Comme quatre millions de Français, je me dépêchée d’aller voir Un petit truc en plus au cinéma ce week-end. La plupart de mes collègues l’ont déjà vu et le bouche à oreille a joué son merveilleux et efficace rôle de prescription.
Le résumé du film :
Pour échapper à la police, un fils et son père en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Le début des ennuis et d’une formidable expérience humaine qui va les changer à jamais.
Il y a plein de comédies sympas qui sortent sur les écrans : Chasse gardée, Ici et là-bas et pourtant le film d’Artus a un petit truc en plus (elle était facile, c’est vrai).
Je parlerai peu du film en lui même car je pense que la France entière connait un peu l’intrigue du film. J’avais surtout envie de parler du phénomène autour de ce film. C’est un film réconfortant en cette actualité effroyable et pesante.
On sent dans son discours l’envie de faire changer les perceptions collectives sur les handicapés aussi bien physiques que mentaux. J’ai lu dans le dossier de presse du film que quand il avait une dizaine d’années, il avait invité un de ses copains de classe autiste, à son anniversaire. La maman lui avait téléphoné pour s’assurer qu’il invitait son fils pour de bonnes raisons car elle craignait qu’on ne se moque de lui une fois de plus.
Ce film symbolise aussi la revanche de certains parents d’adultes trisomiques comme la maman d’Arnaud, un des acteurs du film. Arnaud travaille comme équipier au café Joyeux, il a 45 ans. Mais dans les années 1980-1990, ses parents ont subi les regards malveillants au restaurant, quand on s’arrête de manger et qu’on se donne un petit coup de coude car un enfant trisomique entre dans la salle.
Heureusement que la société française a beaucoup évolué depuis avec la création des Cafés Joyeux, l’émission Les rencontres du papotin ou encore le film Le huitième jour qui a reçu le prix d’interprétation masculine attribué à Daniel Auteuil et Pascal Duquenne en 1996.
Cette troupe de comédiens accompagnés de leurs éducateurs et de leurs parents sur le tournage ont réalisé quelque chose de grand. Ils ont appris leur texte avec une oreille ou selon la technique du perroquet alors qu’ils ont des difficultés d’élocution et que ça n’est pas leur métier. Mieux, ils ont remis au goût du jour une chanson aux paroles un peu idiotes mais sacrément sympa quand on part en colo !
Je pense que la spontanéité exprimée, le joyeux bazar et le fait de kiffer simplement leur réussite sur les marches du festival de Cannes a été leur meilleure carte pour donner envie aux spectateurs d’aller voir ce film. Ils sont beaucoup plus souriants que toutes ces stars impassibles qui contrôlent leur image.
Ce film est un petit miracle, une belle expérience humaine collective. On sent que les acteurs principaux : Artus Belaïdi, Clovis Cornillac pourtant habitués aux rouages du cinéma français ont vécu une aventure exceptionnelle bien plus intense que les films dans lesquels ils ont l’habitude de jouer.
Cette intensité émotionnelle se retrouve aussi dans les salles de cinéma : des gens qui ne se connaissent pas rient ensemble. On a applaudit l’équipe à la fin du film. Certes, les Français sont des râleurs mais quand on leur propose des comédies qui touchent au coeur, ils sont touchés. J’ai vécu une expérience similaire en allant voir au cinéma Intouchables ou Envole-moi.
Enfin, j’ai été personnellement touchée par ce film car il a été tourné à Valence, la ville dont je viens et le Vercors, que j’aime particulièrement. La fameuse route des Goulets est assez éprouvante en car. Le gîte sur les hauteurs est superbe, cela m’a rappelé mes colos chrétiennes quand j’étais collégienne. Surtout quand on leur sert des plâtrées de lasagnes peu ragoutantes.
Je suis même arrivée à convaincre mes parents d’aller au cinéma voir le film cette semaine. On souhaite à toute cette équipe de franchir le cap des dix millions de spectateurs. Ce serait une réussite bien méritée.
Retrouvez-ici mes précédents articles qui parlent de la trisomie 21 et comment la société doit changer son regard pour être à la page.
-L’extraordinaire Marcel, témoignage d’une famille qui a médiatisé son quotidien pour encourager les autres parents d’enfants porteurs de trisomie 21
–Mongolien toi même, Chronique de la BD Ce n’est pas toi que j’attendais de Fabien Toulmé
–La différence invisible, chronique de l’autisme Asperger
-Une autre forme de convivialité, bien plus authentique au café Joyeux Opéra.

Je n’ai pas forcément fait attention à ce film alors qu’il a l’air à voir et d’être porte par des acteurs qui se sont investis et ont tourné avec plaisir.
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Oui c’est exactement la raison du succès du film. Les acteurs ont été au bénéfice de la simplicité et de la spontanéité.
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