avant d’être exécuté au mont Valérien avec son groupe de résistants, il y a quatre-vingt ans.

Je suis vraiment ravie de son entrée ainsi que celle de sa femme au Panthéon que je trouve très symbolique, c’est une vraie reconnaissance pour l’amitié franco-arménienne. Il se trouve que je vais pouvoir voir un petit bout de la cérémonie mercredi car je travaille juste à coté.

J’avais beaucoup aimé l’ambiance dans les rues pour l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker en novembre 2021. Les résistants ne sont pas oubliés par la Nation, même quatre-vingt ans après la fin de la seconde guerre mondiale.

J’ai découvert cette BD grâce au journal municipal de ma ville : Fontenay sous bois, une ville historiquement communiste. Je remercie beaucoup les éditions des Arènes pour l’envoi de cette BD en service de presse.

Missak Manouchian, une vie héroïque de Didier Daeninckx et Mako, éditions Les Arenes,120 pages, 22€

Ecrite par Didier Daeninckx et illustrée par Mako, cette BD a été coéditée par le ministère des armées, un éditeur de livres un peu atypique souvent présent au festival du livre de Paris.

Le graphisme de ce roman graphique est très réussi. Le dessinateur Mako est parvenu à saisir toute la gravité du personnage principal mais aussi la laideur de l’époque, défigurée par la haine et la délation à tout moment.

J’ai énormément apprécié la structure de cette bande dessinée avec le recours aux grandes affiches de cinéma de l’époque pour faire une pause visuelle dans le déroulé de l’histoire.

Beaucoup de BD et de livres ont été écrits sur le groupe Manouchian ces dernières années mais j’ai aimé que cette BD reflète la société avec cette propagande omniprésente dans les rues. L’affiche était alors une véritable arme de guerre dans les rues.

La visée de cette BD est bien entendu d’être un support pédagogique pour les publics scolaires et dans les musées.

L’équipe qui a conçu cette BD va faire une tournée des musées avec une série de conférences au musée de la Libération, place Denfert Rochereau à Paris ( le mercredi 13 mars) ou bien au centre du patrimoine arménien à Valence entre janvier et mars 2024.

En 2019, j’avais chroniqué une BD historique formidable: Guernica de Bruno et Corentin Loth, éditions La boite à bulles. Toute ma scolarité, j’ai beaucoup aimé les cours d’histoire-géographie. Ils m’ont permis de sauver les meubles sur bon nombre de bulletins scolaires car c’était ma passion.

Mais le vrai passionné de la seconde guerre mondiale, c’était mon frère Ugo qui a gagné de nombreuses fois un prix du concours national de la Résistance et de la déportation. Il a visité tous les sites majeurs : Ouradour sur Glane, un camp de concentration en Alsace, les plages du Débarquement…

Moi, je suis plus sensible aux romans graphiques, aux oeuvres de street art vues par tous et les plaques qui nomment les rues (le nom de ma rue est celui d’une grande résistante française) pour entretenir le devoir de mémoire. J’aime aussi énormément les pochoirs de C215 et son engagement pour les prisonniers, les résistants, l’Ukraine…

Retrouvez ici les précédents articles que j’ai écrit sur les biographies marquantes de la Seconde guerre mondiale.

Une vie heureuse de Ginette Kolinka, ne pas laisser la déportation noircir toute une vie.

Aux grands hommes et femmes, la Patrie reconnaissante

La fresque de street art à Belleville pour célébrer l’entrée au Panthéon des résistantes Germaine Tillion et Genevieve Anthonioz-De Gaulle.

BD & romans graphiques

Les films et les livres lus et vus pendant les vacances de Noël

J’ai beaucoup aimé mes congés de Noël cette année avec une escapade de trois jours à Marseille en famille et ensuite le reste de la semaine à Paris.

J’ai été bien inspirée de ne pas aller m’aventurer à Paris pendant les fêtes. Nous sommes restées avec ma fille dans ma bonne vieille ville de Fontenay sous Bois à aller au bowling, à la médiathèque…

J’ai pas mal blogué, dessiné dans mon bullet journal et profité de bonnes soirées devant notre vidéoprojecteur à rattraper ma pile à films.

Les films que j’ai vu pendant les vacances de Noël.

Chicken run, la menace nuggets, sortie sur Netflix le 15 décembre.

J’ai vu Chicken run en 2000 avec mon frère et mon père pour l’inauguration du multiplexe Pathé dans notre petite ville de Valence. Moi je ne suis pas trop Disney, ni Marvel, ni Pixar mais j’éprouve une tendresse particulière pour ce dessin animé en pâte à modeler. Il vient des studios anglais de Bristol, ceux qui ont vu éclore Wallace et Gromit ainsi que Shaun le mouton.

Il raconte comment une communauté de poules ont fomenté un plan pour échapper de leur poulailler aux allures de camp de concentration. En 2023, Ginger, Rocky et leurs amis reviennent sur Netflix avec une suite : La menace nuggets.

C’est toujours la même trame mais le scénario fonctionne toujours aussi bien. J’aime particulièrement cet univers de la débrouille avec des objets du quotidien réemployés avec brio pour réussir une fuite rocambolesque. J’ai fait une vraie boulette en montrant ce dessin animé à ma fille qui n’a pas encore cinq ans. La fermière Mme Tweedy est tellement effrayante qu’elle en a cauchemardé trois soirs d’affilé.

Droits réservés Netflix

Première année avec Vincent Lacoste et William Lebghil réalisé par Thomas Lilti en 2018

J’ai tardé à voir ce film car les premières années d’université ne sont pas un excellent souvenir pour moi. Je me suis davantage régalée une fois reçue en DUT métiers du livre.

Le thème du film était donc beaucoup plus agréable à suivre, quinze ans après les bancs de l’université pour moi. J’ai bien pensé à mes copines Marie, Mebru, Rebecca qui étaient avec moi au lycée et au foyer la Vigie quand elles me racontaient leur quotidien d’étudiantes en médecine.

Les deux personnages principaux jouent très bien (grande admiration pour Vincent Lacoste), c’était bien mieux que les Beaux gosses mais je sors mitigée de cette soirée cinéma pendant les vacances. A part que c’est une année de vie très difficile pour de très nombreux jeunes, je n’ai pas décelé de vrai message dans ce film.

Cependant, je suis admirative de mes cousins Léna, Robin et Marine qui ont réussi ce rite de passage terrible et en faire un métier si utile dans notre société.

Les trois mousquetaires : D’Artagnan, première partie avec François Civil, Pio Marmaï, Romain Duris, Vincent Cassel, Eva Green, Lyna Khoudri, réalisé par Martin Bourboulon

En juillet dernier, je suis allée voir avec mes collègues de travail une exposition formidable La haine des clans au musée de l’Armée. Elle raconte comment les rivalités politiques et religieuses entre protestants et catholiques ont mis la France à feu et à sang au 16eme siècle.

Cela m’a donné envie de voir l’adaptation cinéma du roman d’ Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires avec un casting des meilleurs acteurs français actuellement. Les trois mousquetaires a été adapté au cinéma une trentaine de fois. A quoi bon une adaptation de plus ? On connait l’histoire par coeur et pourtant on s’y replonge avec plaisir car c’est une histoire familière.

Avec mon frère, on adorait regarder un dessin animé Albert le 5eme mousquetaire sur France 3 qui m’a donné la passion de l’ Histoire de France. J’ai beaucoup aimé cette première partie D’Artagnan pour le suspens procuré par l’histoire, François Civil et Vincent Cassel tirent leur épingle du jeu.

On se passionne pour les ferrets de la reine et ce qu’ils vont devenir. Les scènes tournées dans la cour du Louvre ou au Val de Grâce sont époustouflantes. J’ai hâte de voir le second volet : Milady. Ce premier film a séduit plus de 3 millions de spectateurs dans les salles obscures.

C’était vraiment le bon film, familier pour convaincre les Français de retourner au cinéma après trois ans de pandémie.

Les livres que j’ai lu

Un destin sauvage, si sauvage d’Inga Vesper, éditions de la Martinière

Son précédent livre Un long, si long après-midi était agréable à lire sans être un chef d’oeuvre. Mais j’ai quand même voulu lire le second livre d’Inga Vesper. Il raconte deux trajectoires d’une grand-mère et sa petite-fille.

Cornélia est une jeune veuve de 40 ans qui tire un peu le diable par la queue pour élever sa fille unique tout en maintenant à flots un motel miteux dans un désert américain dans les années 1930, après la ruée vers l’or. Sa mystérieuse disparation va avoir des conséquences directes dans la vie de sa petite fille Glitter qui a installé dans ce motel une communauté hippie totalement rebelle à l’autorité.

J’ai choisi de parler de ce livre ici dans cette sélection non pas pour sa qualité littéraire que j’ai trouvé sommaire mais pour le thème qu’il porte. La relation conflictuelle entre ces jeunes hippies et leurs parents m’a beaucoup questionnée. C’est vraiment le choc des générations entre deux époques aux Etats-Unis.

Les parents nés dans les années 1930-1940 passent vraiment pour de vieux boomers et leurs enfants n’ont plus le moindre respect pour eux. Ils voient une dictature fasciste de partout, l’amour libre ne leur apporte pas seulement épanouissement et liberté : les filles sont terrorisées que la dope les aient conduit à des relations sexuelles débridées et à risque…

Cela m’a fait immédiatement pensé à une autre de mes lectures marquantes en 2022 : Toujours là pour toi de Kristen Hanna , adapté par Netflix. On tord le cou à l’image du gentil hippie pacifique avec les personnages de Cloud, Glitter , Automn…

Corniche Kennedy, Maylis de Kerangal, Gallimard

Je n’ai pas lu ce roman jusqu’au bout car le style littéraire était bien trop frénétique pour moi. Mais j’ai admiré la manière dont l’auteure sait raconter une jeunesse marseillaise avec sa fougue, ses rêves et son dynamisme.

Elle décrit une réalité sociologique qui perdure : la volonté de s’offrir des sensations fortes, goûter aux risques dans l’un des plus beaux endroits de France : La corniche Kennedy à Marseille.

J’espère qu’en 2024, je parviendrai à lire plus de romans car cela me détends bien dans les transports en commun. Voici le blog qui m’aide bien à choisir des histoires de qualité : My little pretty books. J’ai commencé de lire Le cactus, les piquants sans la fleur de Sarah Haywood.

Plus que de courir à droite à gauche faire des activités en ville, ce sont véritablement les films et les moments lecture qui ont nourris mes vacances.

Et vous quels sont vos pépites livres et films pendant ces congés de Noël ? Est ce que Lagaffe et Astérix étaient au pied du sapin familial cette année?.

Retrouvez ici les précédents articles du blog :

-Comment je me suis convertie à la consommation de seconde main.

Noël au pays des creches

-Commencer 2024 par un bilan de 2023

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BD & romans graphiques

Que valent les retours en librairies de Gaston Lagaffe et Astérix?

Cet automne, l’actualité littéraire est marquée par les sorties en librairie des albums de deux locomotives du 9eme art : Astérix (tiré à 5 millions d’exemplaires) et Gaston Lagaffe (800 000 exemplaires édités par Dupuis.

Derrière la bataille des chiffres de vente dont raffolent les journalistes, se cachent des générations de lecteurs comme moi qui ont découvert la passion de la lecture avec Gaston à 7 ans. Avec mon frère, on décalquait les dessins d’Obélix pour faire comme Uderzo…

La qualité du trait graphique : avantage Gaston.

Quand j’étais enfant, j’ai eu un vrai coup de coeur pour l’univers de Gaston Lagaffe : le petit chat tellement mignon, la mouette rieuse, Mademoiselle Jeanne l’amoureuse éperdue, la vieille voiture antique totalement foutraque, le gendarme fou Longtarin, son instrument de musique aux sonorités et aux vibrations insoutenables, ses inventions géniales…

Et surtout cette mise en abyme d’un bureau de dessinateurs de BD. Gaston et Spirou sont les meilleurs ambassadeurs de la BD belge dans le monde entier.

Je pense sincèrement que c’est la lecture de Gaston Lagaffe qui m’ a donné envie de travailler dans une maison d’édition.

André Franquin était réputé pour son sens du rythme pour que les gags qu’il dessinait aient une forme de dynamisme inégalée, sa ligne claire était reconnue dans le milieu de la BD. Cela donna à son successeur québécois Delaf une sacrée pression : quatre ans de travail pour quarante-quatre pages de gags.

Le retour de Lagaffe est donc une réussite : Delaf n’a pas commis d’impair mais cela reste quand même une succession de gags en entreprise tel une compilation d’anciens albums.

Cependant, j’ai bien aimé la chute de l’album avec ce personnage du dessinateur raté qui tire son épingle du jeu…

L’originalité du scenario : avantage Astérix avec ce nouveau album L’iris blanc.

Enfant, je lisais comme tout le monde Astérix mais sans réel attachement aux personnages comme celui que j’avais pour Le petit Spirou, Les Tuniques bleues, Gaston Lagaffe, Natacha, Benoit Brisefer…

J’ai redécouvert le plaisir de lire Astérix il y a quelques années avec les albums de Jean-Yves Ferri et Fab Caro. Pourtant les premières pages de l’Iris blanc. Je trouve sa palette chromatique un peu moche, le César de Vincent Cassel au cinéma avait un port beaucoup plus altier.

Mais la qualité du scénario de l’Iris blanc m’a bluffée. On retrouve totalement le regard critique de Goscinny et Uderzo sur la société de leur temps et les travers de leurs contemporains. Ce nouveau album s’amuse de la parole bienveillante totalement galvaudée au détriment de l’esprit critique et de l’authenticité.

Cet album promet bien des rires mais il apporte une vraie réflexion de fond sur la bienveillance à tout prix. C’est une très bonne étude des relations humaines. Astérix est la BD marquante de mon année 2023 !.

En écrivant cet article, j’ai voulu faire des recherches un peu plus poussées sur ces deux phénomènes éditoriaux que sont Astérix et Gaston Lagaffe. Crées respectivement à la fin des années 1950, Gaston Lagaffe et Astérix cumulent des chiffres de ventes tout à fait démentiels.

La BD est une industrie du livre aussi dynamique que la littérature. Il a été vendu entre 1957 et 1996, date de la mort de Franquin, plus de 32 millions d’exemplaires des 21 albums de Gaston Lagaffe, traduits en 27 langues.

Astérix est la bande dessinée la plus vendue au monde puisque son 40eme volume L’iris blanc, va lui permettre de franchir bientôt la barre des 400 millions d’exemplaires vendus. Cocorico, Astérix vend mieux que le voisin belge Tintin et ses 220 millions d’albums.

Commercialement parlant, c’est donc une très bonne idée de lancer un nouvel album de Gaston Lagaffe en même temps qu’un nouvel Astérix, cela permet des ventes additionnelles !

Les derniers albums de Gaston Lagaffe et Astérix, symboles de la BD francophone vont rejoindre l’Australie pour garnir le sapin de Noël de mon frère et sa famille, installés à Melbourne. Ce sont des souvenirs d’enfance inégalables.

D’autres articles qui célèbrent le 9eme art dans ce blog :

-On a testé l’exposition Tintin, une aventure immersive à l’Atelier des lumières.

Asterix fête ses soixante ans

Adaptations littéraires au cinéma·BD & romans graphiques

Je suis allée voir Astérix et Obélix, l’empire du milieu de mon plein gré… et c’était un bon moment de détente bon enfant !

Je pense que si on écoutait les critiques de cinéma, on passerait à côté de bon nombre de comédies françaises ! J’y suis allée le premier samedi des vacances de février donc hier, avec mon mari, au cinéma Le Vincennes. C’était la séance des familles avec des enfants de sept- huit ans et ils avaient l’air de passer un bon moment.

La bande de Guillaume Canet : Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Jérôme Commandeur avoisine désormais la cinquantaine. Ils sont devenus parents comme moi. Après Les petits mouchoirs et Les infidèles, ils varient désormais leur registre avec ce film très grand public. Avec Astérix, on retourne tous en enfance.

Alors certes, le scénario connait de nombreuses lacunes car ce n’est pas une adaptation d’un album de BD des aventures d’Astérix et Obélix. Mais la magie opère quand même. Astérix est une œuvre patrimoniale depuis soixante ans.

Chacun a lu les albums de BD en vacances au fond du grenier quand il était petit. Comme cette BD a été traduite dans des milliers de langues, elle a aussi séduit d’autres enfants du monde entier comme Zlatan ou mon mari.

J’ai trouvé des exemplaires d’Astérix en bulgare dans une brocante à Sozopol, Bulgarie cet été. C’était marrant car Sozopol c’est vraiment une ancienne cité antique. La boucle était bouclée !

Ce film réussit son pari : celui de nous faire vivre un bon moment de détente au cinéma. Chacun imagine le village gaulois comme il le veut. Moi j’étais curieuse de voir la poissonnière, la femme d’Ordralphabetix : Ielosubmarine jouée par un visage très connu du cinéma français. C’est la boulangère parisienne d’Emily in Paris.

C’est un film choral qui réunit bon nombre de célébrités de l’humour, du sport, de la chanson : Big Flo et Oli, M, Angèle, Florent Manaudou, Zlatan… Je ne comprends pas pourquoi les critiques du film critiquent cela alors que c’est l’essence du film.

Tous ces personnages secondaires avec des noms marrants enrichissent le jeu comique. Les deux petits généraux chinois Dancing queen et Riqi qi sont les deux méchants de l’aventure. César joué par Vincent Cassel est parfait !

Les deux actrices asiatiques qui jouent la princesse chinoise et sa garde du corps sont très élégantes dans leur jeu, leurs gestes de kung fu. Leur noblesse tranche avec ces deux vieux garçons gaulois bien lourdeaux flanqués de Graindemaïs, marchand phénicien aussi veule que bête.

Même si Uderzo et Goscinny n’ont pas envoyé leurs héros de papier en Chine, c’était une bonne idée d’inventer une histoire d’Astérix dans l’empire du Milieu.

La bataille finale en costumes, avec les chevaux et l’impératrice qui débarque avec toute son armée (comme dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre). Tout fonctionne pour nous plonger dans l’époque antique.

Il y a vingt ans sortait au cinéma Astérix et Obélix, mission Cléopâtre. J’avais quinze ans. Tous les ados de Valence étaient dans la salle 12 du Pathé flambant neuf de la ville. L’humour Canal+ associé à l’Egypte fonctionnait à fond avec les ados.

En 2023, Guillaume Canet touche les enfants avec un conte qui se déroule dans l’empire du Milieu. C’est la magie intemporelle d’Astérix depuis plus de soixante ans !

Retrouvez ici mes précédents articles consacrés à Astérix mais aussi Tintin, mes deux titres BD favoris depuis trente-cinq ans !

On a testé en famille l’exposition Tintin, une aventure immersive à L’atelier des lumières

-Astérix fête ses soixante ans !

René Goscinny, génie français de la BD occidentale !

BD & romans graphiques

Tant pis pour l’amour, une BD pour mettre un gros scud à la manipulation dans nos relations

J’ai découvert Sophie Lambda sur Instagram lors de la parution de son roman graphique Le monde au balcon, journal du confinement 2020, publié par Albin Michel. Je l’ai d’ailleurs chroniqué ici.

Ce n’est pas son premier album de BD. Elle avait signé en 2019, un best-seller Tant pis pour l’amour qui a était traduit en de nombreuses langues. Même si je trouve le titre un peu trop cynique à mon goût, je ne peux que louer l’efficacité du visuel associé au sous-titre du livre « Ou comment j’ai survécu à un manipulateur ».

Le terme de survie est loin d’être galvaudé car cet énorme roman graphique raconte une véritable descente aux enfers qui heureusement, s’est bien terminée grâce à une psychothérapie.

Je lis pas mal de romans graphiques et celui-ci sort du lot assurément. A travers ce témoignage autobiographique, il décortique le travail de sape de la manipulation, comment le piège de l’emprise se referme sur elle et détruit toute miette d’estime de soi malgré les avertissements de son ours en peluche Chocolat. Le livret avec des ressources d’aide est une véritable bouée de secours, un matériau utile pour les nombreux centres d’aide psychologiques.

J’en profite d’ailleurs pour déplorer que le dispositif d’aide psychologique offert aux étudiants ne soit plus gratuit en 2023. C’est vraiment dommageable.

Les relations toxiques, on en parle de partout dans les médias mais sait-on vraiment bien les discerner?

Sophie Lambda se sert des codes graphiques de la BD pour mettre en scène un pétage de plombs dans les hautes sphères avec des couleurs criardes, des bulles de BD qui grossissent quand le ton monte, des métaphores imagées pour aider à réaliser cette chute libre, dangereuse et vertigineuse. Pas bien cadrés, l’amour et la passion peuvent avoir un goût amer, toxique.

Après il faut aussi avoir un esprit critique sur la société qui nous entoure. Elle crée des situations de manipulations, d’emprise par les valeurs qu’elle véhicule : être le meilleur, prendre l’ascendant sur les autres, avoir une relation affective sans engagement (impossible selon moi). Je vous recommande également un petit livre passionnant : Le décodeur des violences psychologiques d’Ariane Calvo, éditions First.

J’aime beaucoup ce livre accessible à tous qui analyse les situations d’emprise au lieu de cataloguer les personnalités : les pervers narcissiques, les passifs agressifs…

Droits réservés éditions Delcourt

Tant pis pour l’amour n’est pas une BD où l’on se marre, c’est une BD utile, une bouée de secours pour réaliser que cela n’arrive pas qu’aux autres. Même une personnalité avec un fort caractère, affirmée peut être victime d’un manipulateur. Nous avons tous nos failles, nos vulnérabilités.

Sophie a fait quelques émissions de télévision très bien conçues comme Ca commence aujourd’hui avec Faustine Bollaert et Je t’aime etc de Daphné Bürki.

Je vous invite à regarder le compte Instagram de Sophie Lambda car cette mauvaise expérience ne conditionne pas toute sa vie. J’aime beaucoup ses projets illustratifs comme son challenge d’octobre autour de Friends ou encore le coeur maison qu’elle a dessiné.

Enfin, j’ai acheté cette BD en seconde main à la librairie Gibert Joseph, boulevard Saint Michel à Paris. Elle avait juste un coin un peu cabossé, ce qui m’a permis de faire une économie de 5€ sur le livre neuf. Je pense offrir cette BD à une boite à livres ou à un centre d’écoute psychologique car je pense que c’est un livre à transmettre.

Retrouvez-ici mes meilleures chroniques BD, car en janvier place au festival international de la BD à Angoulême !

Guernica, ou le devoir de mémoire grâce à la BD

-Rendez-vous dans la forêt, une série de romans graphiques qui entretient la foi et l’amitié avec Dieu

-Janvier rime avec BD

BD & romans graphiques

Les relations familiales sous forme de bulles… de BD

Cela faisait un bon moment que je peinais à trouver une BD qui allait m’inspirer pour le blog. Il y a bien eu Adoleschiante de Marie Donzelli et Mademoiselle Caroline (je lis toutes les BD de Mademoiselle Caroline). Mais pas assez de matière pour écrire un article de blog fleuve.

J’ai eu un vrai de coup de cœur pour Le plongeon de Séverine Vidal et Victor L. Pinel, éditions Grand angle. Autant, j’ai trouvé la couverture un peu glauque mais puissante, autant j’ai trouvé l’album lumineux et vivant.

Les éditeurs de Bamboo ont trouvé une excellente punchline (je déteste les punchlines dans la vraie vie) : « Un EHPAD, des fesses, de l’amour et des rides« . J’aurai rajouté des rires aussi car dans cette maison de retraite, Yvonne, 81 ans va trouver une bande d’amis qui n’a pas perdu son sens de l’humour.

Pourquoi j’ai vraiment aimé ce roman graphique de qualité ?

Au lieu de m’égarer dans un résumé terne et partiel, j’ai voulu aller droit au but. Ce roman graphique m’a énormément plu car il raconte la perte d’indépendance d’une femme qui a du caractère et comment elle va s’adapter à sa nouvelle vie sans ruer dans les brancards.

Car elle a réalisé qu’elle a besoin de l’aide des autres dorénavant car sa mémoire lui glisse des mains. Cet album montre la vulnérabilité de chacun quand on doit s’adapter à la vie en collectivité alors qu’on ne va plus travailler.

Ce n’est pas simple quand on habite peinard tranquille chez soi à son propre rythme depuis dix ans et qu’il va falloir se fader les ateliers poterie, le couvre-lit rêche de la chambre médicalisée et surtout les repas au réfectoires qui ne sont pas toujours gastronomiques.

Ce départ à la maison de retraite m’a vraiment rappelé l’histoire de ma grand-mère Annette qui a vécu quelques mois dans une maison de retraite à Rouen en 2011. L’endroit n’était pas particulièrement inhospitalier, je n’ai pas été témoin de scènes choquantes avec des résidents mais il y avait une odeur persistante dans les couloirs dont je me rappelle plus de dix ans plus tard.

Cela sentait comme dans les hôpitaux et pas l’odeur d’un bon gâteau dans une maison chaleureuse. Inutile de dire que j’étais bien contente de quitter l’endroit rapidos.

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique car il montre comment on infantilise les personnes âgées car on n’a pas le choix quand ils perdent leur indépendance et leur autonomie. La confrontation entre Yvonne et la directrice de la maison de retraite qui n’est pas une mauvaise femme, est savoureuse.

Je vous invite à lire cette magnifique BD pour son état d’esprit agréable à lire, cet album célèbre la vie tout simplement avec des couleurs chaudes et vivantes.

Dans un tout autre genre, il y a un essai très polémique : Les fossoyeurs de Victor Castanet, édité par Fayard qui est utile pour dénoncer les maltraitances envers nos anciens. Je ne l’ai pas lu mais j’ai vu un extrait de Cash investigation où Elise Lucet interviewait un directeur d’un grand groupe de maisons de retraite. Malgré des listings éloquents, il s’est défendu d’affamer des personnes âgées d’une manière vraiment hideuse. Je recommande à ce monsieur de lire cette BD Le plongeon.

Cette BD montre en dessin la qualité des relations humaines qui nous permettent de ne pas couler face à la maladie, la dépression, la solitude… Avec cette BD, j’ai réalisé que le départ en maison de retraite est sans doute le rite de passage le plus difficile de toute une vie et que c’est vraiment un sujet tabou. Alors qu’on en fait des caisses pour les enterrements de vie de jeune fille et les baby shower…

Dans le même genre et avec les mêmes auteurs et dessinateurs, j’ai lu La maison de la plage, éditée par Marabout.

Cette histoire familiale m’a beaucoup touchée. Elle raconte comment une famille se retrouve un été autour de la nièce devenue veuve, avant même de devenir maman. Le tonton un peu en marge de la famille vient un peu casser l’ambiance en voulant vendre sa part de la maison.

Heureusement, les autres frères et belles-sœurs sont intelligents car ils ne se fâchent pas à mort avec lui et arrivent même à préserver l’harmonie familiale. C’est beau à l’heure où l’on brade ses souvenirs au grenier sur l’autel d’AirBNB….

Retrouvez ici mes meilleurs chroniques de romans graphiques !

Le monde au balcon, le journal de confinement de Sophie Lambda

Alain Auderset sur le chemin de l’autobiographie : Rendez-vous dans la forêt

-Le roman graphique au service de l’autobiographie : le combo gagnant !

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Le roman graphique au service de l’autobiographie : le combo gagnant !

Samedi dernier , je suis allée à la librairie Le genre urbain à Belleville après mon atelier Dessiner la Bible. J’ai craqué pour deux chouettes romans graphiques assez médiatiques : Papa Situations de Karim Mahfouf, éditions Dupuis et Les strates de Pénélope Bagieu, éditions Gallimard.

Les deux albums étaient bons car authentiques : miser sur l’autobiographie, c’est toujours gagnant selon moi. Mais j’ai bien mieux accroché avec les histoires de Papa situations, finalement !

Papa situations, Karim Mahfouf, Dupuis, 15€

J’ai eu un vrai a-priori au départ : voila le produit dérivé de la chaîne Youtube de Léna Situations, Léna et son père Karim nous prennent pour des pigeons. Mais j’avais lu une longue interview de Lena dans Elle, puis je les ai vu dans l’émission Clique de Mouloud Achour sur Canal+. Je les ai trouvé touchants dans la fameuse rubrique Dos à dos de Catherine Ceylac et j’ai beaucoup aimé cette BD.

Tous les membres de la famille de Léna qu’elle met en scène dans ses vlogs sont sympas car ils sont authentiques : son frère Neyl, son père Karim, son chéri Seb la Frite avec qui elle a escaladé le Kilimandjaro récemment, ses copains Solène, Marcus et Maya… Je me régale à regarder leurs aventures le dimanche soir et ils ne m’ennuient jamais.

Je pense que c’est la recette pour durer dans cette vaste jungle qu’est Youtube : être vrai. Youtube, c’est d’ailleurs le thème de cette BD amusante et attendrissante. Ce sont les dessins de l’auteur, ce n’est pas du tout mon style graphique d’habitude mais comme je connais la chaîne Léna Situations, je me suis régalée à la lire.

Ses dessins respirent l’amour et la fierté d’un père pour ses enfants, pas seulement pour sa fille célèbre. Il mise sur le fossé générationnel creusé par les nouvelles technologies entre les enfants et leurs parents. C’est très malin car c’est ce décalage qui me plait quand je suis leurs aventures familiales.

La manière dont il aide sa fille à bricoler ou qu’il participe avec bonne humeur à ses projets de vidéos est très touchant. Karim apporte même une sacrée valeur ajoutée aux vidéos de sa fille regardées en majorité par des millenials. C’est d’ailleurs, ce qui fait la réussite de cet album : la transmission générationnelle.

Droits réservés Karim Mahfouf

Car avant d’être le père de Léna Situations, Karim Mahfouf est un marionnettiste talentueux de la compagnie des Trois chardons . Mais aussi un ancien dessinateur de presse qui a fui son pays, l’Algérie dans les années 1990. Le confinement de mars 2020 a mis en lumière ses talents pour croquer une société qui a considérablement changé depuis cette pandémie. Le changement de regard sur le travail des caissières est une très bonne chose.

J’ai eu un vrai coup de coeur pour cette BD même si je ne suis pas fan du dessin et qu’elle copie un peu trop les codes de la chaîne Youtube de sa fille Léna. Karim Mahfouf est un artiste intéressant et un papa intelligent qui sait valoriser ses enfants et se mettre à leur portée en ne méprisant pas leur univers. C’est une chronique bien difficile à faire alors je vous encourage à lire le livre !.

Ce qui est comique, c’est qu’à mon bureau, nous avons bien une dizaine d’années d’écart et nous venons de milieux différents mais Léna Situations fait l’unanimité à table au déjeuner le midi.

Dans un autre genre mais toujours aussi autobiographique et médiatisé, Les strates de Pénélope Bagieu, éditions Gallimard.

Toutes les blogueuses que je suis sur Instagram ont lu ce roman graphique dessiné en noir et blanc. Penelope Bagieu est sans doute la dessinatrice de BD la plus influente sur les réseaux sociaux français actuellement.

Je suis épatée par l’ampleur de sa production : une BD par an depuis bientôt quinze ans. Je n’ai pas tout lu ni tout aimé mais je porte attention à ce qu’elle publie car elle a un vrai talent pour l’autobiographie.

Côté fabrication, ce livre en simili cuir façon carnet Moleskine vaut largement son prix : 22€. C’est un très bon choix éditorial car c’est un véritable journal intime d’une enfant des années 1980.

Droits réservés Pénélope Bagieu

Il réunit une douzaine d’anecdotes de la vie de Pénélope enfant ou adolescente sans ordre chronologique précis : les strates de souvenirs. La presse a surtout relevé qu’elle raconte dans une des planches des agressions sexuelles qu’elle a pu vivre lors de ses premiers émois sexuels.

Ce n’est pas joyeux joyeux comme album mais c’est à l’image de ce que vivent les jeunes filles modernes dans une société contemporaine où les repères moraux sont considérés comme rabat-joies et ringardes. Dans une société post soixante-huitarde, pas facile de verbaliser le consentement et de dompter ses pulsions dans des relations intimes désincarnées et déshumanisées.

Je ne regrette pas d’avoir lu Les strates, la réflexion et l’introspection étaient intéressantes. Mais je préfère de loin, Ma vie est tout à fait fascinante ou encore la série Joséphine adaptée au cinéma par Marilou Berry. Avec ses deux films, j’ai passé deux très bons moments de cinéma. Et, j’ai bien envie d’aller acheter rapidos le coffret des Culottées pour ma bibliothèque.

© Simoné Eusebio

Pour finir, Pénélope Bagieu a marqué mon mois de décembre puisque j’ai acheté avec empressement le calendrier de l’Avent A la mère de famille et je me suis régalée ! L’immeuble haussmannien avec ses sucreries variées et originales a bien égayé mon mois de décembre éprouvant.

Retrouvez ici mes meilleurs articles qui chroniquent des romans graphiques :

Le monde au balcon, quand Sophie Lambda raconte le grand confinement de 2020

Janvier rime avec BD : La BD au féminin

BD & romans graphiques

Se régaler avec un bon roman graphique : Les deux pieds en Afrique.

Depuis cet été, j’ai changé de travail (et de quartier de travail aussi).

Je ne suis plus libraire mais j’occupe un emploi plus administratif mais toujours commercial dans le domaine du livre. Au sein des éditions Biblio, je me charge d’assurer la bonne distribution de nos nouveautés et du fonds en France et à l’étranger.

Ainsi, je suis allée visiter début septembre les entrepôts MDS à Dourdan, distributeur du livre majeur en France et en Belgique. Ce sont eux qui distribuent les éditeurs historiques de BD comme Dupuis… J’en profite ici pour vous dire que cette entreprise cherche quarante caristes pour surcroit d’activité. Depuis les confinements, les gens lisent et achètent plus de livres et je m’en réjouis !

Ce mois-ci, j’ai eu un coup de cœur pour l’une de nos nouveautés. Cela s’appelle Les deux pieds en Afrique écrit par Maya et Manior, deux missionnaires chrétiens au service du Défap au Cameroun pendant un an.

Il s’agit d’un roman graphique totalement polymorphe. Il mêle autobiographie, bande dessiné et reportage photographique d’une expérience personnelle vécue en couple.

Le narrateur est Manior, un « blanc » d’une trentaine d’années, sans enfants à l’époque. Il a passé une année de volontariat pour le Défap afin d’aider des églises au Cameroun dans leur stratégie de communication, comme c’est son métier.

Dessins de Manior- Les deux pieds en Afrique, éditions Scriptura

Ce journal de bord en 365 jours se déroule pendant l’année 2014/2015 durant le mandat de François Hollande, qui vient en visite officielle à Yaoundé pendant son année de volontariat. Manior parle avec beaucoup d’humour des pincettes que l’on doit prendre quand on vit dans une république bananière en Afrique.

Les allusions au président Paul Biya sont assez comiques. On ressent alors le décalage avec la France où l’on ne se prive pas de critiquer sans crainte les personnalités politiques du pays.

Les deux pieds en Afrique n’est pas une BD particulièrement engagée politiquement, elle raconte le quotidien d’un missionnaire blanc du 21eme siècle. Il ne fait pas des campagnes d’évangélisation dans les villages reculés à tour de bras, il aide les églises à communiquer sur Internet.

Un roman graphique c’est quoi?

Un roman graphique, c’est une bande dessinée plus longue et ambitieuse qu’un album BD standard de 46 pages. La plupart du temps, le roman graphique s’adresse plus à un lectorat adulte.

J’ai bien envie dans un prochain article de vous dresser la liste de mes romans graphiques favoris. Il faut dire que je me régale vraiment à les lire car ils allient littérature et dessin sur trois cents pages. Sachez que la BD est en train de supplanter la littérature dans les genres de lecture les plus lus.

Le retour à la terre de Larcenet et Ferri, une référence assumée par l’auteur

Très rapidement, la comparaison avec ma série fétiche Le retour à la terre m’a vite sautée aux yeux. Ce n’est pas un roman graphique mais bien un album de BD traditionnel. Il raconte autobiographiquement le quotidien néorural de l’auteur et de sa femme avec l’arrivée de leur premier enfant.

La dame africaine du marché de Yaoundé ou Mme Mortemont aux Ravenelles manquent toutes les deux de filtre dans leurs conversations, que ce soit en Afrique ou dans les campagnes françaises, l’étranger suscite toujours incompréhensions et situations cocasses qui donnent toujours matière à une BD de qualité.

Même sans être tenté par une expérience humanitaire en Afrique (c’est mon cas), ce roman graphique apporte un très bon moment de lecture. J’ai appris de nombreuses choses sur les réalités en Afrique qui m’ont donné matière à réflexion : les difficultés de connexion à Internet, l’eau potable qui est toujours une denrée rare pour eux ou encore l’état des routes très dangereuses…

Cette lecture m’a bien aidée à relativiser quand je râle après le RER B le matin…

Je vous recommande donc ce roman graphique passionnant qui comprend aussi une partie documentaire avec un très beau travail d’édition pour mettre en valeur cette aventure humaine unique dans une vie.

Retrouvez ici mes articles qui chroniquent des romans graphiques :

Le monde au balcon, garder mémoire du confinement 2020 dans sa bibliothèque

-La série Rendez vous dans la forêt d‘Alain Auderset pour entretenir une relation privilégiée avec Dieu

-Le retour aux Ravenelles : ma passion pour Le retour à la terre de Larcenet et Ferry.

BD & romans graphiques

Auderset sur le chemin de l’autobiographie

Depuis trois mois, je trépigne d’impatience de lire le nouveau volume de la série Rendez-vous dans la forêt, roman graphique du dessinateur de BD suisse Alain Auderset.

Il faut dire que les extraits du livre qu’il distille sur son blog et son compte Instagram sont particulièrement passionnants…

J’aime suivre son compte Instagram avec ses superbes forêts suisses en automne. C’est le talent d’Alain Auderset : observer la nature et en tirer des enseignements, un peu (beaucoup) dans l’esprit de Jésus qui se servait des paraboles dans le Nouveau testament.

Pour ce 4eme volume d’une série à succès (le premier volume de Rendez-vous dans la forêt s’est vendu à plus de 13 000 exemplaires), Alain Auderset a décidé de revenir aux origines avec son témoignage personnel  riche et sincère.

J’aime les autobiographies (notamment celle de David Gréa, dans un genre plus littéraire),  les romans graphiques et surtout j’aime le dessin très moderne d’Alain Auderset.

Rendez-vous dans la forêt- Origine, Alain Auderset, Atelier Auderset, 360 pages, Novembre 2020. En vente à la librairie 7ici : 20€.

Il révolutionne le genre de la bande dessinée chrétienne avec son trait très contemporain qui tranche avec les productions plus classiques et plus datées.

Ses romans graphiques sont des bijoux de fabrication, avec la petite attention unique : la feuille de sa forêt offerte à chaque livre…

Ce nouveau volume est plus épais que les autres, il contient plus de 360 anecdotes de sa vie depuis sa naissance. Alain Auderset a rencontré Jésus à l’âge de quinze ans alors qu’il était un petit garçon brutalisé par ses camarades d’école.

Il a raconté quelques uns de ses souvenirs dans les précédents tomes de Rendez-vous dans la forêt mais cette fois-ci place totale au témoignage personnel et à l’introspection.

J’aime cette série de romans graphiques pour son ton authentique qui raconte des rencontres humaines extraordinaires entre Alain et les visiteurs de son atelier, grâce à Jésus, leur ami commun. Le terme de communauté n’est pas un vain mot chez les Auderset à Saint-Imier.

Il a une grande communauté virtuelle dans toute la francophonie à travers ses live Youtube et ses posts.

Mais son inspiration lui vient aussi de toute la vie qui se déroule dans son atelier : la main à la pâte de ses enfants, les bénévoles qui viennent apporter leur aide spontanément, les artistes qui se forment chez Auderset et redécouvrent une foi vivante et vraie en allant se balader dans la forêt… Un vrai ministère… !

Ce nouveau volume a été écrit pendant le confinement. Un travail important de lectures et de corrections pour réaliser un livre unique qui retrace au plus juste une rencontre personnelle avec Dieu.

Alain Auderset prend souvent la posture du rigolo mais c’est un incroyable bosseur qui use son poignet à reprendre inlassablement ses illustrations jusqu’à douze heures par jour parfois. Il dessine vraiment très bien et avec l’inspiration de l’Esprit.

Ce livre, je vais l’offrir à mes proches comme compagnon de confinement !

Retrouvez ici mes précédentes chroniques des précédents tomes de RDVF :

– La chronique du volume 2

– La chronique du volume 3