DIY

Cet hiver, j’ai testé le challenge Februllage et ce n’était pas de la tarte même si c’était inspirant

En février dernier, j’ai eu une grippe carabinée qui m’a beaucoup démoralisée. J’ai passé neuf nuits atroces à dormir par tranches de trente minutes…

Heureusement pour me changer les idées, je me suis lancée dans le challenge collages Februllage, découvert sur Instagram grâce au compte de @Julie adore.

Il se trouve que par hasard, la médiathèque de ma ville a encouragé ce challenge avec un mini bureau mis à disposition avec des visuels très bien choisis !

Ils ont trouvé des personnages issus de tableaux peints, de sculptures que l’on pouvait associer avec des animaux, des plantes, des cartes géographiques, des motifs, des couleurs et des polices de texte… Le maître mot du Februllage est l’éclectisme.

Ce challenge a été crée pour les réseaux sociaux par Scandinavian Collage Museum et Edinburgh Collage Collective. Il y a une liste officielle, un mot pour chaque jour.

J’ai bien aimé tenté l’expérience mais cela demande une sacrée organisation. Et au lieu de me détendre ça m’a plutôt mis la pression quand j’étais face à ma page blanche. Cependant, cela m’a aussi encouragée à faire plus souvent des collages car j’aime énormément ça !

J’ai trouvé cette petite pépite chez Gibert : Découpez ce livre et créez votre propre monde merveilleux, édité par Hachette (17.90€). Il est très inspirant mais je ne sais pas encore comment l’utiliser au mieux. Cela fait un moment que je cherchais une telle ressource pour découper des visuels aussi variés que des architectures, des personnages de cirque, des paysages oniriques…

Retrouvez ici mes précédents articles consacrés aux collages, ma passion depuis l’adolescence.

-Exceller dans l’art du collage comme Braque et Picasso grâce au livre de Julie adore

-Transformer nos moments de vie en collages inspirés

Non classé

Boléro, un ballet à la fois érotique et mécanique raconté au cinéma

Au départ, j’avais peu envie d’aller voir ce film car j’ai toujours un peu peur des biopics un peu longuets. Mais une interview de Raphaël Personnaz dans l’émission C’est à vous sur France 5 m’a fait changé d’avis.

J’aime beaucoup cet acteur dans ses précédents films : Quai d’Orsay, Au bonheur des ogres… Les autres acteurs du film sont aussi talentueux : Vincent Perez, Doria Tillier, Emmanuelle Devos… Mention spéciale à Jeanne Balibar qui joue Ida Rubinstein

Alors, j’ai parcouru le dossier pédagogique du film et je me suis documentée sur ce fameux boléro de dix-sept minutes qui est la musique classique la plus écoutée au monde. Cocorico ! C’est un Français du pays basque, Maurice Ravel qui l’a composée .

Le résumé :

En 1928, alors que Paris vit au rythme des années folles, la danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Tétanisé et en panne d’inspiration, le compositeur feuillette les pages de sa vie – les échecs de ses débuts, la fracture de la Grande Guerre, l’amour impossible qu’il éprouve pour sa muse Misia Sert… Ravel va alors plonger au plus profond de lui-même pour créer son oeuvre universelle, le Bolero.

Ce film historique est donc un biopic (une biographie filmée) d’un des plus grands compositeurs du 20eme siècle. J’ai beaucoup aimé le générique qui retrace toute la postérité de ce boléro avec des reprises en japonais, en bossa nova, aux Antilles… Avant d’aller voir le film, il y avait même une publicité à la télé pour du taboulé qui utilisait le boléro en fond sonore.

La réalisatrice a même noté quelques lignes dans son film pour expliquer aux spectateurs, qu’on entend le boléro de Ravel quelque part dans le monde toutes les quinze minutes.

Ce boléro, je l’écoute en boucle depuis deux semaines pour comprendre en quoi il est aussi envoutant. Il m’a même donné goût à la musique classique alors que ce n’était pas gagné.

Sans surprise, j’ai trouvé le film un peu longuet. Il est beaucoup axé sur la psychologie de Maurice Ravel, un fils à maman, très complexé par l’art de la séduction. Mais l’intérêt de ce film réside dans la conception d’une oeuvre aussi géniale que le boléro.

Les scènes les plus mordantes sont celles où Maurice Ravel se confronte à sa commanditaire. Le rapport de force pendant leurs disputes est sacrément moderne pour l’époque.

Jeanne Balibar tire sans conteste son épingle du jeu avec ce rôle tellement savoureux. Elle lui secoue le cocotier avec provocation et douce folie et puis ensuite elle prend le pouvoir en le mettant au pied du mur.

Pendant les années folles, les femmes deviennent de plus en plus puissantes à l’image de Misia Sert, la muse de Maurice dans le film. Son mari est un sacré lourdaud qui la trompe sans souci et en toute transparence.

Mais elle est surtout connue pour son rôle de mécène pour les Impressionnistes et les ballets russes. Une exposition du musée d’Orsay organisée en 2012 lui rendait hommage.


Droits réservés PASCAL CHANTIER / CINEFRANCE STUDIOS

Il s’est servi de sa propre histoire pour créer une oeuvre universelle avec cette caisse claire qui le soutient de bout en bout. Il se sert du rythme des machines d’une usine, des cris des oiseaux, du bruit de la pluie sur les tuiles…

Ce film m’a donné envie d’aller visiter sa maison d’artiste à Montfort l’Amaury dans les Yvelines. Sans particulièrement se concerter, ma collègue Laurène m’a envoyé des photos de sa maison natale à Ciboire dans le pays basque et surtout du baptistère où il a été baptisé…

Ce film n’est pas mon biopic préféré. Je l’ai trouvé bien moins rythmé que La môme d’Olivier Dahan sur la vie d’Edith Piaf ou Cloclo qui raconte Claude François. Mais c’est tout de même un film réussi qui montre la génèse d’un tube planétaire car il touche les gens par des émotions universelles.

Je parie que le film va inciter de nombreux curieux comme moi à visiter ses deux maisons à Montfort l’Amaury et à Ciboire.

Et vous sinon, quelles émotions vous procure ce fameux boléro si envoutant, ce tube planétaire depuis bientôt un siècle?

Retrouvez ici d’autres biographies du siècle passé sur le blog Le bal littéraire des sardines

-Helena Rubinstein, faire fortune en misant sur la beauté des femmes

Joséphine Baker et Vivian Maier, deux Américaines en tête d’affiche dans le quartier Panthéon/ Luxembourg

BD & romans graphiques

Spoiler alert, j’ai vidé la boite de mouchoirs avec la lecture de ces trois BD : émotion garantie

J’y suis allée un peu fort avec le titre de cette article. Le rôle de ces BD n’est pas de faire pleurer dans les chaumières. Ca, ça s’appelle le pathos, et nous sommes nombreux à détester ça. Mais la lecture sert à réfléchir, mais aussi à émouvoir.

Le point commun entre ces trois BD c’est le lien social, l’amour triomphant par la transmission du devoir de mémoire, l’adoption d’un enfant… L’amour du prochain résiste face aux guerres contemporaines, la déportation massive de tous ceux qui ne convenaient pas aux nazis dans les années 1940…

J’ai trouvé ces trois BD de qualité à la médiathèque de Fontenay sous Bois, ma ville, et j’en profite pour saluer le travail de ces pros des métiers du livre pour ces choix pertinents.

Retour à Birkenau, par Ginette Kolinka, dessiné par Efa, Cesc et Sole, écrit par JD Morvan et Victor Matet, Albin Michel, 112 pages, 21€90

La couverture de cette BD est vraiment splendide, elle résume à la perfection les flash backs permanents qui émaillent ce récit de déportation. Il est difficilement soutenable mais avec la douceur et l’humanité de Ginette, 99 ans qui transmet son histoire à des collégiens, on reprends courage pour oser dire non à la sauvagerie et au tyrannisme.

J’ai une tendresse particulière pour cette petite dame dont il émane une force de caractère exemplaire sur les plateaux de télévision où elle vient parler de ses livres. La dernière émission en date : Les rencontres du papotin sur France 2 m’a émue aux larmes. D’ailleurs la bande dessinée se termine de la même manière. Avec une chanson de Téléphone, Un autre monde car son fils Richard est le batteur de ce groupe emblématique.

L’adoption, tome 1 : Wadji et tome 2 : Les repentirs, Zidrou et Monin, éditions Grand angle

Je n’ai pas encore décidé si je lirai les trois autres volumes de cette série sur différentes adoptions d’enfants du monde. Mais il est sûr que l’histoire de Wadji, petit yéménite de dix ans et de sa famille adoptive à Nantes m’a beaucoup parlé.

J’ai fermé le premier tome un peu révoltée par ma lecture face à ce gâchis relationnel, fait d’incompréhensions à cause de la guerre qui détruit tout sur son passage.

Une phrase de l’éditeur résume vraiment très bien l’histoire : quand on a connu le pire, il faut un peu de temps pour s’habituer au meilleur.

« Jusqu’à présent, sa mère s’appelait « Guerre » et son père « Exil ». Maintenant, ils ont pour nom « trahison » et « abandon » « . C’est ainsi que commence le tome 2 : Les repentirs. Je ne vais pas vous raconter l’intrigue mais j’ai été vraiment très touchée par l’amour que déploie cette famille adoptive pour un petit garçon qu’elle connait à peine et qui a du mal à s’attacher à eux.

Il y a toute une galerie de personnages qui vont s’entraider pour retrouver ce petit gosse fugueur qui ne sait pas qu’il est aimé. C’est une histoire qui valorise le courage qu’on va chercher au plus profond de soi pour les siens et j’ai pleuré bien évidemment !.

Je suis une grande fan des BD scénarisées par Zidrou notamment la série Les beaux étés avec cette famille belge qui descend dans le Sud de la France chaque été sur une décennie.

Je vous recommande les albums des maisons d’édition Dargaud et Grand angle. Pour moi, ce sont les meilleurs dans le domaine.

Retrouvez ici d’autres chroniques de BD du blog Le bal littéraire des sardines :

-Jamais , lutter contre l’érosion des souvenirs

Guernica, un plaidoyer contre la guerre en BD

Droits réservés La boite à bulles
foi chrétienne

Ma nouvelle Bible d’étude : La Bible de méditation par les femmes d’Afrique.

Elle est de couleur rose avec un dessin de fleur : un hibiscus, aussi appelé la rose d’Afrique. Cette Bible c’est la Bible de méditation par les femmes d’Afrique. Longtemps, la Bible a été un produit importé d’ Europe ou des Etats-Unis vers les pays d’Afrique.

Avec cette Bible d’étude, ce sont plus de 200 femmes qui viennent de 26 pays d’Afrique de langue portugaise, française et anglaise qui ont rédigé des notes d’étude du texte biblique avec des encarts thématiques Et si on en parlait. Elles vivent au 21eme siècle avec des défis propres à l’économie de leur continent.

Les préoccupations quotidiennes ne sont pas les mêmes qu’en Europe où l’on a une pharmacie à chaque coin de rue et une carte de Sécurité sociale dans la poche. Alors la lecture de la Bible est un vrai refuge et un secours. La Bible permet alors de prendre autorité face à des traditions qui mutilent , les violences familiales qui sévissent partout dans le monde, la gestion financière, l’intégrité…

« Personne ne devrait tolérer les violences familiales. Elles causent des préjudices émotionnels, psychologiques, spirituels et physiques » C’est une Bible d’étude engagée qui posera question à ceux qui se servent des versets bibliques pour lever la main sur autrui en toute impunité« .

J’aime particulièrement cette Bible d’étude car elle a été rédigée par des femmes qui parlent à d’autres femmes de leur époque. Cette Bible rend aussi hommage à toutes les femmes de l’Antiquité qui ont eu une place importante dans la Bible à travers leurs portraits : Agar, Marie la maman de Jésus, Marie de Magdala, Rebecca, la veuve de Sarepta…

Rappelons que ce sont deux femmes qui ont été les premiers témoins de la résurrection de Jésus, le matin de Pâques et que la première église chrétienne impulsée par Paul a compté de nombreuses femmes pour la structurer.

Enfin, un dernier mot sur la mise en page de cette Bible. C’est coloré avec des portraits de femmes en noir et blanc. Les titres sont en couleur et les paroles de Jésus remarquées par une police de couleur rouge. Les thèmes me parlent : la générosité en temps de récession par exemple. Le langage de la Bible est fluide et accessible.

La version de cette Bible est la NFC révisée en 2019. Ainsi, des Biblistes de toute la francophonie ont interrogé les textes anciens issus du grec et de l’hébreu. Ils ont réalisé que certaines formulations comme frères de races ne résultaient pas de l’étymologie d’origine mais du contexte de traduction du 19eme siècle par exemple. Car il n’y a qu’une seule race : la race humaine.

Cette Bible d’étude est un excellent outil pour lire la Bible en fonction de nos préoccupations au quotidien.

Bref, c’est ma nouvelle Bible d’étude et j’y suis déja bien attachée…

Je chronique cette Bible d’étude car je m’occupe de sa diffusion commerciale dans les librairies de la francophonie en Europe. Je connais donc toute sa génèse et j’avais envie de partager cette découverte sur mon blog.

La Bible de méditation par les femmes d’Afrique, 1928 pages, éditions Bibli’o, 9791093218526, sortie le 8 mars 2024, 35€. En vente sur le site Bibli’o et en librairies.

Sociologie

Revivre, le combat gagnant de Lorie Pester contre l’endométriose

Ce témoignage, je l’ai lu d’une traite dans un train de banlieue pendant le week-end de Pâques. Rédigé dans un style fluide et agréable à lire, il explique en deux cent pages les moments éprouvants que peut vivre une femme qui souffre d’endométriose.

Sur les réseaux sociaux, je remarque que bon nombre de femmes souffrent de cette maladie qui ruine leur quotidien.

Je me souviens un jour d’avoir croisé une femme au comptoir d’une pharmacie qui était en larmes à cause de son bas ventre. Elle avait un peu honte de raconter ce qu’elle avait, je pense que ça ne devait pas être la première fois qu’elle venait car elle était un peu désemparée mais elle était vraiment dans une forme de supplication qu’on la soulage rapidement. Moi j’avais juste une colopathie fonctionnelle qui me cassait les pieds de temps à autre quand mon stress prenait le dessus sur toutes mes émotions.

J’ai été contente de pouvoir lui témoigner un peu d’empathie par une parole réconfortante qu’elle a eu l’air d’apprécier. C’est d’ailleurs tout le propos de Lorie Pester. Elle insiste sur le regard des autres qui joue beaucoup pour supporter le moins mal possible cette maladie sacrément handicapante.

J’ai aimé que son livre commence avec son adolescence et ses premières règles. Elle explique les cours d’éducation sexuelle dispensés en classe. Je pense que le gouvernement devrait lui confier une mission de santé publique pour accompagner les jeunes filles qui se tordent en deux quand elles ont leurs règles ados. C’est assez révoltant qu’on leur dise que c’est normal d’avoir mal au ventre en éludant leurs plaintes lors des visites chez le gynécologue.

On pourra trouver ce récit très réaliste car il raconte vraiment les petits détails qui pourraient paraître insignifiants. Oui mais quand on souffre en continu, chaque chose devient compliqué même traverser le passage clouté.

J’ai bien aimé ce livre bien écrit et je ne peux que tirer mon chapeau à Lorie pour son courage à mener à bien ses projets artistiques et une belle carrière après la chanson, malgré un quotidien aussi infernal.

J’en retiens que se montrer coriace face à la douleur n’est pas forcément une bonne idée car elle a été longtemps tiraillée par son mental mais elle a accepté de suivre les conseils de son médecin et de son entourage. Elle s’est délestée de son utérus sur la table d’opération, le choix a été difficile à faire psychologiquement et on le comprend parfaitement. Mais elle y a gagné une liberté inestimable d’où le titre : Revivre.

Revivre, Lorie Pester, Robert Laffont, 21 mars 2024, 192 pages, 18 euros

Les autres livres publiés par Robert Laffont que j’ai chroniqué dernièrement :

-Une reine, être femme dans le mellah de Casablanca dans les années 1930

-Dix-neuf marches, un roman young adult efficace pour témoigner du Blitz aux jeunes générations

foi chrétienne

Mettre en musique la grandeur de Dieu : Infiniment grand de Sébastien Corn, éditions Première partie

Samedi soir, j’ai assisté en famille au concert de Sébastien Corn au temple du Marais. La Table c’est une expérience musicale immersive où le public se met debout en cercle tout autour de l’artiste et ses musiciens.

Le concert : La table

Cette communauté en cercle est réunie autour de la table de la Cène avec le pain et le vin, ainsi que des bougies qui s’allument et s’éteignent en fonction des chants. Sébastien Corn au piano et à la guitare, était accompagné par Benjamin Nussbaumer et Joël Dufeu. La première partie était assurée par le groupe Stéréosnap , Benjamin et Nishma. L’occasion de découvrir leurs qualités vocales et instrumentales déjà aperçues au sein du collectif Cieux ouverts.

Pendant deux soirs, Estienne Rylle, directeur artistique du projet, a été le chef d’orchestre d’une oeuvre complète avec des jeux de lumière projetés à l’intérieur du temple, bijou architectural tout en rondeur du 17eme siècle.

Je reconnais que certains arrangements électroniques m’ont un peu déstabilisée car ils transformaient beaucoup ma perception de chants qui me sont chers : Sola gratia et Christ est ma joie… Mais dans l’ensemble, j’ai trouvé ce mariage entre chants de louange et musique électronique réussi.

J’ai beaucoup aimé cette scénographie à 360 degrés, en petit comité. Ce concert m’a rappelé de très bons souvenirs de 2015 à la Cigale lors de la tournée européenne du groupe Impact avec mon amie Vic.

Dix ans plus tard, on y est retournées ensemble avec la bonne idée de convier conjoints, parents et enfants… Nous ne sommes plus dans la même église mais ces moments de communion perdurent. Je me revois il y a dix ans dans la librairie religieuse où je travaillais près des Halles, mettre en boucle le dernier album d’Impact : Scriptura et pourtant je n’aimais pas l’électro…

Samedi soir, le billet d’entrée coûtait 25 euros et compte tenu des moyens techniques mis en place, la qualité visuelle du spectacle et le cadeau d’une première partie, c’est amplement mérité.

J’ai beaucoup aimé ce concept de La Table qui est terriblement novateur dans sa manière de louer Dieu. Néanmoins, j’ai été un peu étonnée de ne pas trouver la Bible sur la table de la Cène.

Et puis, j’aurai bien aimé qu’ils projettent les paroles des chants pour montrer les références bibliques. J’ai trouvé que la musique électro était de qualité mais qu’elle couvrait un peu trop parfois les paroles tellement inspirées de Sébastien Corn.

Le livre : Infiniment grand, éditions Première partie, 18.90€

J’ai lu ce livre d’une traite dans le train qui nous menait en famille à Boulogne sur mer. Il m’a fait l’effet d’une formidable machine à remonter le temps de toute une décennie : celle entre mes 20 et mes 30 ans.

Les chants écrits par Sébastien Corn ont structuré et fortifié ma foi, ma fille de cinq ans aime chanter Mon secours est en toi avec nous. Ce sont aussi des chants d’église chantés majoritairement dans les églises protestantes. Mes amies d’enfance vont au concert d’Impact ou de Sébastien Corn en solo quand il est de passage dans la Drôme. Toutes les générations de chrétiens sont touchés par ses textes.

Ce livre Infiniment grand réunit vingt chants de Sébastien Corn comme autant de cartes postales qui racontent une histoire, un moment de sa vie. Il a l’habitude de raconter pendant ses concerts l’histoire de ses chants comme Mon secours est en toi écrit après le décès de son cousin dans un accident de la route.

Ses petits interludes entre chaque chant sont toujours inspirés et on reconnait sa vocation de pasteur dans chaque petit message biblique pour présenter le chant suivant. Sébastien Corn est bavard et il est sacrément gentil dans sa manière de présenter et remercier ses musiciens.

Je suis restée un peu sur ma faim avec ce livre Infiniment grand, qui est une commande de son éditeur Première partie.

Ecrit en collaboration avec Joffrey Vanhollemeersch, ce livre s’attache à raconter l’histoire de ses vingt chants marquants en quinze ans de carrière musicale. Mais c’est dommage que ça ne soit pas une véritable autobiographie. J’espère qu’un prochain livre nous racontera toute l’histoire de ce fameux Marseillais à l’accent québécois.

Retrouvez ici mes précédents articles dédiés à la foi chrétienne :

Cinq chants de louange qui me portent au quotidien

-Comment je suis devenue chrétienne à l’école primaire

Ces trois comptes Youtube qui vont changer ta perception de l’église

-Le nom du père par Vinz Le mariachi, louer Dieu avec des sonorités mexicaines

Littérature

Felicità, un roman savoureux comme un bon Spritz avant l’arrivée de l’été

Félicità est le second roman de Serena Giuliano que je lis après Luna. J’ai lu ses romans quand j’avais la grippe en février lors de mes deux visites chez le médecin . Ils m’ont bien changé les idées quand je dormais six nuits de suite par intervalle de 30 minutes . La littérature sert aussi à ça !

Je remercie chaleureusement Naïma et Anne-Laure des éditions Robert Laffont qui m’ont envoyé ce livre en service de presse. En fin d’article, vous pourrez retrouver les chroniques des trois autres romans de Robert Laffont que j’ai eu la joie de chroniquer dans ce blog.

Felicità, Serena Giuliano, éditions Robert Laffont,  9782221272329, 208 pages, 18.90. Sortie le 7 mars 2024.

Felicità raconte l’histoire d’une femme trentenaire, Valentina dite Vale qui tente de reprendre sa routine de wedding planner après un deuil qui a anéanti sa vie.

Elle est épaulée par son équipe dont font partie ses assistantes, sa chef traiteur Laura qui va devenir une amie et une confidente, son fleuriste…

Elle travaille dans la région de Milan et parcourt les plus beaux endroits d’Italie pour organiser des mariages somptueux dans les plus beaux endroits comme le lac de Côme par exemple.

Ce roman va raconter le déroulé cocasse de trois cérémonies de mariage bien différentes mais le mariage n’est pas le thème principal de ce roman. Ce roman raconte un deuil, celui d’une amie d’enfance partie bien trop tôt, laissant derrière elle un jeune veuf et une petite fille en bas âge. Ces trois là vont se soutenir dans l’épreuve d’une manière fort émouvante.

Ce que j’ai le plus aimé dans ce roman c’est la description de deux Italie bien différentes : Milan, au nord, très sophistiquée et individualiste, la Sicile au Sud bien plus traditionnelle et collective mais aussi très intrusive là où il n’ y pas de raison de chercher scandale.

J’ai bien aimé cette lecture mais je n’ai pas ressenti un attachement fou pour les personnages du roman. Felicità reste un roman feel-good bien écrit mais avec des codes marketing un peu trop poussés. Les romans de Serena Giuliano montrent avec leurs couvertures une Italie de carte postale (cela fonctionne très bien avec moi), les titres de ses romans font référence à des chansons populaires comme Felicità, Sara perche ti amo…

C’est une bonne lecture pour cet été au bord de la piscine avec un bon Spritz. Mais j’ai trouvé que les personnages du roman étaient présentés de manière trop caricaturale, en surface…

Je trouve plus mon compte avec les romans de Marie Vareille, éditions Charleston ou ceux dElin Hilderbrand, éditions Les escales où je trouve les portraits psychologiques des personnages beaucoup plus travaillés.

Félicità, cette belle carte postale littéraire m’a donné vraiment envie de lister dans ce blog, mes plus beaux coups de coeur romans en fonction de l’argument géographique pour lire .

La dernière conquête du major Petitgrew, éditions 10/18 : une belle histoire d’amour de deux seniors que tout oppose dans une petite ville balnéaire du Sussex. Nul besoin de prendre l’Eurostar pour vivre un beau voyage en Angleterre.

Bienvenue dans la charmante pension de Cécilia Duenas, éditions Nami : Un feel good un peu déjanté qui révolutionne un peu les codes du feel good avec des situations cocasses et des retournements de situations passionnants à lire. Ce roman m’a donné envie de retourner à Madrid en hiver.

Désenchantées de Marie Vareille, éditions Charleston : Ce roman d’amitié se déroule dans une petite ville imaginaire de la Côte d’Opale, au bord de la Manche. C’est sans nulle doute ce roman qui m’a décidé à visiter le week-end dernier Boulogne sur mer, la ville natale de mon grand-père.

Un été à Nantucket, Elin Hilderbrand, éditions des Escales : J’ai découvert cette auteure grâce au magazine Elle et ses romans m’ont vraiment fait rêver de la côte Est. J’avais aussi beaucoup aimé les romans de J.C Sullivan qui se déroulent dans le Maine et la région de Boston.

Retrouvez ici les précédentes chroniques des livres aux éditions Robert Laffont

-Une reine, être une femme dans le mellah de Casablanca dans les années 1930

-Dix-neuf, marches, un roman young adult efficace pour témoigner du Blitz à Londres aux nouvelles générations.

-L’âge bête, un journal intime d’une adolescente des années 1990

Lifestyle

Fêter l’arrivée du printemps avec un week-end en famille à Boulogne sur mer.

C’est peu dire que ce week-end au bord de la Manche fut salutaire pour toute la famille. On a bien souffert ces deux derniers mois du manque de soleil et de la pluie à rallonge ces deux derniers mois d’hiver.

On ne connaissait pas du tout Boulogne sur mer et on s’est laissé guidé par les recommandations de mes collègues qui sont allés à Nausicaa avec leur petite fille ou encore plus anecdotique.

Je suis sur Instagram, un couple très drôle Roman et Noémie, (@roman.noemie) qui se sont rencontrés à Boulogne sur mer. Ils avaient mis une story de la plage de Boulogne qui m’avait intriguée.

Je connais bien le Pas de Calais comme mes grands-parents en sont originaires. Trouver une plage de sable à deux heures trente de Paris en train m’a bien intéressée.

Un grand merci à Roman et Noémie pour leurs réponses super sympas à mon message. La magie des réseaux sociaux parfois.

Le Ter Hauts de France à prix cassés toute l’année, un bon plan à partager

On est partis un vendredi matin avec le TER Paris gare du Nord- Calais : 40 euros pour un adulte, 5 euros pour un enfant sans carte de réduction. On adore ce TER car il nous a déjà permis d’aller au Crotoy ou au Touquet pour 5€ par adulte en plein été grâce à leur politique de prix cassés.

Avec cette inflation bien reloue, cela me tenait à cœur de vous partager ce bon plan.

Un appartement meublé bien situé, à égales distances de la plage et de la gare

On a trouvé sur Booking un appartement meublé Odelys, bien situé entre le centre-ville, Nausicaa et la gare SNCF. La nuit coûtait 80 euros pour trois personnes. C’était bien tenu mais la proximité de la rue et d’une gare TER juste à côté était un peu désagréable la nuit. C’est vraiment son emplacement géographique qui a été pratique : 52 rue Belterre si vous cherchez à vous loger pour un week –end.

Avec cette météo fort agréable, on a filé vers seize heures à la plage pour le goûter en longeant le bras de mer. C’était génial d’observer les chars à voile à marée basse, on s’est dit que c’était bon, l’hiver était bientôt derrière nous. En rentrant, j’ai eu le plaisir de découvrir la librairie L’horizon, boulevard Clocheville.

Le lendemain, on avait rdv pour un créneau à Nausicaa à 10 heures 30.

On en a profité pour passer par l’office du tourisme pour acheter des souvenirs. Excellente idée car je suis tombée en pamoison devant une roulotte de plage reconstituée. Cela m’a rappelé mes cours d’anthropologie sociale et culturelle de l’Europe de l’Ecole du Louvre en partenariat avec le Mucem de Marseille. On étudiait l’architecture mais aussi les pratiques culturelles dans les stations balnéaires du 19eme siècle.

L’eau a beau être froide dans la Manche, c’est bien Boulogne et Dieppe qui ont été les précurseurs de la station balnéaire en France bien avant Saint Tropez.

Cette roulotte de plage était tirée par un cheval pour permettre aux belles bourgeoises fortunées d’enfiler leurs costumes de bain sans regard indiscret.

Ensuite, nous avons rejoint Nausicaa en patientant à l’aire de jeux juste devant. Boulogne sur mer est une municipalité qui prend soin des enfants avec de nombreuses aires de jeux sophistiquées et de qualité. Je sais par mon père qui est conseiller municipal que les aires de jeux pour enfants coûtent des dizaines de milliers d’euros.

On a mangé du très bon poisson sur le front de mer au restaurant La Goélette pour 16 euros le plat du jour. Puis on a réalisé un de mes vieux rêves : jouer au mini-golf avec ma fille. La partie coûtait 5 euros par adulte et c’était gratuit pour ma fille comme elle avait cinq ans.

Je vous détaille tous les prix mais en ces temps d’inflation, profiter de ses loisirs sans se faire charger comme un touriste devient une exception bien agréable.

C’est pour cette raison que j’ai délaissé Deauville-Trouville pour des villes balnéaires d’habitation où l’on ne prend pas les gens pour des jambons.

Nausicaa, un aquarium au discours militant

J’ai été favorablement impressionnée par l’aquarium Nausicaa où le self et le café appliquaient des prix tout à fait raisonnables. Ils avaient même installés des tables de pique-nique pour les familles.

Le billet d’entrée du plus grand aquarium d’Europe est de 21 euros par enfant, 28 euros par adulte. Compte tenu de la qualité de la muséographie et de la diversité des espèces présentées, on a trouvé qu’on en avait vraiment pour notre argent et c’est une belle satisfaction.

La meilleure illustration du
réchauffement climatique

J’ai beaucoup aimé le grand bassin avec les raies et les requins qui reproduit un environnement marin au large de la Colombie.

C’était tellement apaisant d’observer cet immense aquarium depuis les tribunes de l’auditorium.

Je ne suis pas une grande fan des aquariums et pourtant j’ai été conquise par Nausicaa.

J’ai bien aimé leur discours militant sur le surtourisme.

En fin d’après midi, on s’est dirigé vers la vieille ville fortifié et nous sommes tombés sur un cortège d’agriculteurs et de pécheurs qui manifestaient pour leur pouvoir d’achat ainsi que sur … Monsieur le maire dont j’avais aperçu la photo dans une brochure municipale.

Le jardin Mariette en hommage au grand égyptologue déterminant pour les collections du musée du Louvre se trouve juste devant les remparts. J’ai adoré cet endroit qui reconstitue le Nil avec ses palmiers, un bateau égyptien antique, un obélisque et une pyramide…

Cela m’a rappelé mes cours d’égyptologie de première année à l’Ecole du Louvre.

J’ai vraiment aimé la visite de la ville fortifiée avec ses remparts, ses pavés, son beffroi et la mairie.

Nous ne sommes pas rentrés dans la basilique car on n’a pas vraiment cherché l’entrée. J’évite d’emmener ma fille dans toutes les églises en touriste car je n’ai pas envie que ça devienne un lieu barbant pour elle comme c’était le cas pour moi enfant.

La visite du Carmel à Lisieux n’est pas un très bon souvenir pour moi.

Enfin, on a fait une halte bien agréable à la médiathèque toute en bois. C’est un peu une tradition chez nous, à Dieppe aussi on était allés à la médiathèque pour se protéger de la pluie.

Voici mon article fleuve pour raconter ce petit week-end si ressourçant. En quelques lignes, pour résumer, je vous invite à visiter Boulogne sur mer pour Nausicaa, sa plage de sable toute simple mais si agréable, sa ville fortifiée et enfin son parcours de street art de qualité.

C’est une initiative municipale de valoriser le travail de 30 artistes en très grand format. Cela embellit considérablement les façades et apporte une sacrée valeur ajoutée au tourisme local. Il y a cinq parcours à découvrir depuis 2016.

70 fresques ont été réalisées par des artistes du monde entier et vous pouvez retrouver leur travail sur le compte Instagram : @streetart_boulognesurmer.

Droits réservés La voix du Nord

Retrouvez ici mes carnets de voyages urbains dédiés à la Seine Maritime et aux Hauts de France, mes régions coup de coeur pour mes racines familiales.

-Dieppe, dans les pas de mes grands-parents, un 1er avril

Un 14 juillet pluvieux au Crotoy

-Un week-end rocambolesque au Touquet : les galériens de la SNCF

Blogs

29 jours en février et pourtant un mois compte triple à cause de la grippe.

Mars arrive avec ses rayons de soleil et ses jours qui rallongent. J’espère que mars tranchera avec notre mois de février rendu difficile par la grippe , la pluie et le manque de soleil les week-ends.

Heureusement écrire dans ce blog a été un véritable réconfort pour moi.

Voici un court résumé de ce qui a été chroniqué ici en février :

– L’essai de Thérèse Hargot : Tout le monde en regarde ou presque. Comment le porno détruit l’amour, publié par Albin Michel. J’avais lu en 2016 son premier livre Une jeunesse sexuellement libérée ou presque. J’aime beaucoup ce genre d’essais qui sondent la société actuelle avec des titres de chansons pour illustrer les chapitres. L’expertise de Thérèse Hargot vient du fait qu’elle est une sexologue qui reçoit ses patients dans son cabinet. Les témoignages recueillis dans son livre viennent du terrain.

– l’autobiographie de Florent Pagny : Pagny raconté par Florent écrit avec Emmanuelle Cosso, éditions Fayard.

Je me suis régalée à lire cette autobiographie sincère et pleine d’humour. J’aime beaucoup quand les gens célèbres continuent à faire preuve d’auto-dérision. Je me suis rendue compte à quel point j’aimais bien les chansons de Florent Pagny, Zazie, Pascal Obispo… car ils ont ponctué mes boums de préadolescente en CM2. L’envie d’aimer , Savoir aimer for ever ! L’occasion parfaite de créer une nouvelle page thématique dans ce blog : Toute la musique que j’aime…

Puis j’ai préparé un peu en avance la cérémonie d’entrée au Panthéon du couple Manouchian en lisant la BD Missak Manouchian, vie héroïque pour le 21 février !

C’est bien marrant car j’ai au moins trois collègues et leurs conjoints qui veulent lire la BD, preuve que l’histoire de ce résistant courageux, réfugié arménien touche encore 80 ans après son exécution. J’ai beaucoup aimé cette cérémonie à la télévision, cela donne une bonne piqure de rappel à ce que c’était la résistance durant la seconde guerre mondiale.

Portée par cette superbe cérémonie d’hommage aux résistants, j’ai lu un superbe essai Quelle fraternité pour notre siècle, publié par la maison d’édition dans laquelle je travaille : les éditions Bibli’o. J’ai la grande chance de découvrir ces livres en avant-première quand ils ne sont encore qu’à l’état d’embryon. Cette étude des relations dans les fratries de la Bible m’a vraiment bien parlé et inspirée.

C’est un livre utile qui redonne foi en l’humanité capable fort heureusement de fraternité encore et toujours. Tant que l’individualisme sera mis en échec…

Et enfin, la cérémonie des Césars m’ a donné une belle claque salutaire comme prise de conscience. Même si nous ne sommes pas directement touchés par les abus sexuels au sein de notre famille, de notre lieu de travail ou même dans la rue, il faudra secouer le cocotier pour ne plus faire le jeu de l’omerta, l’autruche tout simplement.

On ne compte plus les jeunes filles qui prennent la parole pour dénoncer l’impensable : Flavie Flament, Vanessa Springora , Judith Godrèche, Sarah Abitbol… dans des livres et des films forts pour sensibiliser le grand public au fléau de l’inceste et de la pédophilie. Comme disait Karin Viard, il est bon de voir la honte changer de camp.

C’est peu dire que l’ambiance est assez pesante actuellement mais qu’il faut se positionner au nom de notre humanité et de notre fraternité. Vivement le retour de nos déjeuners au jardin du Luxembourg avec les collègues pour savourer le printemps, cette renaissance !.

Cinéma

Quand les actrices et les réalisatrices font exploser la chape de plomb aux Césars 2024

Vendredi soir, j’étais bien évidemment devant Canal+ pour suivre la 49eme cérémonie des Césars. J’aime énormément la chanson française, pourtant je ne suis jamais les Victoires de la musique. La cérémonie des Césars se déroule toujours dans un beau théâtre dans le centre de Paris : l’Olympia depuis quelques années.

Cependant, je commence quand même à me lasser des éditions précédentes où l’on coupait la parole aux récompensés au bout d’une minute avec une musique d’ascenseur. Mais avec Valérie Lemercier comme présidente de cérémonie, la soirée a été un bon moment de télévision, et même un moment historique pour les femmes actrices et réalisatrices.

J’ai vraiment aimé sa belle robe noire longue en velours ainsi que sa coiffure. C’était drôle et très à propos quand elle a poussé la chansonnette sur du Gérard Lenormand. Valérie Lemercier n’est pas qu’une rigolote, c’est une actrice et réalisatrice maintes fois récompensée par les Césars. Elle a réalisé un film marquant Aline, inspiré par la carrière magistrale de Céline Dion. J’ai aimé qu’elle ait une parole forte pour la vague Me-too qui secoue le cinéma français :

« Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d’un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres »

Puis le premier César de la soirée : celui de la meilleure actrice dans un second rôle a été remis à Adèle Exarchopoulos. Elle qui a joué cette année le personnage qui m’ a le plus touchée dans le film Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry.

Chloé a été victime d’inceste de la part de son grand-frère et elle entame un parcours de justice restaurative avec une juriste jouée par Elodie Bouchez. J’ai vu ce film lors d’un ciné-débat avec des aumoniers de prison et c’est un des moments forts de mon année.

Les journalistes désignent le discours de cinq minutes d’émotion de Judith Godrèche comme le plus marquant de l’histoire des Césars et je pense que cela n’est pas exagéré. J’ai trouvé cette prise de parole très digne et courageuse.

J’admire son sang-froid pour ne pas flancher compte tenu des violences psychologiques terribles qu’elle a vécu dans son adolescence : «L’image de nos pères idéalisés s’écorche. Mais ne faut-il pas regarder la vérité en face ? (…) Depuis quelque temps, je parle mais je ne vous entends pas, ou à peine. Où êtes-vous, que dites-vous ? Un chuchotement, un demi-mot, ce serait déjà ça. Je sais que ça fait peur, moi aussi j’ai peur. J’ai arrêté l’école à 15 ans, je n’ai pas le bac, rien. Ce serait compliqué d’être black listé de tout»

Les ministres Aurore Bergé et Rachida Dati ont bondi de leurs sièges à la fin de son discours pour lancer une nouvelle standing ovation car il fallait avoir la bonne réaction face à un pareil message. Vanessa Springora, auteure du livre Le consentement, était également dans la salle.

Je ne peux m’empêcher de penser également à l’histoire de Flavie Flament qui a été abusée adolescente par un photographe de mode célèbre : histoire racontée dans le livre La consolation, adapté à la télévision.

La conclusion du discours de Judith Godrèche était parfaite et pose réflexion sur notre attitude à chacun dans un cadre amical, professionnel : « Cette fois, cela ne se passera pas comme ça » !.

Ce discours constitue un véritable tournant idéologique pour le cinéma français. En septembre 2022, cette couverture de revue professionnelle 100 % masculine faisait scandale pour sa maladresse et son impunité flagrante.

Depuis, Justine Triet a raflé toutes les récompenses : Palme d’or à Cannes, César du meilleur scénario, de la meilleure réalisation, du meilleur film, les Bafta et peut être les Oscars dans 17 dodos comme le disait si bien Valérie Lemercier.

Je n’ai pas vu Anatomie d’une chute, le sujet glauque du film m’a beaucoup rebuté. Mon coup de coeur de l’année, je l’ai déjà dit c’est Je verrai toujours vos visages pour le travail de reconstruction possible et l’humanité de Jeanne Herry.

Mais j’ai beaucoup aimé le discours de Justine Triet : « Je voudrais dédier ce César à toutes les femmes (…) à celles qui réussissent et celles qui ratent, celles qu’on a blessées et qui se libèrent en parlant, et celles qui n’y arrivent pas ».

L’académie des Césars a également récompensé les carrières d’ Agnès Jaoui et Christopher Nolan par un César d’honneur. Le discours de Jamel Debbouze était parfait, il m’a beaucoup ému contrairement à l’année dernière où il avait fait de la provoc’ un peu inutile à mon goût en temps que maître de cérémonie en 2023.

Gageons que la cérémonie de l’an prochain sera enfin égalitaire pour assister à une réelle compétition de réalisateurs entre Jacques Audiard, Justine Triet, Cedric Klapisch et Jeanne Herry…

Retrouvez-ici mes précédents articles sur ce blog :

-Quelle fraternité pour notre siècle ?

-Dix-neuf marches, un roman young adult efficace pour raconter le Blitz à Londres.