BD & romans graphiques

Icônes de l’enfance : Boule et Bill, fresque de l’harmonie familiale grâce à un facétieux cocker

Une fresque street- art du parcours BD : rue du Chevreuil à Bruxelles

A l’occasion de la parution d’un nouvel album de sketchs de Boule et Bill, je me suis replongée dans ma propre enfance.

Mes parents conservent précieusement dans leur garage quelques albums de Boule et Bill que nous lisions mon frère et moi. En grandissant, j’ai un peu renié Boule et Bill car je trouvais leur vie très classique voire un peu ennuyeuse, heureusement que leur chien Bill vient mettre un peu de pagaille dans cette maison très proprette.

Mais en devenant maman, je me suis rendue compte que j’étais assez attachée à cette BD et que j’avais envie de la transmettre à ma fille. Elle aime beaucoup la série Martine, un autre long seller du patrimoine de la littérature jeunesse belge.

« Boule & Bill, c’est comme un album de photos de famille : on n’y range que le bonheur » Roba

Une œuvre largement autobiographique : une famille classique qui parle au plus grand nombre

Boule et Bill est une série familiale et largement autobiographique créee par Jean Roba en 1959 (la même année qu’Astérix ). Boule est un petit garçon qui vit avec ses parents, son cocker et sa tortue de compagnie dans un pavillon de banlieue. Ses parents font partie de la classe moyenne qui est en train de s’enrichir pendant les Trente Glorieuses avec une maison individuelle, un chien de race et du temps pour les loisirs.

Le père (le double de papier de Roba) travaille dans une agence de publicité avec un patron Mr Coupon Dubois, pas bien commode qui ressemble un peu à Mr de Mesmaeker dans l’univers de Gaston Lagaffe. Mais heureusement, on ne parle pas beaucoup du travail du papa de Boule, la plupart des gags montrent Boule et Bill en train de jouer tous les deux ou avec leurs copains respectifs.

Roba, élève de Franquin va suivre une voie très personnelle au sein de l’école de Marcinelle

Jean Roba (1930-2006) est un ancien publicitaire qui rejoint un studio de dessinateurs de BD sous la houlette du célèbre André Franquin pour contribuer au fameux journal Spirou. Ils feront ainsi partie de l’école de Marcinelle qui pratique une ligne sombre à l’opposée de la ligne claire d’Hergé.

Cette ligne se caractérise par des dessins caricaturaux, un gros nez et des bulles de BD arrondies. C’est particulièrement remarquable dans le travail de Peyo , auteur des Schtroumpfs mais aussi de Johan et Pirlouit, Franquin créateur de Gaston Lagaffe, Roba, Albert Uderzo ou encore François Walthéry, assistant de Peyo et créateur de Natacha

Je trouve que Roba a suivi une voie très personnelle en choisissant la veine autobiographique. Propriétaire de sept cockers roux, Roba a puisé dans sa propre histoire pour créer un personnage emblématique de la BD belge depuis bientôt 70 ans.

Bill, Gaston Lagaffe des anti-héros gaffeurs qui plaisent aux enfants

Je pense que c’est ce qui m’a attiré quand j’étais enfant : cet univers rassurant dans lequel ont vécu mes grands- parents. Je n’ai pas connu les années 1970 et cette époque l’intéressait. J’ai appris à lire avec Boule et Bill mais aussi Gaston Lagaffe qui proposaient des univers passionnants pour les enfants : un chien malin et facétieux qui révolutionne la vie d’une famille tranquille, une rédaction de presse où Gaston, l’employé le plus paresseux met sans dessus dessous une entreprise sérieuse…

A travers la quarantaine d’albums de Boule et Bill, on a appris à apprécier (ou non) leur entourage proche ou lointain : la voisine acariâtre et son chat Sénéchal, l’agent de police, le voleur, le facteur, Mr Coupon-Dubois, les copains de l’école de Boule dont Pouf, les copains chiens de Bill…

Moi j’aime beaucoup les mésanges bleues, véritables alliées de Bill et la tortue Caroline. Dans cette série BD très familiale, les animaux prennent leur revanche sur l’Homme.

Comment Bill, le cocker facétieux a séduit le 7eme art

Boule et Bill, c’est une série BD à succès : une quarantaine d’albums, 21 millions d’exemplaires vendus et traduits en une quinzaine de langues.

Boule et Bill ont été adaptés deux fois au cinéma en 2013 et 2017 avec des acteurs français : Franck Dubosc et Marina Foïs puis Mathilde Seigner pour jouer le rôle des parents de Boule.

Je trouve ça un peu dommage que ce ne soit pas des acteurs belges comme François Damiens, Benoit Poelvooerde, Marie Gillain ou Cécile de France pour interpréter ces parents.

Je note que dans l’adaptation ciné, la maman de Boule travaille car la répartition d’origine : le père de famille qui lit son journal pendant que maman est aux fourneaux dans la cuisine n’est plus possible au 21eme siècle.

Les parents de Boule, un couple très stéréotypé, tout sauf moderne

J’ai vu un sacré contraste entre les parents de Boule, assez conservateurs et le couple un peu hippie sur les bords de la BD Les beaux étés de Zidrou et Jordi Lefèvre. Tous belges mais des couples sacrément différents.

Il y a un album de Boule et Bill que j’ai particulièrement aimé car sa couverture est très réussie. Contrairement aux autres albums, Globe-trotters est une histoire complète et non une succession de gags.

Le résumé :

Boule et Bill ont remporté un voyage autour du monde. Ils embarquent avec Papa et Maman et un employé de la société ayant organisé le concours, John-Cadre d’Hinnamich, alias J.C. Mais le voyage ne se déroule pas comme prévu et après quelques escales, Boule, Bill et J.C. se retrouvent séparés des parents de Boule. L’employé va alors tout faire pour réunir la famille et terminer le voyage dans les temps.

Après plusieurs péripéties, Boule et Bill sont enfin réunis avec les parents, et J.C., sa mission accomplie, démissionne et se fait engager dans la légion étrangère. C’est mon album favori de Boule et Bill.

Le chien Bill, de loin mon personnage de BD favori.

Dès que je vois un cocker roux dans la rue, j’ai une tendresse particulière pour lui car il me fait penser à Bill. Une année, j’ai ramené à mon frère qui avait la vingtaine bien tassée, des goodies du festival du livre de Paris : des oreilles de cocker en tissu pour fêter les 60 ans de la BD. Il était fin heureux. Ce Bill est à la fois sacrément cabot et facétieux. Il a mauvais caractère et prend facilement la mouche mais il tombe aussi facilement amoureux. C’est de loin mon personnage de BD favori !

Le chercheur Nicolas Tellop explique que Jean Roba s’est inspiré du beagle américain Snoopy pour créer Bill, son personnage fétiche.

Autant je trouve le couple des parents de Boule très classique et peu intéressant, autant je trouve le héros Bill à la fois cabot, drôle et sacrément moderne !

BD & romans graphiques

Que vaut le dernier Astérix ? En Lusitanie, le coq gaulois rencontre l’emblème du Portugal

C’est l’évènement éditorial de l’année : depuis le 23 octobre, Astérix et Obélix sont de retour dans la totalité des librairies et des hypermarchés français.

Mieux, cette nouvelle aventure en BD a été imprimée en 5 millions d’exemplaires dans dix-neuf langues. Deux millions d’exemplaires pour le marché français et le reste pour le marché international.

C’est un record dans le domaine de l’édition BD. Astérix est une véritable locomotive pour l’édition et la librairie française.

C’est surtout l’ambassadeur de la culture française à l’étranger puisque Astérix est la BD la plus lue dans le monde, 400 millions d’exemplaires vendus depuis 1957 (loin devant Tintin ou les Schroumpfs). De quoi redonner de la vigueur à tous ceux qui désespèrent du rayonnement de la France depuis le vol des bijoux de la Couronne au musée du Louvre dimanche 19 octobre ! .

Cet excellent article du Téléphone sonne, l’émission de France Inter explique l’amour inconditionnel et intergénérationnel des Français envers Astérix, l’anti-héros.

Les ingrédients de la potion magique Astérix : nostalgie, autodérision et heureux anachronismes.

Fabrice Caro, le scénariste à la suite de René Goscinny explique que son tandem alterne les albums de village et les albums de voyage. Après l’Iris blanc où un pseudo gourou de développement personnel mettait un sacré bazar dans le village gaulois, on retrouve nos trois compères Astérix, Obélix et Idéfix appelés à l’aide en Lusitanie.

Cet album se moque gentiment de la mondialisation en abordant les échanges commerciaux en Méditerranée autour du garum (une sauce salée de poissons) aussi recherchée que le chocolat Dubaï aujourd’hui.

Le résumé :

Du bateau du Phénicien Epidemais, déjà croisé dans Astérix et Cléopâtre, débarque Boulquiès. Ce personnage d’origine portugaise vient demander l’aide d’Astérix et Obélix. Chez lui, un de ses amis producteurs de garum (une sauce salée de poissons) est accusé d’avoir voulu empoisonner César… Les célèbres Gaulois embarquent pour le Portugal afin de résoudre cette affaire.

« Les ennemis de nos ennemis sont nos amis« 

J’ai beaucoup aimé cet album Astérix en Lusitanie car il poursuit le message de ses fondateurs Goscinny et Uderzo. Le village des irréductibles gaulois n’est pas marxiste mais il est toujours d’accord pour jouer des coudes et castagner afin de venir en aide aux peuples persécutés par l’empire romain.

C’est toujours le foutoir monstre dans le village avec leur chef sur son bouclier qui a du mal à canaliser ses ouailles qui sont bagarreurs, envieux, de mauvaise foi les hommes comme les femmes et pourtant il y a une harmonie entre eux, ils sont solidaires et communient toujours avec un grand banquet composé de bonnes bières et de sangliers. Les banquets des Gaulois et de leurs alliés sont fédérateurs et bon enfant, ceux de la Rome antique sont individualistes et ostentatoires.

Droits réservés Editions Albert René
Un tandem qui n’a pas voulu jouer le jeu du body shaming
Droits réservés Editions Albert René

Le tandem Conrad/Fabcaro a mis un soin tout particulier à évacuer les clichés racistes en faisant évoluer en un clin d’œil le personnage de Baba, le pirate africain.

lls ont manié les stéréotypes sur le Portugais avec bienveillance en insistant sur le patrimoine portugais immatériel : le fado, la saudade cette douce nostalgie, les pasteis de nata, les azulejos… mais les clichés sur l’accent portugais ou la pilosité prononcée ont été heureusement abandonnés. Obélix est un peu lourd avec la morue mais il est pleinement dans son rôle.

J’ai beaucoup aimé le couple de Parisiens retraités au Portugal qui aident les deux héros en leur vantant les mérites de pasteis de nata qui seront employées de manière non conventionnelle pour semer les Romains. Ils vont aussi les aider à parcourir le pays de manière incognito, ce qui est une première dans la saga Astérix mais je ne vais rien vous divulgacher.

Astérix : une BD indémodable qui rassemble les générations

Au prochain printemps, j’ai bien envie d’aller visiter le parc Astérix en famille car je n’y suis encore jamais allée. Plus que pour les attractions, j’ai envie de voir comment l’oeuvre artistique de Goscinny et Uderzo a été adaptée en parc d’attractions. Je m’attends à une toute autre expérience que Disneyland Paris qui regroupe des dessins animés et des univers bien différents des uns des autres.

Les chiffres de ventes des nouveaux albums qui paraissent tous les ans et des autres titres du fonds sont tellement exceptionnels qu’il faudra veiller à ce qu’Astérix reste avant tout une oeuvre littéraire et non une marque, un produit marketing.

Astérix le gaulois a évidemment toute sa place dans la série Icônes de l’enfance de ce blog ! C’est une rubrique qui me tient à coeur dans ce blog. J’aime analyser les recettes de succès comme ces long sellers : Le Petit prince, Babar, Le petit Nicolas , Les Schroumpfs, Natacha, Martine qui se transmettent de générations en générations…

BD & romans graphiques

Le drame du cheveu qui frisotte : le roman graphique Racines, éditions Delcourt

Ce titre d’article peut paraître risible. Pourtant dans mon cas personnel, à l’approche de la quarantaine, le cheveu qui frisotte sur le haut de ma tête me sape le moral. J’avais entendu parler de cette BD grâce au compte Instagram de Mariel intitulé Le blog de Néroli.

Il est important de l’avoir en main cette BD car la fabrication granulée de la couverture qui reprend la texture d’une chevelure de femme est exceptionnelle.

Ceci n’est pas une autobiographie mais un vaste documentaire de 200 pages qui donne une voix à toutes les femmes qui ont des cheveux atypiques au vu de la norme occidentale qui glorifie le cheveu lisse et le brushing au cordeau.

Lou Lubie est réunionnaise. Elle vient de l’univers du jeu vidéo et elle a publié de nombreux livres et BD notamment  Et à la fin ils meurent (Delcourt), un ouvrage de vulgarisation très documenté au ton humoristique sur les contes de fées traditionnels en 2021.

Le résumé :

On n’est jamais content de ses cheveux : Rose, qui a les cheveux crépus, rêve de les avoir lisses. Pour se conformer aux normes sociales, elle sera prête à tout, quitte à gommer son identité métissée. Entre enquête de société et récit de vie, une BD riche et touchante qui parle de sexisme, de racisme, d’héritage et d’acceptation de soi.

Racines, roman graphique de Lou Lubie, 216 pages, éditions Delcourt, parue en mai 2024, 25.50€

Je vous recommande ce roman graphique qui a reçu le Prix France Info BD d’actualité et de reportage entre autres. Le sujet du cheveu est bien moins futile qu’il n’ y parait. Il révèle toute une perception de la féminité et de la masculinité dominée par le cheveu lisse occidental.

Grâce à ce roman graphique, j’ai vraiment pris conscience de l’étroitesse d’esprit que j’ai par rapport à ma propre coiffure. Je rêve d’avoir tous les jours les cheveux lisses et soyeux depuis que ma fantastique coiffeuse Claudia m’a expliqué sa technique du brushing. J’ai eu une claque en lisant les mauvaises expériences de lissage racontées par Lou Lubie avec des produits chimiques fort agressifs pour le cuir chevelu. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Ce roman graphique m’a fait tout de suite penser au succès fulgurant de Kelly Massol qui a fondé sa marque Les secrets de Lolly pour les cheveux texturés. Mais aussi à la série Netflix Self-made avec Octavia Spencer qui raconte l’histoire vraie d’une femme noire, Madame CJ Walker, qui a fondé sa marque de cosmétiques aux Etats-Unis vers 1900.


Cheveux crépus et normes sociales : analyse de Racines

 « Stress, complexes, dysmorphophobie, discriminations sociales et professionnelles, coût et risques sanitaires des produits utilisés pour se conformer à la dictature du cheveu lisse : le sujet de Racines n’a en dépit des apparences rien de léger et aborde nombre de thèmes (mode, normes, race, identité) au cœur des débats contemporains. Un écheveau dense et complexe que Lou Lubie a le talent de démêler, de rendre fluide, drôle et passionnant, même – et surtout – si l’on ne se sent pas a priori directement concerné ». Stéphane Jarno, Télérama

J’ai beaucoup aimé la polysémie du titre du livre Racines qui renvoie aussi à l’identité d’une personne, ses origines.

Ce roman graphique a aussi beaucoup renseigné mon ignorance sur les origines géographiques et les types de cheveux. Rose, le personnage de La Réunion a les cheveux bouclés et non crépus comme Axelle de Saint Cirel, la magnifique chanteuse lyrique des JO.

Ce printemps, une comédie marrante avec Kev Adams et Michael Youn est sortie sur les écrans : Certains l’aiment chauve. Ils ont fait sensation au dernier festival de Cannes en montant les marches de la Croisette en feignant la calvitie. C’était très bien joué étant donné le poids de l’apparence à cet évenement médiatique planétaire.

Compte tenu des drames que les réseaux sociaux suscitent : les greffes de barbes ou de cheveux que subissent les hommes chauves et qui tournent mal, un roman graphique consacré au cheveu masculin serait une idée en or !

Ce roman graphique confirme une certitude que je partageais ici dans un précédent article : les romans graphiques supplantent l’album de BD et l’essai de société. Il combine les deux genres avec beaucoup de réussite, avec une portée universelle !

BD & romans graphiques·Du livre à l'écran

Pourquoi les Schtroumpfs plaisent à toutes les générations d’enfants dans le monde entier?

Cette semaine, j’ai emmené ma fille voir le dernier film d’animation Les schtroumpfs.

Ce n’était pas le meilleur dessin animé que j’ai vu mais c’était plaisant de passer un bon moment en musique dans le village des Schtroumpfs.

C’est Rihanna qui prête sa voix à la Schtroumpfette et cela apporte de la modernité à cette oeuvre de BD créée par Peyo en 1958.

Les bandes-annonces faisaient la promotion d’autres dessins animés plus récents et bien plus médiocres. Même si les Schtroumpfs ont été repris en 3D par un studio d’animation beaucoup plus moderne, les traits au crayon de BD ont été conservés.

Cela fonctionne avec les nouvelles générations car il s’agit d’une véritable oeuvre qui cartonne depuis bientôt soixante-dix ans. Comme dit l’adage, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures…

Nostalgie et transmission, deux ingrédients majeurs du succès populaire des Schtroumpfs.

Au départ, les Schtroumpfs étaient des personnages secondaires des aventures de Johan et Pirlouit, dessinées par Peyo dans les années 1950. Ils sont devenus de plus en plus récurrents, quitte à conquérir le haut de l’affiche avec leurs propres albums et même leur journal.

Peyo a continué de les faire évoluer dans un Moyen-âge mythifié avec le sorcier Gargamel qui les terrorise avec son chat Azraël pour s’emparer de la pierre philosophale. Les Schtroumpfs sont un peuple imaginaire avec une langue spécifique (inventée lors d’un dîner avec Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe).

Ce qui me plait avec ces petits hommes bleus, c’est cette douce utopie avec ce village bucolique et ses maisons champignons. Ils mangent de la salsepareille et vivent en communion avec la nature. Diverses interprétations circulent pour situer géographiquement le village des Schtroumpfs : est-ce dans les Ardennes, le Luxembourg ou même Aubenas en Ardèche comme indiqué dans un des quarante-deux albums des Schtroumpfs.

Je me souviens d’une aire de jeux sur l’A6 à Jugy avec ses champignons géants où je rêvais d’aller jouer avec mon frère. Walibi a même crée un temps un parc à thèmes autour du monde merveilleux des Schtroumpfs.

Les Schtroumpfs portent des bonnets phrygiens blancs très reconnaissables, celui du grand Schtroumpf est rouge pour montrer son autorité. Chaque Schtroumpf se définit par un métier ou un trait de caractère. Ils fondent ensemble une société utopique où il fait bon vivre.

Les personnages nous sont familiers : une seule femme vit au village des Schtroumpfs : la Schtroumpfette, on s’attache même aux gros méchants : Azraël et Gargamel.

Malgré la mort de leur créateur en 1992, la série continue, reprise par les héritiers de Peyo. Les Schtroumpfs continuent de plaire aux parents car ces personnages véhiculent une certaine idée de la fraternité, ils sont sécurisants.

L’héritage culturel des Schtroumpfs : un business florissant.

Depuis 1958, plus de 42 albums BD des aventures des Schtroumpfs ont été publiés tout d’abord dans le journal Spirou, puis aux éditions Dupuis, ensuite en autoédition et désormais aux éditions Le Lombard.

Les Schtroumpfs se sont également invités au rayon biscuits et bonbons des supermarchés : depuis 1981, Haribo commercialise les Schtroumpfs en gélatine bleue , rouge et jaune. Delacre a aussi crée une gamme de biscuits à leur effigie.

Les Schtroumpfs sont un peu les ambassadeurs de la Belgique dans le monde entier comme Tintin : on décore un avion à leur image, une exposition BD à Bruxelles réunit 240 000 visiteurs. A titre personnel, j’aimais beaucoup lire les albums des Schtroumpfs quand j’étais enfant car j’aime énormément leur village si bucolique.

Il se trouve que pendant nos vacances en Bulgarie, nous avons visité un parc publique dédié aux architectures du Hobbit avec une mini-maison catapultée du village des Schtroumpfs. Il s’agit du Golden park de Lukovit.

Il faut dire que la BD belge des années 1950 est particulièrement créative dans le domaine de la jeunesse. Walthéry, le créateur de Natacha, hôtesse de l’air fut l’assistant de Peyo dès ses débuts. Peyo a également crée les séries Johan et Pirlouit mais aussi Benoit Brisefer.

Dans la série Icônes de l’enfance, je vous invite à découvrir mes billets de blog consacrés à Martine, Natacha, Le Petit Nicolas, Ana Ana, Tintin et Gaston Lagaffe. Le but de cette rubrique est de célébrer les plus beaux succès de la littérature et de la BD jeunesse.

Analyser pourquoi ils se transmettent de générations en générations, pourquoi étaient-ils innovants dans leur contexte de création. Je travaille depuis plus de quinze ans dans les métiers du livre et de la presse, quelle est la recette d’un best-seller est une question que me passionne ! .

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Lebensborn, un roman graphique à la fois intime et universelle : naître dans une maternité nazie

J’ai découvert Lebensborn, ce roman graphique autobiographique dans les dernières pages du magazine La Croix l’hebdo. Mais c’était difficile de suivre le fil de l’histoire car il était divisé en extraits comme un feuilleton. Je viens de l’emprunter à la médiathèque de ma ville pour le lire en entier cette fois-ci : c’est un vrai joyau à la fois au niveau du dessin mais aussi pour la force du récit inter-générationnel.

Lebensborn, c’est l’histoire de la dessinatrice : Isabelle Maroger. Elle grandit dans les années 1990, à une époque où les relations avec l’Allemagne sont idylliques : c’est l’Europe. Sa maman va alors lui révéler que leur grand-mère qui les a tant choyé l’a adoptée toute petite.

Lebensborn, Isabelle Maroger, Bayard graphic, 9782227500822, 224 pages, 22€

Elle vient de Norvège, issue d’une histoire d’amour entre une jeune norvégienne et un officier allemand. Il n’adhérait pas aux idées raciales des nazis mais il suivait le mouvement. Leur bébé est donc né dans une maternité nazie dans laquelle on lui traçait toute une trajectoire funeste. Heureusement, sa mère biologique a retrouvé ses esprits et elle a fui en traineau grâce à sa soeur en 1945.

Ce beau roman graphique de 200 pages, est une succession de flash-backs qui raconte comment une mère et sa fille sont parties ensemble en famille à la recherche de leurs origines entre Norvège et Allemagne.

Le résumé :

Un jour, Isabelle Maroger se promène avec son fils sur le ventre et elle se fait interpeller par une femme qui la complimente pour ce bel enfant blond aux yeux bleus et ajoute « ça devient rare comme race » … Un choc pour Isabelle, qui réalise qu’il est temps pour elle de raconter son histoire. Car si elle est, elle aussi, grande, blonde et aux yeux bleus, c’est parce qu’elle est à moitié norvégienne.
Sa mère est née, pendant la guerre, dans un Lebensborn, ces maternités mises en place par les nazis pour produire à la chaîne de bons petits aryens. « Un roman graphique d’une rare puissance sur son histoire familiale, une enquête bouleversante sur les maternités nazies ».

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique très dense en petits dessins, en émotions. Sa lecture m’a donné matière à réflexion les semaines suivantes en pensant à cette chronique que j’avais très envie d’écrire. L’auteure montre comment leur histoire familiale s’est retrouvée prisonnière d’un grand délire racial façonné par ces fous furieux nazis. Mais ce n’est pas une BD historique avec une chronologie linéaire.

Feuilletez ici un extrait du roman graphique.

La force de cette BD est de montrer les sentiments, les émotions d’une famille à la recherche de ses origines. L’histoire commence très fort avec cette discussion terriblement gênante autour des traits physiques d’un nourrisson dans un bus en 2014. Le vrai sujet de cette BD, c’est avant tout la transmission des souvenirs, d’une histoire bien plus que la génétique. Cette histoire parle d’adoption, de retrouvailles avec des frères et soeurs quarante ans plus tard…

Le style graphique d’Isabelle Maroger est très graphique, contemporain et même féminin. J’ai beaucoup aimé les petits dessins pour illustrer un changement de chapitres. Les vignettes sont foisonnantes : on peut en compter trois sur une même page. Elle se sert de la couleur alternée au noir et blanc pour définir le temps du récit et ceux des souvenirs.

D’autres BD et films qui traitent de la seconde guerre mondiale :

Guernica, plaidoyer pour la paix en BD, éditions La boite à bulles

Adele Bloch-Bauer, la Joconde des nazis était juive

Droits réservés La boite à bulles
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Natacha, hôtesse de l’air

Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup lire les albums de Natacha parce que c’était rare une femme comme héroïne de BD et le métier d’hôtesse de l’air était sacrément romanesque. Je trouvais ces BD grâce au fameux bibliobus de l’Ardèche qui alimentait la simple étagère qui servait de bibliothèque municipale dans le village où je passais mes vacances.

Natacha, Walter et l’équipage de l’avion égayait mes journées d’été pluvieuses quand le brouillard jouait les trouble-fête en août sur le plateau ardéchois.

Natacha est une série d’albums BD franco-belge crée par Gos et Walthéry et publiée par les éditions Dupuis. François Walthéry est aussi le dessinateur de Benoit Brisefer, Johan et Pirlouit, Les Schtroumpfs… Une vingtaine d’albums de BD ont été publiés en 1970 et 1998. J’ai bien envie de lire le dernier album de Natacha : L’épervier bleu, paru en 2018 pour me confrontrer à mes souvenirs de lecture.

En avril prochain, Natacha va partir à la conquête du cinéma sous les traits de Camille Lou et de Vincent Dedienne qui jouera Walter. Le film s’est inspiré d’un album : Natacha et Monna Lisa. Il se moque un peu du métier d’hôtesse de l’air de l’héroïne.

« Distribuer des Cocas à des gens qui ont les chevilles gonflées c’est ça votre rêve ? »

Une fresque street art en l’honneur de Natacha et Walter a été inaugurée à Bruxelles en 2009, signe que cette série BD fait partie du patrimoine national au même titre que Tintin, Gaston Lagaffe ou encore Martine.

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Pourquoi le roman graphique cartonne depuis dix ans ?

Il y a peu j’ai chroniqué dans ce blog le roman graphique Suzanne, éditions Ankama, une biographie en BD de la championne de tennis Suzanne Lenglen.

J’ai aimé le rythme frénétique de la narration calqué sur le suspens d’un match de tennis et j’ai beaucoup appris sur elle et sur son contexte historique.

J’ai alors réalisé que le roman graphique était vraiment l’un des genres littéraires que j’aimais le plus lire.

Enquête sur un phénomène éditorial en ascension fulgurante depuis dix ans mais qui existe depuis les années 1970.

Le roman graphique se distingue de l’album traditionnel de BD par son format plus épais car la pagination est plus importante. On mise alors sur un travail et un langage personnel de la part de l’auteur. La narration est plus longue, l’histoire se veut conclusive.

Une nouvelle forme de biographie

Les romans graphiques que je préfère lire sont ceux qui sont dotés d’un dossier documentaire à la fin avec des photographies d’archives en noir et blanc. Pour moi, c’est vraiment cette caractéristique documentaire qui définit un roman graphique.

Parfois même, le livre est une commande passée par un musée ou une institution comme le mémorial de la Shoah pour Retour à Birkenau de Ginette Kolinka, le musée de l’armée pour Missak Manouchian, éditions les Arènes ou encore la fondation John Bost qui a passé commande aux éditions La boite à bulles.

Il y a des romans graphiques qui marchent très bien comme L’arabe du futur de Riad Sattouf qui a apporté 800 000 lecteurs aux éditions Allary ou alors Les strates, l’autobiographie juvénile de Pénélope Bagieu qui a attiré plus de 80 000 lecteurs (comme l’analysait Vincent Brunner dans son article des Inrockuptibles, daté du 12 janvier 2022).

La production de romans graphiques est en forte hausse depuis une décennie mais toutes les productions ne sont pas toutes rentables et bien identifiées parmi l’offre de BD publiées chaque année.

Comme pour les romans, le lectorat du roman graphique et majoritairement féminin. J’ai remarqué que comme pour les chanteuses : Suzanne, Pomme, Angèle, on titre les biographies de femmes illustres par leur prénom : Suzanne (Lenglen), Dulcie (September, éditions Futuropolis) pour créer un lien affectif avec le sujet de ces romans graphiques.

Il y a clairement une volonté éditoriale de surfer sur le succès des Culottées, éditions Gallimard. Ces deux tomes ont cumulé pas moins de 500 000 ventes et ont même fait l’objet d’une adaptation en dessin animé.

Mais j’aime énormément les séries d’albums BD car on s’attache vite aux personnages et à leurs univers. Cela fidélise le lectorat… et assure le jackpot à leurs éditeurs sur plusieurs générations.

Je suis aux aguets quand parait un nouvel album de Cédric, Les tuniques bleues ou Le petit Spirou car je suis nostalgique de mes lectures d’enfant et j’ai envie de les transmettre à ma fille. Grâce à mon travail, j’ai découvert les albums de Loupio, édités par Mame. C’est un jeune troubadour orphelin au temps de Saint François d’Assise. Cela me rappelle une série Johan et Pirlouit que j’aimais beaucoup.

Dans un prochain article, il m’a paru essentiel de rendre hommage à Bernadette Desprès, l’illustratrice phare de Tom-Tom et Nana, une série de J’aime lire, éditée par Bayard.

Et vous êtes vous plutôt team albums ou team romans graphiques?

BD & romans graphiques

Jeu, set et match pour la BD Suzanne : l’histoire d’une légende du tennis.

En juin dernier, j’ai eu la chance extraordinaire de pouvoir passer une journée à Roland Garros, le temple parisien du tennis international. Ce tournoi où se pressent les acteurs et autres influenceurs car c’est le lieu où il faut être vu au mois de mai à Paris.

Même Emily in Paris choisit Roland-Garros pour y tourner une scène de la série. D’ailleurs la mode sportive a une grande place à Roland-Garros avec les boutiques Lacoste, du nom d’un des trois mousquetaires du tennis des années 1930.

Et les jeunes touristes asiatiques et américaines portent des jupes plissées et des chaussettes de tennis à mi-mollets comme une célèbre Suzanne Lenglen.

Suzanne Lenglen était une tenniswoman qui a marqué son époque par son jeu audacieux mais aussi sa personnalité pugnace et téméraire et son sens de la mode alors que les Années folles battaient leur plein.

D’ailleurs à Roland Garros, j’ai été marquée par son empreinte légendaire un siècle plus tard. Il y avait d’ailleurs une grande statue d’elle devant le court qui porte son nom.Ses tenues ont même inspiré l’architecte du toit couvrant son court. En 2021, Dominique Perrault a imaginé un toit retractable suivant les volutes de ses jupes plissées imaginées par Jean Patou dans les années 1920.

C’est peu dire que Suzanne Lenglen est une personnalité iconique et ce beau roman graphique tombait à pic pour mieux connaître son histoire.

Suzanne, Tom Humberstone, Editions Ankama, 201 pages, 21.90€

Le résumé :

Bien avant de donner son nom au deuxième plus grand court de Roland-Garros, la joueuse de tennis Suzanne Lenglen fut une immense championne, peut-être la plus importante de l’histoire du sport féminin. Au-delà de son palmarès, « la Divine », comme elle était surnommée pour son style de ballerine et ses airs de diva, a révolutionné son époque et son sport, incarnant à la perfection l’énergie sans limite des Années folles.

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé lire ce roman graphique très réussi. Il reconstitue avec brio l’intensité de matchs de tennis à très haut niveau. Tout au long de la lecture, on sent une tension permanente tant le rythme de narration est soutenu. Il est à l’image de la sportive qui a vécu une vie à 1000 kms/ heure. Peut être est-ce lié au fait qu’elle a terminé sa vie sur les rotules, terrassée à 39 ans par une leucémie foudroyante ? .

La force de ce roman graphique est de raconter l’ascension sportive d’une jeune femme persévérante qui a réussi à révolutionner un sport grâce à son jeu très énergique et gracieux. C’est une lecture très dense, je le redis. Elle nous plonge dans l’intensité d’un match de tennis au moment de la balle de match.

Ce type de narration est voulu et c’est très réussi. Ensuite le récit est divisé en cinq grands chapitres avec des sous titres bien utiles pour suivre la chronologie de la carrière de Suzanne . On constate bien que Suzanne a eu une relation un peu ambivalente avec son père qui est rapidement devenu son entraîneur. Cela semble être une constante dans le tennis : Richard Williams et ses filles Venus et Serena, le père de Mary Pierce, la mère de Martina Hingis …

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique qui ravira les passionnés de tennis. Mais j’ai un peu regretté le manque de profondeur psychologique de cette BD. Les sentiments de Suzanne sont peu développés, on la présente comme une machine de guerre qui remporte trophée après trophée.

Peut être que c’est la réalité, une sportive qui met ses émotions dans sa poche pour bâtir une telle carrière sportive. J’ai aimé son style de jeu, ses tenues sportives tellement iconiques mais j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages de l’histoire, Suzanne en tête.

La vraie valeur ajoutée de ce roman graphique est le beau dossier documentaire à la fin du livre avec photographies d’archives en noir et blanc ainsi que les gravures de mode de Jean Patou.

Il faut souligner que Suzanne Lenglen fut l’une des premières sportives à intégrer le star-system. Elle n’a pas seulement révolutionné le tennis, elle a aussi porté des tenues audacieuses et raffinées sur le court. Suzanne fut une ambassadrice de la mode française et cela compte !

C’est un très beau roman graphique qui nous plonge dans l’atmosphère tellement inspirante de la Belle époque puis des années folles. Le tennis était un sport de privilégiés qui se jouait dans de beaux endroits comme Wimereux, la French Riviera, Nice, Le Touquet.

De nombreux Anglais venaient profiter du soleil de la Côte d’Azur dans les années 1920. Qui sait peut être que les rentiers de Downton Abbey ont eu l’occasion de voir jouer Suzanne Lenglen à Wimbledon ? .

Retrouvez ici mes précédentes chroniques de BD et de romans graphiques ici :

Dali avant les moustaches, un biopic surréaliste signé Julie Birmant et Clément Oubrerie

-Guernica, un plaidoyer pour la paix en BD, éditions La boite à bulles

Dulcie, portrait en BD d’une militante anti-apartheid, éditions Futuropolis

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BD & romans graphiques

Dali avant les moustaches, un biopic surréaliste en BD

Quelle joie pour moi de découvrir que le duo de talent Birmant/Oubrerie s’est lancé dans l’écriture d’un biopic BD de la vie de Salvator Dali, douze ans après la série consacrée à Pablo Picasso. Les peintres avant-gardistes espagnols ont la côte !

Leur projet s’est même sacrément étoffé et il a gagné en qualité puisque les couvertures des deux premiers tomes de Dali sont saisissantes de beauté et d’efficacité. Bien évidemment, je vais leur consacrer un petit encart dans ma nouvelle rubrique Emballée par la couv.

Revenons pourtant à Salvador !. Cette série BD est exceptionnelle car on le reconnait tout de suite même sans ses moustaches dans sa jeunesse. Le génie de ces biographies BD que ce soit pour Picasso ou Dali est de montrer l’évolution psychologique de l’homme, artiste en devenir.

Ils sont géniaux et précurseurs mais ils sont surtout sacrément fougueux et exaltés. Ce sont leurs emportements permanents, leurs tourments qui rendent leur vie romanesque.

J’aime ces biographies BD pour le trait génial de Clément Oubrerie. On reconnait tout de suite les peintres des avant-gardes. La palette chromatique est tellement belle.

Ce dessinateur sait magnifier le Paris perdu entre 1900 et 1930 avec ses monuments des expositions universelles disparus, sa vie de bohême entre Montmartre et Montparnasse…

J’ai étudié l’histoire de l’art au lycée puis à l’Ecole du Louvre. Dali et Picasso sont des peintres avant -gardistes mais aussi des célébrités du star-system. On les connait pour leurs innovations picturales mais aussi pour leurs personnalités volcaniques, leurs muses et leurs coups d’éclat.

Ces albums plairont au grand public comme aux connaisseurs d’histoire de l’art. C’est un vrai régal de lire une BD qui magnifie nos imaginaires, qui fait référence à des connaissances apprises pendant notre scolarité.

Droits réservés éditions Dargaud

Et puis ce duo Birmant/Oubrerie donne aussi de l’importance aux personnages de l’ombre comme Fernande Olivier, la première femme de Picasso ou bien Gala, la muse de Dali.

Dali, tome 1 : Avant Gala, Julie Birmant et Clément Oubrerie, 88 pages, septembre 2023, 20.00€

Le résumé :

Nous sommes en 1930 dans l’atelier de Picasso de la rue de la Boétie. Arrive Éluard, radieux. Dali dîne enfin avec sa femme, Gala. « Éluard n’est pas jaloux ? ? Non. », répond le poète.

Picasso est sidéré et met en garde son ami : pour lui, Salvador Dali, du haut de ses 25 ans, est un drôle de coco, vieux et jeune à la fois, un peintre au talent sidérant, à l’intelligence vrombissante, prêt à tout…

Et Picasso de croquer Dali en chat Mephisto, un chat qui prend vie, se frotte aux jambes d’une Gala qui se baisse et le caresse, et le chat aussitôt de l’emmener avec lui dans son passé, sa jeunesse, et pour commencer à Figueras, ville de Catalogne.

Feuilletez l’album ici

Dali, tome 2 : Gala, Julie Birmant et Clément Oubrerie, 88 pages, août 2024, 20€

Le résumé :

Paris. 1929. Salvador Dali s’enfuit avant la projection du « Chien Andalou » qu’il a co-écrit avec son ami Buñuel. Ignorant tout du succès retentissant du film, il quitte Paris, en quête de gloire et de femmes, et embarque ses angoisses avec lui pour retrouver sa catalogne natale. Cet été là, à Cadaquès, il fait la rencontre de Gala Eluard dont l’obsédante existence va changer sa vie.

Feuilletez l’album ici

J’espère que cet article vous aura permis de belles découvertes BD qui se prolongeront par une visite du musée de Montmartre. En 2014, le musée avait organisé une superbe exposition Picasso à Montmartre autour de l’univers de la BD. J’avais beaucoup aimé la maquette du quartier et les crayonnés de la BD. L’exposition se terminait par un audio d’époque où Fernande Olivier, très âgée racontait ses souvenirs de 1900.

Et puis je pense qu’une visite en Catalogue va bientôt s’imposer à nous pour notre prochaine escapade en famille. J’ai visité le musée Dali de Figueras il y a une vingtaine d’années et c’était une visite inoubliable en raison de l’architecture exceptionnelle du lieu.

A quand une série BD sur l’oeuvre d’Antoni Gaudi, un autre génie de l’histoire de l’art en Espagne ?

Retrouvez ici mes précédentes chroniques BD :

Guernica, un plaidoyer pour la paix, éditions La boite à bulles

-Ana Ana, la poésie de l’enfance, éditions Dargaud.

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BD & romans graphiques·Sociologie

Dulcie, portrait en BD d’une militante réduite au silence par un déferlement de violence.

J’ai découvert ce roman graphique à la médiathèque de Fontenay sous bois où je vis. Sa couverture rouge et son titre : Dulcie sont très efficaces. Le prénom de cette militante de l’ANC est tendre comme un bonbon et pourtant le système contre lequel elle milite n’a rien de doux.

Dulcie, Du Cap à Paris, enquête sur l’assassinat d’une militante anti-apartheid. Textes de Benoît Collombat et dessin de Grégory Mardon, Futuropolis, 304 pages, 26€

Armement nucléaire, « escadrons de la mort », attentats terroristes…, le long processus de libération de Nelson Mandela et son accession à la présidence sud-africaine le 9 mai 1994 n’a pas été un beau chemin bordé de roses pour les militants de l’ANC. D’ailleurs, Dulcie ne verra pas Nelson Mandela président car elle sera assassinée deux ans plus tôt… à Paris sous le mandat de François Mitterrand.

Quelques jours après avoir découvert cette BD à la médiathèque, je parcours les rues de la Courneuve un dimanche matin dont une qui s’appelle Dulcie September comme de nombreuses rues en France… Par curiosité, je regarde la plaque pour regarder l’âge à laquelle est morte comme tant de vieilles dames résistantes. Et là stupeur, je découvre qu’elle est morte à 52 ans, assassinée dans les années 1990 dans un quartier sécurisé de Paris.

J’ai éprouvé beaucoup de colère à ce moment là, la France ce n’est pas le Far-West ! Quelle impuissance de ne pas avoir su protéger une réfugiée politique. Mais Dulcie était-elle vraiment en sécurité en France?. Derrière l’assassinat de Dulcie September, se dessine un véritable polar géopolitique, où l’argent et le cynisme font la loi.

J’ai découvert les éditions Futuropolis en travaillant au festival du livre de Paris sur le stand des éditions du musée du Louvre, son co-éditeur. Depuis vingt ans, les musées d’art et la bande dessinée font bon ménage dans une collection.

Cela a même donné lieu à une exposition au musée de la BD à Bruxelles : Bulles de Louvre en 2022. Je vous recommande L’ile Louvre de Florent Chavouet qui raconte la vie quotidienne au musée du Louvre, une île refuge pour des millions de touristes…

Futuropolis, un éditeur engagé qui fête ses 50 ans en 2024

Je vous recommande cette maison d’édition qui est une référence BD pour moi. J’aime énormément les biographies et les récits singuliers comme il les appelle. Futuropolis c’est l’éditeur d‘Etienne Davodeau qui a dessiné et écrit Lulu femme nue porté à l’écran par Karin Viard… J’ai bien envie de lire Jesse Owens, des miles et des miles de Gradimir Smudja.

Enfin, écrire cette chronique de BD sur le militantisme d’une femme contre l’apartheid m’a paru important dans le contexte politique très clivant que nous vivons actuellement.

J’avais envie de lister les différentes BD et romans graphiques qui ont nourri mon rejet de la xénophobie, des idées mortifères où les étrangers et les chômeurs sont pris pour les boucs émissaires … C’est le rôle de la BD de nourrir notre intelligence et notre esprit critique…

Missak et Méliné Manouchian, reconnus par la nation pour leur résistance face à la haine.

Retour à Ravensbruck, le récit de déportation de Ginette Kolinka qui m’a émue aux larmes

Guernica, un plaidoyer pour la paix en BD

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