BD & romans graphiques

Icônes de l’enfance : Boule et Bill, fresque de l’harmonie familiale grâce à un facétieux cocker

Une fresque street- art du parcours BD : rue du Chevreuil à Bruxelles

A l’occasion de la parution d’un nouvel album de sketchs de Boule et Bill, je me suis replongée dans ma propre enfance.

Mes parents conservent précieusement dans leur garage quelques albums de Boule et Bill que nous lisions mon frère et moi. En grandissant, j’ai un peu renié Boule et Bill car je trouvais leur vie très classique voire un peu ennuyeuse, heureusement que leur chien Bill vient mettre un peu de pagaille dans cette maison très proprette.

Mais en devenant maman, je me suis rendue compte que j’étais assez attachée à cette BD et que j’avais envie de la transmettre à ma fille. Elle aime beaucoup la série Martine, un autre long seller du patrimoine de la littérature jeunesse belge.

« Boule & Bill, c’est comme un album de photos de famille : on n’y range que le bonheur » Roba

Une œuvre largement autobiographique : une famille classique qui parle au plus grand nombre

Boule et Bill est une série familiale et largement autobiographique créee par Jean Roba en 1959 (la même année qu’Astérix ). Boule est un petit garçon qui vit avec ses parents, son cocker et sa tortue de compagnie dans un pavillon de banlieue. Ses parents font partie de la classe moyenne qui est en train de s’enrichir pendant les Trente Glorieuses avec une maison individuelle, un chien de race et du temps pour les loisirs.

Le père (le double de papier de Roba) travaille dans une agence de publicité avec un patron Mr Coupon Dubois, pas bien commode qui ressemble un peu à Mr de Mesmaeker dans l’univers de Gaston Lagaffe. Mais heureusement, on ne parle pas beaucoup du travail du papa de Boule, la plupart des gags montrent Boule et Bill en train de jouer tous les deux ou avec leurs copains respectifs.

Roba, élève de Franquin va suivre une voie très personnelle au sein de l’école de Marcinelle

Jean Roba (1930-2006) est un ancien publicitaire qui rejoint un studio de dessinateurs de BD sous la houlette du célèbre André Franquin pour contribuer au fameux journal Spirou. Ils feront ainsi partie de l’école de Marcinelle qui pratique une ligne sombre à l’opposée de la ligne claire d’Hergé.

Cette ligne se caractérise par des dessins caricaturaux, un gros nez et des bulles de BD arrondies. C’est particulièrement remarquable dans le travail de Peyo , auteur des Schtroumpfs mais aussi de Johan et Pirlouit, Franquin créateur de Gaston Lagaffe, Roba, Albert Uderzo ou encore François Walthéry, assistant de Peyo et créateur de Natacha

Je trouve que Roba a suivi une voie très personnelle en choisissant la veine autobiographique. Propriétaire de sept cockers roux, Roba a puisé dans sa propre histoire pour créer un personnage emblématique de la BD belge depuis bientôt 70 ans.

Bill, Gaston Lagaffe des anti-héros gaffeurs qui plaisent aux enfants

Je pense que c’est ce qui m’a attiré quand j’étais enfant : cet univers rassurant dans lequel ont vécu mes grands- parents. Je n’ai pas connu les années 1970 et cette époque l’intéressait. J’ai appris à lire avec Boule et Bill mais aussi Gaston Lagaffe qui proposaient des univers passionnants pour les enfants : un chien malin et facétieux qui révolutionne la vie d’une famille tranquille, une rédaction de presse où Gaston, l’employé le plus paresseux met sans dessus dessous une entreprise sérieuse…

A travers la quarantaine d’albums de Boule et Bill, on a appris à apprécier (ou non) leur entourage proche ou lointain : la voisine acariâtre et son chat Sénéchal, l’agent de police, le voleur, le facteur, Mr Coupon-Dubois, les copains de l’école de Boule dont Pouf, les copains chiens de Bill…

Moi j’aime beaucoup les mésanges bleues, véritables alliées de Bill et la tortue Caroline. Dans cette série BD très familiale, les animaux prennent leur revanche sur l’Homme.

Comment Bill, le cocker facétieux a séduit le 7eme art

Boule et Bill, c’est une série BD à succès : une quarantaine d’albums, 21 millions d’exemplaires vendus et traduits en une quinzaine de langues.

Boule et Bill ont été adaptés deux fois au cinéma en 2013 et 2017 avec des acteurs français : Franck Dubosc et Marina Foïs puis Mathilde Seigner pour jouer le rôle des parents de Boule.

Je trouve ça un peu dommage que ce ne soit pas des acteurs belges comme François Damiens, Benoit Poelvooerde, Marie Gillain ou Cécile de France pour interpréter ces parents.

Je note que dans l’adaptation ciné, la maman de Boule travaille car la répartition d’origine : le père de famille qui lit son journal pendant que maman est aux fourneaux dans la cuisine n’est plus possible au 21eme siècle.

Les parents de Boule, un couple très stéréotypé, tout sauf moderne

J’ai vu un sacré contraste entre les parents de Boule, assez conservateurs et le couple un peu hippie sur les bords de la BD Les beaux étés de Zidrou et Jordi Lefèvre. Tous belges mais des couples sacrément différents.

Il y a un album de Boule et Bill que j’ai particulièrement aimé car sa couverture est très réussie. Contrairement aux autres albums, Globe-trotters est une histoire complète et non une succession de gags.

Le résumé :

Boule et Bill ont remporté un voyage autour du monde. Ils embarquent avec Papa et Maman et un employé de la société ayant organisé le concours, John-Cadre d’Hinnamich, alias J.C. Mais le voyage ne se déroule pas comme prévu et après quelques escales, Boule, Bill et J.C. se retrouvent séparés des parents de Boule. L’employé va alors tout faire pour réunir la famille et terminer le voyage dans les temps.

Après plusieurs péripéties, Boule et Bill sont enfin réunis avec les parents, et J.C., sa mission accomplie, démissionne et se fait engager dans la légion étrangère. C’est mon album favori de Boule et Bill.

Le chien Bill, de loin mon personnage de BD favori.

Dès que je vois un cocker roux dans la rue, j’ai une tendresse particulière pour lui car il me fait penser à Bill. Une année, j’ai ramené à mon frère qui avait la vingtaine bien tassée, des goodies du festival du livre de Paris : des oreilles de cocker en tissu pour fêter les 60 ans de la BD. Il était fin heureux. Ce Bill est à la fois sacrément cabot et facétieux. Il a mauvais caractère et prend facilement la mouche mais il tombe aussi facilement amoureux. C’est de loin mon personnage de BD favori !

Le chercheur Nicolas Tellop explique que Jean Roba s’est inspiré du beagle américain Snoopy pour créer Bill, son personnage fétiche.

Autant je trouve le couple des parents de Boule très classique et peu intéressant, autant je trouve le héros Bill à la fois cabot, drôle et sacrément moderne !

BD & romans graphiques·Du livre à l'écran

Pourquoi les Schtroumpfs plaisent à toutes les générations d’enfants dans le monde entier?

Cette semaine, j’ai emmené ma fille voir le dernier film d’animation Les schtroumpfs.

Ce n’était pas le meilleur dessin animé que j’ai vu mais c’était plaisant de passer un bon moment en musique dans le village des Schtroumpfs.

C’est Rihanna qui prête sa voix à la Schtroumpfette et cela apporte de la modernité à cette oeuvre de BD créée par Peyo en 1958.

Les bandes-annonces faisaient la promotion d’autres dessins animés plus récents et bien plus médiocres. Même si les Schtroumpfs ont été repris en 3D par un studio d’animation beaucoup plus moderne, les traits au crayon de BD ont été conservés.

Cela fonctionne avec les nouvelles générations car il s’agit d’une véritable oeuvre qui cartonne depuis bientôt soixante-dix ans. Comme dit l’adage, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures…

Nostalgie et transmission, deux ingrédients majeurs du succès populaire des Schtroumpfs.

Au départ, les Schtroumpfs étaient des personnages secondaires des aventures de Johan et Pirlouit, dessinées par Peyo dans les années 1950. Ils sont devenus de plus en plus récurrents, quitte à conquérir le haut de l’affiche avec leurs propres albums et même leur journal.

Peyo a continué de les faire évoluer dans un Moyen-âge mythifié avec le sorcier Gargamel qui les terrorise avec son chat Azraël pour s’emparer de la pierre philosophale. Les Schtroumpfs sont un peuple imaginaire avec une langue spécifique (inventée lors d’un dîner avec Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe).

Ce qui me plait avec ces petits hommes bleus, c’est cette douce utopie avec ce village bucolique et ses maisons champignons. Ils mangent de la salsepareille et vivent en communion avec la nature. Diverses interprétations circulent pour situer géographiquement le village des Schtroumpfs : est-ce dans les Ardennes, le Luxembourg ou même Aubenas en Ardèche comme indiqué dans un des quarante-deux albums des Schtroumpfs.

Je me souviens d’une aire de jeux sur l’A6 à Jugy avec ses champignons géants où je rêvais d’aller jouer avec mon frère. Walibi a même crée un temps un parc à thèmes autour du monde merveilleux des Schtroumpfs.

Les Schtroumpfs portent des bonnets phrygiens blancs très reconnaissables, celui du grand Schtroumpf est rouge pour montrer son autorité. Chaque Schtroumpf se définit par un métier ou un trait de caractère. Ils fondent ensemble une société utopique où il fait bon vivre.

Les personnages nous sont familiers : une seule femme vit au village des Schtroumpfs : la Schtroumpfette, on s’attache même aux gros méchants : Azraël et Gargamel.

Malgré la mort de leur créateur en 1992, la série continue, reprise par les héritiers de Peyo. Les Schtroumpfs continuent de plaire aux parents car ces personnages véhiculent une certaine idée de la fraternité, ils sont sécurisants.

L’héritage culturel des Schtroumpfs : un business florissant.

Depuis 1958, plus de 42 albums BD des aventures des Schtroumpfs ont été publiés tout d’abord dans le journal Spirou, puis aux éditions Dupuis, ensuite en autoédition et désormais aux éditions Le Lombard.

Les Schtroumpfs se sont également invités au rayon biscuits et bonbons des supermarchés : depuis 1981, Haribo commercialise les Schtroumpfs en gélatine bleue , rouge et jaune. Delacre a aussi crée une gamme de biscuits à leur effigie.

Les Schtroumpfs sont un peu les ambassadeurs de la Belgique dans le monde entier comme Tintin : on décore un avion à leur image, une exposition BD à Bruxelles réunit 240 000 visiteurs. A titre personnel, j’aimais beaucoup lire les albums des Schtroumpfs quand j’étais enfant car j’aime énormément leur village si bucolique.

Il se trouve que pendant nos vacances en Bulgarie, nous avons visité un parc publique dédié aux architectures du Hobbit avec une mini-maison catapultée du village des Schtroumpfs. Il s’agit du Golden park de Lukovit.

Il faut dire que la BD belge des années 1950 est particulièrement créative dans le domaine de la jeunesse. Walthéry, le créateur de Natacha, hôtesse de l’air fut l’assistant de Peyo dès ses débuts. Peyo a également crée les séries Johan et Pirlouit mais aussi Benoit Brisefer.

Dans la série Icônes de l’enfance, je vous invite à découvrir mes billets de blog consacrés à Martine, Natacha, Le Petit Nicolas, Ana Ana, Tintin et Gaston Lagaffe. Le but de cette rubrique est de célébrer les plus beaux succès de la littérature et de la BD jeunesse.

Analyser pourquoi ils se transmettent de générations en générations, pourquoi étaient-ils innovants dans leur contexte de création. Je travaille depuis plus de quinze ans dans les métiers du livre et de la presse, quelle est la recette d’un best-seller est une question que me passionne ! .

BD & romans graphiques

Natacha, hôtesse de l’air

Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup lire les albums de Natacha parce que c’était rare une femme comme héroïne de BD et le métier d’hôtesse de l’air était sacrément romanesque. Je trouvais ces BD grâce au fameux bibliobus de l’Ardèche qui alimentait la simple étagère qui servait de bibliothèque municipale dans le village où je passais mes vacances.

Natacha, Walter et l’équipage de l’avion égayait mes journées d’été pluvieuses quand le brouillard jouait les trouble-fête en août sur le plateau ardéchois.

Natacha est une série d’albums BD franco-belge crée par Gos et Walthéry et publiée par les éditions Dupuis. François Walthéry est aussi le dessinateur de Benoit Brisefer, Johan et Pirlouit, Les Schtroumpfs… Une vingtaine d’albums de BD ont été publiés en 1970 et 1998. J’ai bien envie de lire le dernier album de Natacha : L’épervier bleu, paru en 2018 pour me confrontrer à mes souvenirs de lecture.

En avril prochain, Natacha va partir à la conquête du cinéma sous les traits de Camille Lou et de Vincent Dedienne qui jouera Walter. Le film s’est inspiré d’un album : Natacha et Monna Lisa. Il se moque un peu du métier d’hôtesse de l’air de l’héroïne.

« Distribuer des Cocas à des gens qui ont les chevilles gonflées c’est ça votre rêve ? »

Une fresque street art en l’honneur de Natacha et Walter a été inaugurée à Bruxelles en 2009, signe que cette série BD fait partie du patrimoine national au même titre que Tintin, Gaston Lagaffe ou encore Martine.

Littérature jeunesse

Derniers jours, la petite Martine fête ses 70 ans à la galerie Gallimard

Hier, je me suis dépêchée d’aller à la galerie Gallimard visiter l’exposition gratuite pour fêter les 70 ans de Martine. La galerie se situe à côté du siège des éditions Gallimard dans le 7eme arrondissement de Paris, rue de l’Université.

Une exposition qui m’a donné l’effet d’actionner la machine à souvenirs : mes lectures d’enfance

J’y suis allée pour retrouver mes souvenirs. Quand j’avais huit ans, je lisais et relisais les albums dans notre maison de vacances en Ardèche. Je me servais de Martine fait la cuisine car il y avait une recette de pain perdue à réaliser avec ma grand-mère Eveline.

J’aime particulièrement Martine à la ferme, Martine fait du camping et Martine prend l’avion. Ils datent des années 1950-1960 pendant les Trente Glorieuses quand la France prospérait avec l’avion Concorde par exemple. L’univers de Martine a été crée en 1954 à une époque où l’Europe se relevait d’une guerre mondiale traumatisante. Martine symbolise l’insouciante retrouvée.

Contrairement à ce que je croyais Martine n’est pas française mais bien belge. En fait Martine est même universelle et intemporelle. Elle parle à toutes les petites filles qu’elles soient nées dans les années 1970, 1980 comme moi ou 2010 comme ma fille.

Dans les années 1980, le monde bourgeois de Martine a pris un peu du plomb dans l’aile car l’image de la femme véhiculé dans ses albums, n’était plus dans l’air du temps. Mais la série ne s’est pas arrêtée pour autant . Martine compte plus de 63 albums dont Martine à Paris publié cette année pour l’anniversaire des 70 ans.

Un phénomène d’édition : des ventes qui se comptent en millions d’exemplaires comme Astérix et Tintin…

Ce véritable succès s’explique par le réalisme plutôt naïf du dessin détaillé, les couleurs pastels sont flatteuses et le texte est assez poétique. Les aventures simples et ancrées dans le quotidien d’une petite fille de dix ans touchent tout le monde. En 70 ans, il s’est vendu plus de 120 millions d’exemplaires, ses albums ont été traduits dans plus de 30 langues.

Personnellement, je n’aurai pas choisi de moi même de lire les albums de Martine mais j’aime beaucoup les souvenirs d’enfance auxquels ils se rattachent. L’univers de Martine est un peu trop cliché à mon goût, j’aime peu l’image de la petite fille et de la mère de famille. Mais j’ai appris comment se déroule un trajet en avion grâce à Martine. J’aime beaucoup plus les textes que je trouve enchanteurs et féeriques.

Comme je travaille dans les métiers du livre, il était impensable que je rate cette exposition. Je vous recommande la lecture du catalogue d’exposition édité par Casterman qui raconte toute l’histoire de cette aventure éditoriale extraordinaire commencée en 1954. Le titre L’éternelle jeunesse d’une icône est particulièrement bien trouvé.

J’ai bien envie de prévoir une petite virée en famille en Belgique pour découvrir les musées dédiés à Martine et à Tintin, deux auteurs phares de Casterman.

Les parodies, le revers de la médaille pour toute icône de la littérature jeunesse

Longtemps, j’ai renié mon attachement pour cette série d’albums que j’ai lu et relu pendant mon enfance à cause des parodies plus ou moins drôles crées en autre par le site Martine cover generator en 2007.

La blague dura un mois et le site Internet sera rapidement obligé de fermer sur demande du service juridique de Casterman. L’éditeur belge continue d’éditer de nombreux albums et les personnages de la série sont loin d’être libres de droits.

Dans un autre genre, la gamme de décoration Les jolies planches a crée de jolis carnets avec les couvertures iconiques des albums de Martine à la montagne ou Martine à la mer. Je trouve les carnets un peu chers pour la qualité du papier à l’intérieur (16 euros) mais je trouve qu’un tableau encadré avec une couverture de Martine ça aurait de l’allure dans mon bureau ou dans mon appartement (42€).

Avant d’aller visiter l’exposition, je suis allée faire un tour à la librairie Gibert, boulevard Saint Michel. J’ai découvert les nouveaux albums de Martine et je dois dire que je préfère les rééditions originales en 2010. Elles conservent les pages intérieures à l’aquarelle très vintage de la collection Farandole.

A l’époque Martine n’avait pas sa propre collection. J’ai payé l’album Martine prend l’avion 6€ 40. Vu la qualité de l’objet, je trouve ça génial que Casterman propose un album jeunesse à moins de 10 euros avec l’inflation actuelle.

Dans ce blog dédié en grande partie aux livres, je suis ravie d’avoir pu ajouter Martine à ma collection d’articles dédiée aux succès d’édition comme Astérix, Tintin, Babar… C’est d’ailleurs, ce qui passionne le plus dans les métiers du livre : analyser pourquoi un personnage littéraire séduit des millions de lecteurs sur différentes générations.

Il est indéniable que la nostalgie et l’envie de transmettre ce qu’on a aimé lire jouent dans l’achat de livres des parents. Martine prend l’avion sera lu trois fois par ma fille au cours du week-end.

Exposition Martine, l’éternelle jeunesse d’une icône, Galerie Gallimard, 30 rue de l’université, derniers jours jusqu’au 7 mai 17h, entrée gratuite.

Retrouvez ici d’autres articles consacrés à des phénomènes d’édition jeunesse intemporels comme Martine :

-Pourquoi Roule galette est tout sauf un album jeunesse ringard

Astérix a 60 ans et c’est la locomotive de l’édition française au delà de la BD

-Ba Ba Babar, mon ami Babar depuis mon enfance

BD & romans graphiques

Que valent les retours en librairies de Gaston Lagaffe et Astérix?

Cet automne, l’actualité littéraire est marquée par les sorties en librairie des albums de deux locomotives du 9eme art : Astérix (tiré à 5 millions d’exemplaires) et Gaston Lagaffe (800 000 exemplaires édités par Dupuis.

Derrière la bataille des chiffres de vente dont raffolent les journalistes, se cachent des générations de lecteurs comme moi qui ont découvert la passion de la lecture avec Gaston à 7 ans. Avec mon frère, on décalquait les dessins d’Obélix pour faire comme Uderzo…

La qualité du trait graphique : avantage Gaston.

Quand j’étais enfant, j’ai eu un vrai coup de coeur pour l’univers de Gaston Lagaffe : le petit chat tellement mignon, la mouette rieuse, Mademoiselle Jeanne l’amoureuse éperdue, la vieille voiture antique totalement foutraque, le gendarme fou Longtarin, son instrument de musique aux sonorités et aux vibrations insoutenables, ses inventions géniales…

Et surtout cette mise en abyme d’un bureau de dessinateurs de BD. Gaston et Spirou sont les meilleurs ambassadeurs de la BD belge dans le monde entier.

Je pense sincèrement que c’est la lecture de Gaston Lagaffe qui m’ a donné envie de travailler dans une maison d’édition.

André Franquin était réputé pour son sens du rythme pour que les gags qu’il dessinait aient une forme de dynamisme inégalée, sa ligne claire était reconnue dans le milieu de la BD. Cela donna à son successeur québécois Delaf une sacrée pression : quatre ans de travail pour quarante-quatre pages de gags.

Le retour de Lagaffe est donc une réussite : Delaf n’a pas commis d’impair mais cela reste quand même une succession de gags en entreprise tel une compilation d’anciens albums.

Cependant, j’ai bien aimé la chute de l’album avec ce personnage du dessinateur raté qui tire son épingle du jeu…

L’originalité du scenario : avantage Astérix avec ce nouveau album L’iris blanc.

Enfant, je lisais comme tout le monde Astérix mais sans réel attachement aux personnages comme celui que j’avais pour Le petit Spirou, Les Tuniques bleues, Gaston Lagaffe, Natacha, Benoit Brisefer…

J’ai redécouvert le plaisir de lire Astérix il y a quelques années avec les albums de Jean-Yves Ferri et Fab Caro. Pourtant les premières pages de l’Iris blanc. Je trouve sa palette chromatique un peu moche, le César de Vincent Cassel au cinéma avait un port beaucoup plus altier.

Mais la qualité du scénario de l’Iris blanc m’a bluffée. On retrouve totalement le regard critique de Goscinny et Uderzo sur la société de leur temps et les travers de leurs contemporains. Ce nouveau album s’amuse de la parole bienveillante totalement galvaudée au détriment de l’esprit critique et de l’authenticité.

Cet album promet bien des rires mais il apporte une vraie réflexion de fond sur la bienveillance à tout prix. C’est une très bonne étude des relations humaines. Astérix est la BD marquante de mon année 2023 !.

En écrivant cet article, j’ai voulu faire des recherches un peu plus poussées sur ces deux phénomènes éditoriaux que sont Astérix et Gaston Lagaffe. Crées respectivement à la fin des années 1950, Gaston Lagaffe et Astérix cumulent des chiffres de ventes tout à fait démentiels.

La BD est une industrie du livre aussi dynamique que la littérature. Il a été vendu entre 1957 et 1996, date de la mort de Franquin, plus de 32 millions d’exemplaires des 21 albums de Gaston Lagaffe, traduits en 27 langues.

Astérix est la bande dessinée la plus vendue au monde puisque son 40eme volume L’iris blanc, va lui permettre de franchir bientôt la barre des 400 millions d’exemplaires vendus. Cocorico, Astérix vend mieux que le voisin belge Tintin et ses 220 millions d’albums.

Commercialement parlant, c’est donc une très bonne idée de lancer un nouvel album de Gaston Lagaffe en même temps qu’un nouvel Astérix, cela permet des ventes additionnelles !

Les derniers albums de Gaston Lagaffe et Astérix, symboles de la BD francophone vont rejoindre l’Australie pour garnir le sapin de Noël de mon frère et sa famille, installés à Melbourne. Ce sont des souvenirs d’enfance inégalables.

D’autres articles qui célèbrent le 9eme art dans ce blog :

-On a testé l’exposition Tintin, une aventure immersive à l’Atelier des lumières.

Asterix fête ses soixante ans

Carnets de voyages urbains

Se régaler dans les Hauts de France en attendant de retourner en Belgique

C’est une tradition : un petit voyage à deux en automne en Belgique mais ce n’est pas possible cette année à cause de cet emmerdeur de Covid 19. Un saut dans le Thalys à Paris et deux heures et demie plus tard, vous reliez Bruges, Bruxelles ou Anvers pour un week-end gourmand.

Je vous invite à lire mon carnet de voyage urbain d’Anvers en novembre 2018. Cela me challenge bien de faire dans la foulée celui de Bruges et Bruxelles.

Alors cet article va vous vanter les charmes des Hauts de France, une région cousine de la Belgique pour ses nombreux traits culturels communs. Ce sont une partie de mes racines et j’y suis très attachée.

En début d’année, j’ai perdu une personne chère de ma famille, mon arrière-tante Julienne qui a su avec ma grand-mère Annette me transmettre l’amour du Nord de la France. J’apprécie aussi la grande gentillesse, le sens de l’accueil chaleureux et la bonne humeur de mes copains parisiens originaires du Nord : Anne Gie et Vincent, Sylvie et Karine qui nous a tous reçus un jour pour une sacrée carbonade !

Mon envie de voyage en double page dans mon bullet journal

Admirer les villas colorées Belle époque de Mers les bains

Je me souviens de sa plage de galets, ses grosses vagues et les falaises du Tréport. Je déteste les plages du Sud de la France où on est entassés comme des sardines. Mes grands-parents vivaient dans une magnifique maison de cinéma à colombages noirs et blancs à Canehan en Seine-Maritime. Il y avait même une île avec une cascade.

Droits réservés Paris Normandie

Depuis j’ai regardé un documentaire de l’émission pour seniors Des racines et des ailes sur France 3 sur la baie de Somme. J’ai très envie de retourner à Mers pour voir ses villas Belle époque très colorées. J’ai appris que Mers-les-Bains était une destination très en vogue pendant le Second empire avec le développement des bains de mer en 1860. Puis, cette belle adresse est tombée en désuétude avec l’avènement de la Riviera française accessible rapidement avec l’automobile dans les années 1920.

Les Hauts de France, patrie de la frite !

Pour moi le Nord c’est aussi ses baraques à frites. Comme je viens de la Drôme, j’étais toujours un peu stupéfaite par ces drôles de coutumes comme manger des frites à la mayo en revenant de la plage à 17 heures. Mais « la mer ça creuse » comme disait ma grand-mère et c’est un bon souvenir d’enfance. J’aime bien la forêt de pins de Stella plage, les moules-frites à Merlimont, une plage voisine du Touquet, un peu plus populaire et familiale.

Je vous rappelle mon carnet de voyages consacré au Touquet en juin dernier : un voyage rocambolesque c’est le mot. Les dunes du Touquet valent le détour, il faut absolument les préserver car elles ont considérablement réduit leur superficie sur la Côte d’Opale.

Montreuil sur mer et son maire de fiction : Jean Valjean !

A quelques kilomètres du Touquet, se trouve Montreuil sur mer, une belle cité de 3000 habitants, fief de mon grand-père Jean Samsoen. Ses parents tenaient un très beau magasin, les galeries montreuilloises. Au bonheur des dames dans la Pas de Calais ! Nous sommes allés à la Toussaint il y a des années avec mes parents et il faisait beau. La lumière sur les remparts de la citadelle conçue par Vauban reste un très beau souvenir.

Près de Montreuil sur mer se trouve Arras, une ville pas assez touristique à mon goût alors que c’est un petit bijou d’architecture ! J’ai vu le film La liste de mes envies avec Mathilde Seigner et Marc Lavoine, inspiré du livre de Grégoire Delacourt. On y voit le beffroi et la grand’place filmés de manière très esthétique. Arras est donc en tête dans la liste de mes envies… de voyages.

J’ai réalisé pourquoi j’aime autant les Hauts de France et la Belgique : l’architecture civile avec ses pignons à redans ou chantournés me font rêver, j’aime les beffrois de la fin du Moyen-Age. Cela me fait aussi bien voyager à Sienne sur la place communale, à Bruges, ou encore dans une scène de Vermeer à Delft aux Pays-Bas. Cela me rappelle mes cours de deuxième année à l’Ecole du Louvre sur les splendeurs du Moyen-Age et de la Renaissance en Europe.

Cela me gonfle beaucoup qu’on caricature les Hauts de France avec mépris alors que c’est une région d’une grande richesse culturelle et économique avec son patrimoine industriel et ses usines textiles. La Redoute, Camaïeu et Bernard Arnault viennent de Roubaix ou de Tourcoing. Le grand Charles, le héros de mon grand-père était un Lillois. De nombreux artistes très talentueux comme une succession de Miss France viennent du Nord.

Droits réservés Musée La piscine de Roubaix

Je ne connais pas la région de Lille mais j’ai très envie d’aller visiter son musée d’art contemporain La piscine. C’est une ancienne piscine Art déco construite dans les années 1930. Son originalité vient de son éclectisme stylistique : de l’architecture néo-byzantine par ici, reprenant le plan des abbayes cisterciennes par là…

Le lieu est une oeuvre d’art en soi avec ses immenses vitraux et son bassin…, un bon plan culturel relayé par l’ensemble de la presse. Les cabines de douches sur les côtés me rappellent les bains Belle époque où je suis allée à Budapest ou bien la piscine Molitor à Paris…

Je suis sûre que bon nombre d’entre vous ont des attaches familiales dans le Nord, se délectant des bonnes tartes au papin ou des gaufres Rita de Mamie.

Dimanche dernier, j’ai eu le plaisir de faire découvrir les fameuses gaufres Meert à mon mari dans leur boutique du Marais.

C’est un échange de bons procédés car c’est lui qui m’a fait découvrir les richesses de la Belgique. Lui sa bonne adresse, c’est la baraque à frites de la place Flagey à Ixelles. Il a invité tous nos cousins à y aller après la visite du musée Horta à Saint Gilles.

C’est décidé dans un prochain article, je vous parlerai Belgique : ma passion pour deux de ses ambassadeurs : Stromae et Angèle, la visite du musée Horta, notre voyage de noces à Bruges à la Toussaint 2014…

Carnets de voyages urbains

Anvers en automne

A chaque fois que nous allons en Belgique début novembre, nous avons le droit à un temps ensoleillé. Et quand il fait un peu froid, c’est bien appréciable.

Après Bruxelles et Bruges, cap sur Anvers pour cette année. Partis tôt le samedi matin de la gare du Nord, ce fut la grande course pour monter dans le Thalys. Mais deux heures et demie plus tard, nous étions déjà à la recherche d’une bonne gaufre belge dans la ville.

Premier émerveillement, la gare centrale d’Anvers quand on monte les escalators depuis les quais. Voici un petit aperçu en images. Dans le hall central, on se régale avec cette architecture classique du 19eme siècle : la gare a été inaugurée en 1836.

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Tiens la devise de la Belgique : L’union fait la force est la même que la devise bulgare ! Et elle est écrite en français en terre flamande. Car à Anvers, les francophones se font rares. Les petits louveteaux flamands qui venaient vers moi me vendre leurs sablés de Noël ne sont pas encore trilingues…

Une fois rassasiés de gaufres dans une boulangerie flamande, on se met à chercher notre hôtel en centre-ville.

Il s’appelle Elzenveld hotel, c’est un ancien couvent tout en briques qui me fait penser à Nonnatus house, le couvent de ma série du moment Call the midwife. Le cadre est formidable à proximité du jardin botanique, la chambre en duplex est vraiment confortable et le petit-déjeuner tient vraiment ses promesses pour 100 euros la nuit.

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Les immeubles d’Anvers sont vraiment imposants avec leurs décorations, témoignages d’une certaine opulence de la ville depuis la Renaissance. Anvers est connue pour être une place majeure des diamantaires et de la haute finance en Europe. C’était assez agréable de visiter cette ville avec toutes ces enseignes de luxe, ses façades typiques des Flandres.

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C’est très dépaysant car la culture flamande est très différente de la culture wallonne et française dans les manières de s’habiller, la langue, les modes de vie… : ici le vélo est roi ! On y retrouve les éléments architecturaux typiques comme la grand place, le beffroi, les cathédrales de la Renaissance…..

Rubens est la personnalité locale, sa statue domine la place principale de la ville et on peut visiter sa maison. A part le MAS le dimanche matin, nous avons préféré flâner dans la ville que d’arpenter les musées.

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Il se trouve vers les docks, il s’agit d’une grande tour de 65 mètres de haut qui abrite un musée de société très bien conçu, l’équivalent flamand du MUCEM à Marseille.

Il met à l’honneur le port d’Anvers, second port commercial d’Europe après Rotterdam. Ses expositions thématiques expliquent la manière de vivre à Anvers : se nourrir, se loger à travers des objets du quotidien très bien mis en scène par une scénographie intelligente. On y comprend que les colonies du Congo belge ont apporté une économie florissante pour la ville à travers le commerce de la banane et d’autres matières premières.

Le billet d’entrée de ce musée coûte 10€ et ça les vaut bien car les scénographes n’ont pas lésiné sur les moyens financiers (ça se voit très vite ) pour créer des décors audacieux et des ressources pédagogiques pertinentes et amusantes pour les adultes et les enfants.

Je vous recommande donc une escapade à Anvers le temps d’un week-end en automne, les feuilles orangées et rouges du jardin botanique sous le soleil m’ont apporté un précieux dépaysement !

Nous n’avons pas eu le temps de visiter le quartier Art Nouveau de la ville, ça sera l’occasion lors d’une prochaine visite en Belgique.

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