Expos·Ile de France et Paris·Littérature jeunesse

Le Petit prince, un conte philosophique universel et intemporel à l’honneur à l’Atelier des lumières

L’Atelier des lumières n’est pas un musée comme les autres. Dédié à l’art numérique, il explose tous les codes de la muséographie et c’est la raison de son succès. Les planches de dessins des BD ou oeuvres de littérature jeunesse sont projetées en format XXL sur les différents murs et les sols de cette ancienne fonderie de 1500 m² dans le 11eme arrondissement de Paris.

Ce dimanche, il pleuvait très fort alors que nous espérions l’été indien en septembre à Paris.

Nous nous sommes donc réfugiés à l‘Atelier des lumières car c’était les derniers jours de l’exposition consacrée au Petit prince, le best-seller ambassadeur de la culture française à l’étranger depuis sa publication en avril 1943 à New York.

Après les expositions consacrées à Tintin puis à Astérix, c’était la troisième fois que nous nous rendions à l’ Atelier des Lumières et ce ne sera pas la dernière fois même si les billets d’entrée pour les enfants ne sont pas donnés (15 € à partir de 3 ans).

Je privilégie les expositions dédiées à la BD et aux romans de littérature jeunesse car ils révèlent tout un univers avec ses couleurs, ses personnages accompagnés par des musiques contemporaines. Pour l’exposition du Petit prince, nous avons entendu Stand by me et une chanson interprétée par M. Matthieu Chedid colle tellement à l’univers du Petit prince.

Quand je travaillais il y a quinze ans à la librairie jeunesse du musée du Louvre, je conseillais des touristes du monde entier avec leurs enfants. Le Petit prince a été traduit dans plus de 600 langues et dialectes dans le monde entier. C’est le plus beau succès de la langue française hors de l’Hexagone depuis plus de 80 ans !

L’atelier des lumières, 38 rue Saint-Maur, réservation conseillée. Ouvert le dimanche de 10 heures à 18 heures.

Cr photos: © Culturespaces / C. de la Motte Rouge

J’aime bien l’univers de ce conte d’apprentissage, les aquarelles de Saint-Exupéry pour représenter les planètes, la rose, le désert sont belles mais je n’aime pas particulièrement le trait grossier pour représenter les expressions du Petit prince et du renard roux. Par contre, j’ai beaucoup aimé la relation du petit Prince avec l’aviateur et leurs écharpes qui volent au vent dans le désert. C’est une superbe oeuvre autobiographique où l’auteur a mis toute sa poésie aussi bien dans ses textes que dans ses dessins.

Je n’ai pas lu le roman du Petit prince en entier (sacrilège) mais je me souviens bien du billet de 50 francs à l’effigie d’Antoine de Saint-Exupéry ou encore du spectacle dédié à son oeuvre au cinéma à 360 degrés de la Géode en 1997.

Comme il était un écrivain-aviateur de l’Aéropostale, le spectacle de la Géode montrait des loopings au dessus de la cordillère des Andes, et ce n’est pas mon meilleur souvenir d’enfance car je n’ai pas passé un excellent moment, cela m’a vraiment donné le vertige.

L’expérience avec Saint-Exupéry à l’Atelier des lumières était beaucoup plus sereine et agréable !

Le Petit prince, un phénomène d’édition jamais égalé depuis 1943

On doit ce long seller à un éditeur américain qui avait commandé à Antoine de Saint-Exupéry ce conte philosophique pour les fêtes de Noël. Le livre sera ensuite publié en France par Gallimard en 1946, deux ans après la mort de Saint-Ex dont l’avion a été abattu en mer non loin de Marseille.

On compte plus de 200 millions d’exemplaires du livre vendus à travers le monde, dont douze millions en France. Je ne suis même plus étonnée de découvrir ce livre dans les librairies des pays étrangers que je visite : Italie, Espagne, Bulgarie… et autant de produits dérivés comme de la vaisselle en plastique pour enfants , des trousses, des livres-audio (130 millions de produits dérivés ont été vendus).

En France, l’oeuvre de Saint Exupéry aurait dû tomber dans le domaine public en 2015 mais comme Guillaume Apollinaire, Saint-Exupéry est mort pour la France, alors son oeuvre littéraire est protégée jusqu’en 2032.

Saint-Exupéry, figure iconique française comme Charles de Gaulle

Le général et l’écrivain ont dix ans d’écart. Tous deux viennent d’un milieu bourgeois même noble pour l’écrivain lyonnais. Ils sont tous les deux soldats pendant la seconde guerre mondiale et sont connus pour leur amour des lettres.

Antoine de Saint Exupéry est l’auteur de certaines citations humanistes que l’on retrouve sur des cartes d’anniversaire ou de mariage : « On ne voit bien qu’avec le coeur » , « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction  » …

Il est mort à l’âge de 44 ans car son avion aurait été abattu par l’ennemi nazi non loin de Marseille et on a mis un certain temps à retrouver l’épave de son avion en mer.

Droits réservés Guilhem Vellut

Sur le chemin du retour pour retrouver le métro à la station Saint-Ambroise, nous avons traversé le square Maurice Gardette qui est d’une grande quiétude. L’Atelier des lumières a dynamisé le quartier avec des coffee-shops et des petits restaurants sympathiques. Le quartier n’est sensiblement plus le même depuis 2018, date d’ouverture du lieu par Culturespaces.

Ce centre d’art numérique a attiré lors de sa première année d’ouverture un million de visiteurs. En rejoignant le métro, nous avons été ébloui par une autre forme d’art : les deux clochers hauts de 68 m de l’église néo-byzantine Saint Ambroise du 19 eme siècle !

Retrouvez mes précédents articles consacrés à des sorties musées en famille !

-J’ai enfin découvert la fondation Louis Vuitton en famille : l’expo David Hockney

-La Cité des sciences en famille : back to mon enfance

Littérature jeunesse

Mon aventure de lecture avec L’école des loisirs depuis toujours

J’inaugure une nouvelle rubrique dans ce blog : Moi lectrice. Elle me tient à coeur depuis longtemps ici. Je remarque que l’on s’attache personnellement à une maison d’édition quand on est lecteur.

Dans mon cas, je me suis attachée aux livres de l’Ecole des loisirs quand j’avais cinq ans et je m’en souviens précisément. J’avais découvert une petite série de premières lectures : Olga écrite par Geneviève Brisac et illustrée par Michel Gay. C’est un sentiment difficile à écrire mais l’auteure et le dessinateur sont arrivés ensemble à saisir la beauté éphémère de l’enfance de manière très poétique.

J’ai retrouvé d’autres livres d’Olga avec d’autres dessins de couverture mais le charme était rompu. J’aimais cette collection car ma cousine s’appelle Olga et je savais exactement où retrouver ces petits livres de la collection Mouche au rayon jeunesse. Depuis, l’ancienne médiathèque de Valence, un couvent auparavant, a été détruite pour construite une maison de retraite en plein centre-ville.

Les collections Mouche, Neuf et Médium, les équivalents de la collection Blanche de Gallimard pour les enfants.

Geneviève Brisac a longtemps été une éditrice emblématique de l’Ecole des loisirs et auteure phare de la maison. Les collections Mouche, Neuf, Médium sont exigeantes car la ligne éditoriale de l’Ecole des loisirs c’est d’apporter le meilleur de la littérature aux enfants.

Puis en primaire, j’ai eu un vrai coup de coeur pour l’album de Rascal : Le voyage d’Oregon que nous avons étudié en classe en CM1-CM2. Il m’a fait rêver de voyager un jour aux Etats-Unis (un jour peut-être à la retraite) .Les road-trip en littérature jeunesse sont assez rare et on comprenait rapidement l’influence de la littérature de Jack Kerouac dans cet album.

J’aime les livres de l’Ecole des loisirs car c’est une maison d’édition qui prend les enfants au sérieux avec des lectures exigeantes sans être intellos. Ils suscitent l’imaginaire et c’est précieux.

Je me souviens aussi du roman La sixième de Susie Morgenstern. J’adore sa couverture tellement iconique et efficace : elle représente ce rite de passage universel dans la vie d’un enfant. L’héroïne s’appelle aussi Margot, ma mère avait demandé à l’auteure une dédicace au salon jeunesse de Saint-Paul Trois Chateaux dans la Drôme.

Je pense que ma mère était plus fan du livre que moi mais j’ai toujours une tendresse de lire un article dans la presse ou de voir cette chère Susie avec ses lunettes roses coeur à la Grande librairie par exemple.

Je rencontre l’illustrateur Frédéric Stehr au salon du livre jeunesse de Montreuil. C’est émouvant car je lui demande de dédicacer mon album Calinours va faire les courses publié en 1987, vingt ans plus tard. Ce grand album, je l’ai gardé précieusement au cours de mes nombreux déménagements à Paris. Je l’ai d’ailleurs confié à ma fille dans sa bibliothèque d’enfant. Je compte lui transmettre un jour en espérant qu’elle en prendra bien soin.

Transmettre ses livres doudous à ses enfants.

Ma fille de six ans et ma nièce sont de grandes fans de Simon le lapin. On a lu ensemble les albums de Stéphanie Blake et elles regardent les dessins animés. J’avais même fait une chronique dans le blog car Caca boudin est un classique de la littérature jeunesse des années 2000. Les couvertures des aventures de Simon sont sacrément efficaces : elles attirent l’œil des petits de loin à la médiathèque.

Dans un autre genre, j’ai découvert les albums de Juliette Lagrange qui a décoré la rénovation de la librairie historique de l’Ecole des loisirs rue de Sèvres. J’aime énormément son dessin architectural à travers Paris découvert dans Hulotte et Léon, le récit d’un voyage scolaire entre le Louvre, l’Opéra et les Buttes-Chaumont.

Juliette Lagrange sait aussi bien nous entrainer dans la nature qu’en ville avec les aventures d’Hulotte. Ses albums ont séduit toute la famille.

Lire pour soi une fois adulte.

Et enfin, je continue à lire les romans de l’Ecole des loisirs une fois adulte. Mon auteure favorite est de loin Marie-Aude Murail dont je dévore les romans : Sauveur et fils, Simple, Papa et Maman sont dans un bateau, La fille du docteur Baudoin, la trilogie avec la petite ado intrépide Angie qui se déroule au Havre.

J’ai détaillé dans plusieurs articles de blog pourquoi sa littérature sociétale et réaliste me touche autant. Je me souviens que j’ai dévoré le tome 2 de Sauveur et fils, un après-midi au parc Monceau quand j’étais au chômage et que je me suis précipitée dans une librairie de mon quartier pour acheter le tome 3, c’est dire…

Dans la même veine psychologique, j’aime aussi beaucoup le roman Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh que j’ai également lu en BD adapté par la brillante Cati Baur.

Je me suis également prise d’affection pour la série Ma vie de chateau qui sera bientôt adaptée en dessin animé par France TV.

L’école des loisirs est un éditeur militant ayant une place privilégiée dans le paysage éditorial français.

La transmission d’albums de générations en générations fait toute sa force. Je n’ai même pas parlé des longsellers Max et les maxi monstres de Maurice Sendak et Les trois brigands de Tomi Ungerer. L’école des loisirs fête en 2025 ses 60 ans avec plus de 6000 titres dans son fonds et plus d’un millier d’auteurs publiés.

Prochainement, L’école des loisirs ouvrira une nouvelle maison des histoires, un musée à jouer pour les 0-6 ans.

*Cet article de blog ne fait l’objet d’aucun partenariat commercial. C’est une nouvelle rubrique de mon blog où je raconte mon parcours de lectrice et les choix éditoriaux des éditeurs qui m’ont convaincue.

Prochain article de la série :

Moi lectrice des éditions des Escales depuis que je suis devenue maman.

Littérature jeunesse

Les vacances de Hulotte : un voyage au coeur de la nature

J’ai découvert le travail de l’auteure illustratrice Juliette Lagrange en visitant la librairie Chantelivre qu’elle a décoré pour sa rénovation en grandes pompes.

Ces toits en zinc tellement parisiens avec ses balcons de chambres de bonne, ce panorama à vue d’oiseau vers le jardin du Luxembourg apportent beaucoup de féerie à cette librairie emblématique du 6ème arrondissement.

Ensuite, nous avons lu le soir en famille Hulotte et Léon à Paris. J’avais beaucoup aimé cet album qui me rappelait les albums de Madeline écrits par l’auteur américain et adaptés au cinéma.

Ce tour des monuments de Paris vu par des oiseaux fait rêver les enfants comme les parents. Je remercie chaleureusement les éditions L’école des loisirs qui m’ont envoyé Les vacances d’Hulotte en service de presse.

Une fois de plus, le plaisir de lecture était au rendez vous. Après les rats des villes, Juliette Lagrange s’intéresse aux rats des champs. Hulotte rejoint en train ses grands parents dans le sud de l’Ardèche pour des vacances d’automne.

Elle pense qu’elle va royalement s’y ennuyer et elle va vivre d’excellentes vacances en lien direct avec la nature. C’est un album jeunesse sur la transmission de moments de vie précieux des grands parents à leur petite fille et cela m’a beaucoup parlé. Comme moi, Juliette Lagrange a des grands parents ardéchois. Il est indéniable que cet album est un peu beaucoup autobiographique. Cette petite Hulotte ressemble beaucoup à son auteure.

Droits réservés-Juliette Lagrange

Elle va rencontrer les amis de ses grands parents lors d’une partie de pétanque mémorable, apprendre une recette de tartes aux poires avec son Papi, traverser une rivière en barque avec sa Mamie pour rejoindre son jardin partagé.

Droits réservés-Juliette Lagrange

J’ai aimé cet ouvrage car il met en valeur la vieillesse et sa douceur de vivre quand on peut couler une retraite heureuse. A la fin de l’album, Hulotte a dessiné son carnet de vacances à l’aquarelle avec les quelques mots de patois qu’elle a appris, les champignons qu’elle a ramassé en famille et son observation de la nature.

Cette lecture a résonné en moi car il est important de reconnecter à la nature quand on vit toute l’année en ville et qu’on ne sait plus reconnaître à quelle espèce d’arbre on a affaire en balade au parc.

Droits réservés-Juliette Lagrange

Retrouvez-ici mes derniers articles consacrés à la littérature jeunesse :

-Martine, icône intemporelle fête ses 70 ans

-Roule galette, un album jeunesse tout sauf ringard

-Ana Ana, la poésie de l’enfance

Littérature jeunesse

Ana Ana ou la poésie de l’enfance

Septembre marque la rentrée des classes pour les écoliers et leurs parents.

Alors j’ai eu envie de faire un petit shooting photo avec les billes, les seaux et les pelles au bac à sable, les marrons…

Rien n’est trop beau pour mettre en scène les albums d’ Ana Ana et ses doudous, série écrite par Dominique Roques (la mère) et illustrée par Alexis Dormal (le fils) , éditions Dargaud.

C’est la marraine de ma fille qui nous a fait découvrir cette série avec un album de toute beauté : Une virée à la mer. C’est un format à l’italienne avec des illustrations très classiques à l’aquarelle et pourtant, on est vite happé par les petites histoires du quotidien de cette joyeuse petite bande.

J’aime beaucoup la littérature jeunesse notamment la ligne éditoriale de l’Ecole des loisirs en général. Mais la lecture de l’histoire du soir, c’est souvent une corvée pour moi. Je passe pourtant un bon moment de lecture avec ma fille de cinq ans le soir avec cette série BD.

Les histoires sont assez bien rythmées, avec du suspens. On se demande quels types de bêtises les doudous ont bien pu inventer et comment Ana Ana et ses amis vont se sortir de cette situation. Dans cette série, les parents et le grand-frère Pico Bogue sont totalement absents, Ana Ana anime ses aventures avec ses doudous .

Par le recours à l’aquarelle et le classicisme des illustrations, l’univers d’Ana Ana me fait un peu pensé à Sempé, mais Ana Ana et Pico Bogue sont bien différents du Petit Nicolas. Ce sont des enfants très réfléchis dans lequel l’auteure et l’illustrateur ont mis des traits de personnalités de leurs enfants ou frères et sœurs.

« Avec Ana Ana et ses doudous, j’ai recréé le microcosme d’une société, dans une chambre d’enfant »

Alexis Dormal, Le nouvel Observateur, 16 août 2024

Les séries Pico Bogue et Ana Ana sont de belles histoires dans le domaine de l’édition. C’est une mère et son fils qui travaillent ensemble pour mettre en scène des petites chroniques de l’enfance vivantes et profondes qui suscitent les émotions de leurs lecteurs.

La mère d’Alexis Dormal : Dominique Roques a decidé de lui donner un coup de pouce en lui apportant des histoires à illustrer, connaissant la précarité du métier de son fils. Leur complicité créative a convaincu les éditeurs de Dargaud puisqu’ils ont crée deux séries à succès Pico Bogue (16 albums depuis 2008) et Ana Ana, sa petite soeur (25 albums depuis 2012).

Les éditions Dargaud proposent aux parents un plein d’idées d’activités pour occuper les enfants autour des personnages de leurs univers BD, sur leur site Internet.

Retrouvez-ici d’autres succès d’édition qui m’ont marquée et que j’ai envie de partager avec vous :

-Martine, icône intemporelle, fête ses 70 ans à la galerie Casterman

-Roule galette : un album jeunesse tout sauf ringard

Emballée par la couv’ : l’édition bulgare du journal de Bridget Jones

Littérature jeunesse

Derniers jours, la petite Martine fête ses 70 ans à la galerie Gallimard

Hier, je me suis dépêchée d’aller à la galerie Gallimard visiter l’exposition gratuite pour fêter les 70 ans de Martine. La galerie se situe à côté du siège des éditions Gallimard dans le 7eme arrondissement de Paris, rue de l’Université.

Une exposition qui m’a donné l’effet d’actionner la machine à souvenirs : mes lectures d’enfance

J’y suis allée pour retrouver mes souvenirs. Quand j’avais huit ans, je lisais et relisais les albums dans notre maison de vacances en Ardèche. Je me servais de Martine fait la cuisine car il y avait une recette de pain perdue à réaliser avec ma grand-mère Eveline.

J’aime particulièrement Martine à la ferme, Martine fait du camping et Martine prend l’avion. Ils datent des années 1950-1960 pendant les Trente Glorieuses quand la France prospérait avec l’avion Concorde par exemple. L’univers de Martine a été crée en 1954 à une époque où l’Europe se relevait d’une guerre mondiale traumatisante. Martine symbolise l’insouciante retrouvée.

Contrairement à ce que je croyais Martine n’est pas française mais bien belge. En fait Martine est même universelle et intemporelle. Elle parle à toutes les petites filles qu’elles soient nées dans les années 1970, 1980 comme moi ou 2010 comme ma fille.

Dans les années 1980, le monde bourgeois de Martine a pris un peu du plomb dans l’aile car l’image de la femme véhiculé dans ses albums, n’était plus dans l’air du temps. Mais la série ne s’est pas arrêtée pour autant . Martine compte plus de 63 albums dont Martine à Paris publié cette année pour l’anniversaire des 70 ans.

Un phénomène d’édition : des ventes qui se comptent en millions d’exemplaires comme Astérix et Tintin…

Ce véritable succès s’explique par le réalisme plutôt naïf du dessin détaillé, les couleurs pastels sont flatteuses et le texte est assez poétique. Les aventures simples et ancrées dans le quotidien d’une petite fille de dix ans touchent tout le monde. En 70 ans, il s’est vendu plus de 120 millions d’exemplaires, ses albums ont été traduits dans plus de 30 langues.

Personnellement, je n’aurai pas choisi de moi même de lire les albums de Martine mais j’aime beaucoup les souvenirs d’enfance auxquels ils se rattachent. L’univers de Martine est un peu trop cliché à mon goût, j’aime peu l’image de la petite fille et de la mère de famille. Mais j’ai appris comment se déroule un trajet en avion grâce à Martine. J’aime beaucoup plus les textes que je trouve enchanteurs et féeriques.

Comme je travaille dans les métiers du livre, il était impensable que je rate cette exposition. Je vous recommande la lecture du catalogue d’exposition édité par Casterman qui raconte toute l’histoire de cette aventure éditoriale extraordinaire commencée en 1954. Le titre L’éternelle jeunesse d’une icône est particulièrement bien trouvé.

J’ai bien envie de prévoir une petite virée en famille en Belgique pour découvrir les musées dédiés à Martine et à Tintin, deux auteurs phares de Casterman.

Les parodies, le revers de la médaille pour toute icône de la littérature jeunesse

Longtemps, j’ai renié mon attachement pour cette série d’albums que j’ai lu et relu pendant mon enfance à cause des parodies plus ou moins drôles crées en autre par le site Martine cover generator en 2007.

La blague dura un mois et le site Internet sera rapidement obligé de fermer sur demande du service juridique de Casterman. L’éditeur belge continue d’éditer de nombreux albums et les personnages de la série sont loin d’être libres de droits.

Dans un autre genre, la gamme de décoration Les jolies planches a crée de jolis carnets avec les couvertures iconiques des albums de Martine à la montagne ou Martine à la mer. Je trouve les carnets un peu chers pour la qualité du papier à l’intérieur (16 euros) mais je trouve qu’un tableau encadré avec une couverture de Martine ça aurait de l’allure dans mon bureau ou dans mon appartement (42€).

Avant d’aller visiter l’exposition, je suis allée faire un tour à la librairie Gibert, boulevard Saint Michel. J’ai découvert les nouveaux albums de Martine et je dois dire que je préfère les rééditions originales en 2010. Elles conservent les pages intérieures à l’aquarelle très vintage de la collection Farandole.

A l’époque Martine n’avait pas sa propre collection. J’ai payé l’album Martine prend l’avion 6€ 40. Vu la qualité de l’objet, je trouve ça génial que Casterman propose un album jeunesse à moins de 10 euros avec l’inflation actuelle.

Dans ce blog dédié en grande partie aux livres, je suis ravie d’avoir pu ajouter Martine à ma collection d’articles dédiée aux succès d’édition comme Astérix, Tintin, Babar… C’est d’ailleurs, ce qui passionne le plus dans les métiers du livre : analyser pourquoi un personnage littéraire séduit des millions de lecteurs sur différentes générations.

Il est indéniable que la nostalgie et l’envie de transmettre ce qu’on a aimé lire jouent dans l’achat de livres des parents. Martine prend l’avion sera lu trois fois par ma fille au cours du week-end.

Exposition Martine, l’éternelle jeunesse d’une icône, Galerie Gallimard, 30 rue de l’université, derniers jours jusqu’au 7 mai 17h, entrée gratuite.

Retrouvez ici d’autres articles consacrés à des phénomènes d’édition jeunesse intemporels comme Martine :

-Pourquoi Roule galette est tout sauf un album jeunesse ringard

Astérix a 60 ans et c’est la locomotive de l’édition française au delà de la BD

-Ba Ba Babar, mon ami Babar depuis mon enfance

Littérature jeunesse·Parentalité

Pourquoi Roule galette est tout sauf un album jeunesse ringard

L’an dernier, en petite section, ma fille a appris des comptines autour des galettes des rois de l’Epiphanie. L’occasion en or de relire le classique Roule galette publié en 1931 (la même année que Babar, le petit éléphant).

C’est l’un des classiques des albums du Père Castor, une collection historique et patrimoniale des éditions Flammarion. Les albums du Père Castor ont, comme les albums de Babar, apporté de vraies innovations révolutionnaires pour la littérature jeunesse.

L’éditeur Paul Fauché s’est appuyé sur les fondements d’une éducation nouvelle qui visait à encourager les enfants à être des lecteurs plus autonomes, sans forcément compter sur leurs parents. Avec l’institutrice de petite section de ma fille, j’ai compris que regarder une image c’était aussi apprendre à lire.

Roule galette est l’adaptation d’un conte traditionnel russe raconté par Natha Caputo et illustré par Pierre Belvès. Il met en scène un couple de vieux paysans qui habitent dans une petite maison dans les bois. Laissée sur le rebord de la fenêtre pour refroidir, la galette va se mettre en mouvement et fausser compagnie à tout le monde.

C’est ce que j’aime le plus dans ce conte (c’est avant tout pour moi que je le lis à ma fille, j’avoue). La galette est si belle toute dorée, elle est maline et rapide… jusqu’au moment où en rencontre plus malin qu’elle…

Pour écrire cet article, j’ai pu compter sur la mine d’or de contenus de France Inter notamment son émission bien connue L’as-tu lu mon petit loup de Denis Cheissoux.

Le choix des animaux comme personnages car les animaux ne racontent pas de bobards

Cette émission analyse que les animaux étaient omniprésents dans la littérature jeunesse des années 1930 : Roule galette, Poule rousse, Babar, Le lion de Kessel… car les animaux apportent une parole vraie, bien utile à l’enfant. A partir des années 1970, les animaux vont peu à peu perdre du terrain dans les albums jeunesse avec des enfants comme héros.

J’ai aussi lu que les albums jeunesse en France ont été inspirés par la nouvelle école du livre russe et le constructivisme de Malévitch et consorts… C’est le cas des Contes du chat perché de Marcel Aymé, de Michka, un autre classique des éditions du Père Castor…

J’aime beaucoup Roule galette pour le rythme assez entrainant de cette ritournelle, la stylisation des dessins totalement intemporels, la mise en page en médaillons et l’usage des doubles pages qui sert à captiver les enfants et leurs parents. Comme le souligne les journalistes de France Inter, « la façon dont la narration de l’image est amenée renforce la portée émotionnelle du texte « .

Enfin, cet album classique des années 1930 séduit encore les enfants au 21eme siècle grâce au travail de transmission fait par les enseignants, les parents et même les jeunes eux-mêmes sur Tiktok avec cette superbe chorégraphie d’un dessin animé phare des années 1990.

Retrouvez ici d’autres articles consacrés aux trésors que l’on se transmet de générations en générations.

-Une chanson douce dans la playlist de ma fille

-Ba ba Bar, mon ami Babar, biographie d’une famille ultra talentueuse

Lecture et autres challenges passionnants·Littérature jeunesse

Les pépins de Petite Pomme, la poésie enfantine pour contrer l’acidité du quotidien

Chaque année pour les fêtes de fin d’année, ma collègue Coraline publie de beaux livres pour enfants comme Pierre et sa montgolfière, Petit robot vert ou encore Le voyage des petits pèlerins.

Le 6 octobre prochain, sort Les pépins de Petite pomme, tome 1 : Allo Jésus tu m’entends? illustré par Elvine et écrit par Rebecca Dernelle-Fischer, aux éditions Bibli’o.

Moi je travaille au service commercial et ces livres je les prends un peu sous mon aile entre l’imprimerie et l’entrepôt de distribution, pour qu’ils arrivent dans les meilleures conditions dans les rayons des librairies.

Mon travail consiste à fournir aux représentants les meilleurs éléments quand ils vont rencontrer les libraires lors de leurs tournées. Et j’ai envie de les chroniquer dans ce blog car je les vois éclore. Les métiers du livre sont ma passion depuis 2010, j’en parlerai plus en détail dans un prochain article en réflexion.

Rebecca Dernelle-Fischer est une auteure dont j’aime beaucoup lire les billets dans le blog Fabuleuses au foyer. Ce blog m’a bien aidée à tordre le cou aux injonctions perfectionnistes bien avant de devenir maman. Rebecca est psychologue et maman de trois filles. J’aime son ton authentique et souvent rigolo.

C’est un ouvrage tout à fait autobiographique et c’est une première dans ce blog, je vous propose une interview de l’auteure plus bas dans cet article. Ce petit roman graphique est un véritable roman d’apprentissage qui va se décliner en une série de différents tomes.

Il se déroule dans une famille avec des parents et leurs trois filles mais aussi l’ami, le confident : Jésus. A travers seize chapitres, Petite Pomme expérimente la vie avec ses découvertes, ses grandes joies, ses peines car tout n’est pas rose bonbon…

Ce livre s’adresse aux enfants entre 7 et 11 ans, il parle des relations, du ciel, des émotions, du cancer d’une maman de l’école… Et comment Dieu nous accompagne, il nous tient la main pour se réjouir avec nous et il nous soutient quand il faut sortir les mouchoirs.

La promesse de ce livre, c’est de présenter la foi aux enfants comme un trésor vivant, un vrai réconfort à l’heure où bon nombre de parents doutent de la manière de transmettre leur foi chrétienne à leurs enfants. Avec Jésus, on a le droit de se tromper, de bouder, de se lever du pied gauche… Il veut nous faire grandir que l’on soit parent ou enfant.

La véritable trouvaille de ce livre est de proposer aux enfants, un véritable roman graphique adapté à leur âge. Elvine qui est également l’illustratrice de l’album Pierre et sa montgolfière, a su comprendre la vivacité de Petite Pomme et enrichir le texte avec de savoureuses illustrations puisées dans le quotidien d’une famille.

On se croirait dans le cahier de textes d’une petite fille et je crois que c’est un peu le but. Petite Pomme me rappelle Mortelle Adèle, Violette du roman graphique La vie de château que j’ai lu, il y a peu ou encore Le petit Nicolas avec leurs apprentissages de la vie.

Comment est né le projet de ce livre ?

L’auteure Rebecca Dernelle-Fischer à gauche et Elvine, l’illustratrice à droite.

« Ce livre est le fruit d’un travail de dix ans, initié avec Vincent Beckers-Smetana, de l’ Alliance biblique de Belgique.

Je partageais très régulièrement sur les réseaux sociaux les anecdotes de mon quotidien de maman un peu créative, plutôt chaotique et tête en l’air avec mes trois filles. Mon quotidien  était presque un peu « surréaliste ». Et dans ce quotidien atypique, si on ouvre les yeux, on y découvre une mine d’or de rires, d’étonnement, de résilience, d’apprentissage,…

L’association avec Elvine, l’illustratrice, a été évidente : elle comprenait le monde de Petite Pomme et elle savait nous le mettre en image (avec légèreté et humour). Un livre à lire en famille, en rigolant, en osant poser plein de questions et qui nous parlent, chuchotent à l’oreille, fait rebondir notre foi et nous invite à trouver Jésus dans notre vie de tous les jours, sous nos oreillers, dans la cour de l’école, sur la balançoire du parc et même…. Même au fond du jardin « .

Quel message souhaites – tu transmettre aux lecteurs de Petite pomme et leurs parents?

« Tout d’abord, l’amour des histoires, des gaffes, de tous ces petits cadeaux qui sont là, cachés dans le quotidien mais qui donne du goût à la vie. Que les enfants rient, se sentent compris dans leurs aventures et que les adultes se remettent un peu dans la peau de leurs enfants. Et puis, je voulais leur transmettre que Jésus n’est pas un personnage lointain, dont on retrouve les histoires dans un livre démodé qui n’a rien à voir avec ce qui nous arrive. Que la foi pour être super proche de ce que nous vivons, que nous avons, que les enfants aussi, ont un compagnon de route, quelqu’un à l’oreille tendue, quelqu’un qui les aime plus que tout, un Dieu proche et qui les comprend. Et que cette foi peut être rigolote, qu’on peut poser des questions, qu’on peut exprimer nos frustrations, qu’on peut en rire, qu’on peut rire aussi de nous-mêmes, de nos bêtises, qu’on peut être un peu plus tendre avec nous-mêmes. Que ni les parents, ni les enfants ne sont parfaits et que ce n’est pas grave du tout !

« Jésus est dans notre équipe, il est le président de notre fan-club« 

En quoi ton métier de psy transparaît dans ce livre et est ce que c’était intentionnel ?

-« J’aime écrire des textes comme des « doudous », comme des tasses de thé bien chaudes, des mots qui se glissent dans le cœur pour vous réchauffer. Des mots qui nous parlent de nos émotions, de nos besoins, de nos questions, de ce qui nous pèse sur le cœur.

Et Petite Pomme vit tout cela, elle s’exprime, elle râle, elle pleure, elle rit, elle découvre ses émotions, sa compréhension du monde, ses interrogations.

Tous ses rêves elle les partage avec le lecteur, avec sa maman, avec Jésus. L’enfant et ses parents ont un peu de place pour discuter, réfléchir, se trouver eux aussi un peu consolé, aimé, accompagnés. Donc oui, mon métier de psychologue, ma pratique d’autrice et surtout mon vécu de maman sont tissés un peu partout dans les chapitres de ce livre « .  

Comment souhaites- tu faire évoluer Petite pomme dans les prochains tomes?

-« J’ai désiré que son âge reste un peu flou, pour que les enfants puissent au mieux s’identifier à notre héroïne. Dans le tome 2, Petite Pomme vivra d’autres aventures, aura d’autres rêves et nous découvrirons son nouveau voisin et camarade de classe. On retrouvera encore des questions de foi, des histoires de la Bible… Autant de petits clins d’œil qui nous rappellent aussi à nous parents, combien Dieu nous connait, nous comprend. Parler de foi avec nos enfants, ça peut être intéressant, dynamique et pas du tout ennuyant, ni vieux jeu« .

Est- ce que Petite pomme te ressemble enfant? Y’a t’il une part autobiographique ?

– « Certaines histoires viennent directement de ce que j’ai moi-même vécu enfant, d’autres aspects sont inspirés de ce que mes filles ont fait. Une de mes filles a hérité de mon côté rêveur et c’est à elle et à moi que je pensais en écrivant. Je pensais à ses questions, ses gaffes, ses rires, ses idées et en même temps, je me souvenais de ce que j’avais vécu enfant. C’était un peu comme écrire un livre en collaboration avec un co-auteur. Comme si la petite Rebecca que j’étais enfant, me racontait, me partageait encore son monde intérieur. Et c’était aussi une manière de lui répondre, de lui expliquer les choses, de la rassurer« .

Un grand merci à Rebecca d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !

Retrouvez-ici mes précédents articles :

-Côte à côte, un ouvrage très personnel à contre-courant de la guerre des sexes que l’on cherche à nous imposer

-Andrée Grise, un album de variétés inspiré

Littérature jeunesse

L’univers de Juliette Lagrange : un dessin architectural puissant au service des souvenirs !

J’ai découvert l’univers de Juliette Lagrange en visitant la rénovation de la librairie Chantelivre, rue de Sèvres, la vitrine de l’illustre maison d’édition suisse : L’école des Loisirs.

Son dessin architectural est vraiment grandiose et s’adapte merveilleusement bien aux volumes de la librairie.

Il y a les toits de Paris en zinc bien sûr mais aussi les petits voiliers du jardin du Luxembourg et les fameuses mansardes des chambres de bonnes des immeubles haussmanniens. Cette visite est incontournable pour tous les amoureux des librairies à la rentrée.

J’étais emballée par sa scénographie dans la librairie mais j’ai vraiment été subjuguée de recevoir en #service de presse ce superbe album : Hulotte et Léon. Un immense merci à l’Ecole des loisirs pour cet envoi. Il a vraiment séduit toute la famille : ma fille de quatre ans ainsi que ses parents.

La maison du gardien des Buttes Chaumont, droits réservés Juliette Lagrange

On le lit presque tous les soirs et nous avons prévu une balade aux Buttes-Chaumont avec le livre. Il faut dire que c’est là où nous avons eu notre premier rendez-vous amoureux avec mon mari en avril 2012.

J’ai trouvé que l’histoire était un peu commune : une bluette entre Hulotte et son meilleur ami Léon lors d’un voyage scolaire à Paris mais la magie est là.

Et puis la force de ses albums vient vraiment de la qualité et du gigantisme de son dessin architectural. Les parents qui lisent l’album à leurs enfants le soir sont forcément convaincus…

Je suis vraiment contente d’ajouter ce livre à la bibliothèque de ma fille autant pour elle que pour moi. Il est vraiment révélateur de la féérie de Paris dans les albums jeunesse. Moi j’ai été marquée par Un lion à Paris de Béatrice Alemagna quand je gardais des enfants, Madeline, la petite fille Américaine que je regardais en dessin animé avec mon frère…

L’album se termine avec une belle double-page sur l’Ile Saint Louis, encore un endroit cher à mon coeur. Ce quartier où mon histoire d’amour a commencé avec Paris en septembre 2005…

Droits réservés Juliette Lagrange.

Hulotte et Léon, Juliette Lagrange, Kaléidoscope, 13€50

Nickel le teckel, Juliette Lagrange, Albin Michel jeunesse, 13€90

Ce petit album pour les 3-6 ans raconte la quête de Nickel, un petit teckel qui cherche sa voie car il a d’autres aspirations que ses frères. L’action se déroule encore dans les grandes avenues du Paris Haussmanien. J’ai beaucoup aimé cette histoire basée sur l’introspection à hauteur d’enfant.

Retrouvez ici mes derniers articles consacrés aux livres pour enfants, chansons pour le soir et autres expositions à visiter en famille.

-La vie de chateau avec le chateau de Versailles comme terrain de jeux pour se reconstruire…

-On a testé la Cité des enfants à la Villette en famille

-Une chanson douce, incontournable dans la playlist de ma fille.

Littérature jeunesse

Au revoir Monsieur Sempé, poète de l’enfance

Cet été, j’ai appris la disparition du dessinateur Jean-Jacques Sempé. J’aime énormément la BD de longue date et je suis capable de reconnaître son trait d’un coup d’œil sur une affiche de film (Qui a envie d’être aimé) ou une couverture de livre.

Son affiche tellement emblématique de Paris, je l’ai cherchée partout dans les boutiques du 7eme arrondissement et je l’ai trouvé à la galerie Martine Grossieaux qui le représente officiellement. Et je l’ai encadrée dans mon couloir, elle apporte une superbe touche à ma décoration.

On peut dire que Sempé est l’ambassadeur de la France à l’étranger, ses dessins de presse dans le New Yorker ou Paris sont très appréciés des touristes. Je vendais ses albums de dessins à la librairie du Musée du Louvre. Après Goscinny et Uderzo, Sempé les rejoint au paradis des dessinateurs qui compte Hergé, Walt Disney…

J’ai beaucoup écrit dans ce blog sur René Goscinny, ce génie qui a crée succès sur succès : Astérix, le petit Gaulois, Le petit Nicolas, Lucky Luke… Je travaille depuis plus de dix ans dans les métiers du livre. Astérix est une locomotive pour toute l’industrie du livre. On le voit tout de suite en volumes de ventes quand c’est une année avec un album d’Astérix.

Le petit Nicolas, c’est tout de même 300 000 ventes de livres par an (chiffres de Livres Hebdo et Actualitté), 15 millions d’exemplaires vendus depuis 1956 dans 45 pays…

En 2014, j’avais écrit un article sur une exposition dédiée au Petit Nicolas qui se déroulait dans la mairie du 4eme arrondissement. J’ai ainsi pu mesurer l’attachement de milliers de lecteurs pour ce petit écolier des années 1950.

Quel plus bel hommage à Sempé que ce beau film récompensé au festival d’Annecy et présenté au festival de Cannes?

Plus qu’un film d’animation pour gosses, c’est un moment de communion familiale autour d’une œuvre littéraire que l’on se transmet de générations en générations. Dans de nombreuses maisons de vacances, il y a des albums du Petit Nicolas, de Tintin ou d’Astérix. La nostalgie de l’école plait aux lecteurs.

Comme les souvenirs autobiographiques de Marcel Pagnol, publiés à la même époque et selon le même mode opératoire : un feuilleton dans une revue.

D’ailleurs, je garderai comme reliques mes exemplaires de La gloire de mon père et Le château de ma mère, dont les couvertures sont illustrées par Sempé.

Ce sont Alain Chabat et Laurent Lafitte qui prêtent leurs voix pour incarner René Goscinny et Jean-Jacques Sempé. Alain Chabat a commencé par dessiner des comics et c’est lui qui a réalisé la plus belle adaptation ciné d’un album de Goscinny et Uderzo : Astérix et Obélix, mission Cléopâtre.

Jean-Jacques Sempé est un dandy de Saint Germain des près. C’est lui qui trouve le prénom du petit garçon en voyant une publicité pour un caviste bien connu sur un bus. Les aventures du petit Nicolas sont un moyen de dépasser leurs traumatismes, de rechercher le bonheur. Leurs histoires personnelles me font forcément penser aux travaux de Boris Cyrulnik sur la résilience.

« Il m’est arrivé de devenir, par moments, raisonnable mais jamais adulte. »

Il faut dire que le petit Jean-Jacques a eu une enfance bien difficile. Enfant né d’une relation adultérine, son beau-père et sa mère l’élèvent tant bien que mal entre difficultés à joindre les deux bouts et relations affectives chaotiques. Il aurait pu finir loubard, il est monté à Paris pour vivre de ses dessins.

Il y rencontre René Goscinny, le bon élève de Buenos Aires. Un enfant qui a eu une enfance triste et mélancolique. Une grande partie de sa famille a été déportée dans les camps de concentration.

Sur Instagram, les hommages à Sempé pleuvaient à travers les dessins de ses pairs : l’artiste C215 et ses pochoirs, Cati Baur, Catel… Pour moi, l’héritier le plus direct du Petit Nicolas est Pico Bogue !

A quand un Découvertes Gallimard consacré à Jean-Jacques Sempé ?

Retrouvez-ici mes meilleurs articles consacrés à la BD et à la littérature jeunesse :

La famille de Brunhoff, créateurs à succès : Babar, Vogue et photo journalisme engagé.

Astérix a 60 ans, l’éternelle locomotive de l’édition française

En 2008, quand j’étudiais les métiers du livre à l’IUT, j’ai visité cette exposition patrimoniale à la BNF : Babar, Harry Potter et cie…

Littérature jeunesse

Opération policière et littéraire en cours au Havre

Ce printemps, j’ai eu la chance d’échanger quelques mots avec Marie-Aude Murail, l’une de mes auteures favorites au festival du livre de Paris. En attendant impatiemment la sortie du tome 7 de Sauveur et fils, j’ai découvert une belle trilogie écrite avec son frère Lorris (malheureusement décédé depuis) pendant les confinements de 2020 et 2021.

Angie !, Souviens-toi de septembre et L’hôtel du pourquoi pas se déroulent au Havre, la ville natale des auteurs.

Chaque tome raconte une enquête policière menée par un trio de choc : Augustin Maupetit, commissaire beau gosse de la brigade des stupéfiants, Angie sa petite voisine de quinze ans et surtout Capitaine dite Capi, le berger allemand qui renifle les containers du port pour faire tomber les trafiquants de drogue du port.

C’est une trilogie ultra contemporaine qui se déroule pendant le grand confinement, celui du printemps 2020. La France était sidérée, éloignée de ses repères. Les policiers, les infirmières à domicile continuaient de travailler tout comme les acteurs d’une économie parallèle bien connue au Havre : la drogue. Avec de l’argent facile, on corrompt les dockers pour qu’ils mettent à l’abri de la douane un container.

Ces romans racontent avec talent la lutte des classes : la bourgeoisie havraise qui vit dans les villas sur les hauteurs comme dans un tableau de Monet à Sainte-Adresse et les prolos qui vivent dans les quartiers pauvres.

Ils ne cohabitent pas mais travaillent ensemble et parfois cela vire au drame. J’aime énormément comment la plume de Lorris et Marie-Aude Murail sonde les tourments de l’âme de certains personnages : Yoann Sitbon, l’héritier malheureux, Manon Lecoq, la juge d’instruction peu sûre d’elle…

Avec ses enquêtes policières, Augustin Maupetit secoue les non-dits, les regrets, la nostalgie du passé. Il est l’opposé même du gentil Karadec, le commissaire de HPI. C’est un ours bourru, très maladroit et pourtant toutes les jeunes femmes de la trilogie sont amoureuses de lui.

C’est lui le libérateur, celui qui détient les clés pour délier les vies personnelles des uns et des autres. Sa rivalité naissante avec Xavier Sitbon, le père d’Angie est savoureuse à lire tant elle est subtile.

Vilac propose des containers en bois comme jouets pour enfants

La seule qui lui tient tête est sa tante Thérèse, un personnage haut en couleurs qui apporte beaucoup à l’intrigue. Dommage qu’elle ne laisse pas son pendule à la maison car l’occultisme fait beaucoup plus de ravages qu’il ne solutionne les problèmes. Voila c’est dit !

La force de cette trilogie est d’être une œuvre ultracontemporaine qui réveille nos souvenirs communs les plus récents alors que l’on cherche à les éloigner le plus possible.

Je m’explique, les Murail ont su mettre des mots sur cette période de confinement très étrange que nous avons vécu. Marie-Aude Murail l’explique d’ailleurs très bien dans cette vidéo, interviewée par les libraires de Mollat, célèbre librairie bordelaise…

J’ai lu ces deux gros pavés en cinq jours, montre en main. J’adore commencer un bon livre dans le train, c’est synonyme de vacances et d’évasion.

D’ailleurs, c’est drôle mais je travaille en contact permanent avec le port du Havre pour importer et exporter les livres de ma maison d’éditions. J’attends l’arrivée des containers qui viennent des quatre coins du globe : Oslo, Shanghaï, Anvers

J’ai découvert un univers que je ne connaissais pas et qui me passionne. L’an dernier, j’avais écrit un article sur le Canal de Suez quand un container rempli de PQ s’était mis en travers du canal et avait provoqué un énorme bouchon à l’échelle mondiale…

Puis début juin, nous sommes allés visiter Marseille, le port de la Joliette et ses docks historiques

Une trilogie qui me donne bien envie d’aller découvrir Le Havre.

Je connais un peu Fécamp, Etretat, ses valleuses et le pays cauchois cher à Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin. Mais je ne suis jamais allée au Havre alors que mes grands-parents de Dieppe m’ont transmis une passion pour la Seine-Maritime.

Depuis, j’ai vu un magnifique reportage de Des racines et des ailes sur l’église construite par Auguste Perret. Ils font une pub du tonnerre en ce moment sur les bus dans Paris.

Enfin, L’école des loisirs pense aux adultes avec cette collection M+

Quoi qu’on en dise, cette trilogie est destinée aux jeunes adultes vers 17 ans et non aux enfants. Les faits divers qui sont décrits sont assez hardcore et choquants par leur réalisme : la mutilation de cadavre d’un jeune trafiquant, le démembrement d’une infirmière qui fait du chantage dans un four, la jeune fille qui a failli mourir de soif dans un container en partance vers la Colombie…

J’étais un peu poule mouillée sur les bords à ne jamais lire de polar, ni de thriller mais je me mets aux enquêtes policières depuis que j’ai eu un coup de cœur pour la série HPI.

L’amateurisme relatif de Morgane me fait beaucoup pensé à la fraîcheur intellectuelle d’Angie !

Je vous recommande les romans young adult de l’Ecole des loisirs pour leur qualité éditoriale, souvent la littérature jeunesse me régale bien mieux qu’un mauvais feel good à succès. Je vous signale au passage l’article de qualité du Point sur la famille Murail, écrivains à succès.

J’attends avec impatience la sortie de Sauveur et fils, tome 7 au printemps 2023. Je vais donc patienter avec L’hôtel du pourquoi pas pour clore cette trilogie havraise cet été sur la plage en Bulgarie, sur liseuse Kobo, une première…

Retrouvez-ici mes derniers articles qui parlent d’enquêtes policières, de villes portuaires et de la Seine Maritime…

-HPI, une série TFI qui mise sur la finesse psychologique

-Road trip à Massilia la belle début juin

-Passion Seine Maritime