Hasard du calendrier, j’ai lu le témoignage personnel de Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pélicot durant le procès en appel des viols de Mazan. Je l’ai lu en trois soirées tant j’ai été happée dans ma lecture par l’autobiographie d’une femme sensible et dotée d’une humanité rare.
Le grand public la connait comme l’avocate du diable comme l’a surnommée ainsi un média d’Amérique latine quand elle a été interviewée en tant qu’avocate de Dominique Pélicot.
Le procès des viols de Mazan qui dura quatre mois a suscité l’intérêt de plus de 180 médias dont 86 médias étrangers présents lors du verdict. Ce sont les médias espagnols qui se sont le plus déplacés mais également le New-York times américain.

Le résumé :
Béatrice Zavarro est l’avocate qui a défendu Dominique Pélicot. Tout en évoquant son parcours de vie, elle raconte le premier contact avec son client, les moments clés de la procédure et les défis nombreux rencontrés tout au long de ce procès pour l’histoire.
Mais surtout, en montrant un immense respect pour la victime, Béatrice Zavarro revient sur les confrontations notamment avec les avocats des coaccusés mais aussi sur les plaidoiries, le verdict, et l’après Mazan…
Qualifiée par la presse d' » avocate du diable « , elle précise sa motivation à défendre l’indéfendable, et révèle les raisons profondes de cet engagement qu’il faut aller chercher dans son histoire personnelle. Un récit d’une grande force qui nous permet de mieux comprendre cette affaire hors norme qui a impacté à jamais la France et le monde.
Mon avis :
Ce livre très bien structuré est organisé en trois grandes parties et en vingt-six chapitres. Il a été coécrit avec Danièle Prieur, avocate.
Le livre s’ouvre sur son histoire personnelle. Elle est marseillaise depuis toujours et on comprend vite que sa petite maison près de la calanque de Morgiou est son refuge, son havre de paix…. Béatrice Zavarro explique que son mari Edouard est son pilier, il l’a accompagné tous les jours du procès pour la soutenir aussi bien moralement que physiquement. Il portait aussi les épais classeurs du dossier car l’avocate marseillaise souffre d’un tassement de vertèbres depuis l’instruction du procès Pélicot il y a quatre ans.
Ce livre raconte comment elle a organisé son cabinet autour de cette affaire hors-norme dans sa carrière car à son grand regret, Dominique Pélicot n’a pas voulu de deuxième avocat pour qu’elle fasse équipe avec quelqu’un. Pendant des mois, elle a multiplié les aller-retour en voiture Marseille- Avignon pour les confrontations avec les cinquante et un coaccusés.
C’est beau de l’entendre expliquer comment la solidarité de sa famille et de ses amis l’ont aidée à tenir. Elle a vécu une véritable épreuve personnelle durant ce procès avec des confrères de la défense qui ne lui ont pas fait de cadeau.

Il y a eu énormément d’articles de presse pour présenter Mme Pélicot, sa fille ou encore Béatrice Zavarro dans les magazines féminins car elles ont eu une vraie carrure morale dont ce porcès avait besoin.
Je n’ai pas lu le livre de Caroline Darian : Et j’ai cessé de t’appeler Papa, quand la soumission chimique touche une famille, éditions Robert Laffont mais je l’ai acheté par solidarité pour son association. J’attends 2026 pour lire l’autobiographie de Gisèle Pélicot, éditée par Flammarion.
Même si ce n’est pas joyeux même insoutenable par moments, j’ai aimé lire ce livre car il explique le déroulé d’un procès expliqué par une des avocates les plus pédagogues et humaines qu’il soit. En annexe du livre, on peut lire la longue plaidoirie de maître Zavarro au procès Pélicot.
Elle compte une dizaine de pages, un exercice oral qui peut durer plusieurs heures durant l’audience. C’est fort intéressant pour l’effort rhétorique que cela demande, on comprend bien mieux le rôle d’un avocat de la défense. La lecture de ce livre m’a énormément éclairée pour comprendre le déroulé du procès Jubillar qui vient de se terminer.
J’ai lu avec intérêt les articles de Pascale Robert-Diard, journaliste judiciaire au Monde car elle a un vrai talent pour montrer les forces et les faiblesses des uns et des autres, comment des relations sont brisées dans la société et comment la justice peut apporter réparation.
J’ai beaucoup de mal à comprendre les jugements hâtifs qui crient haut et fort que les victimes de faits-divers aussi médiatisés cherchent le profit en publiant un livre. C’est un vrai défaut d’empathie de prêter de telles intentions aux victimes.
J’ai lu dans une interview à L’Humanité à propos de ce livre que Béatrice Zavarro était plus intéressée par l’enjeu humain, la trajectoire des individus : « Personne n’est à l’abri d’un mauvais geste, d’une mauvaise décision… »
Le détenu des Baumettes qui a conseillé à Dominique Pélicot de lui demander d’être son conseil a été bien inspiré. Il avait vraiment besoin d’une femme fort et infiniment respectueuse de la victime Gisèle Pélicot. Ce ne fut pas le cas de bien des avocts de la défense qui ont osé plaidé la complicité du couple Pélicot.
L’impact du procès des viols de Mazan : témoignage d’une avocate engagée
L’écriture d’un livre peut avoir un rôle thérapeutique. Gisèle Pélicot a été portée par l’amour et le soutien de milliers d’anonymes qui lui ont écrit, apporté des fleurs, collés des affiches de nuit pour hurler leur solidarité…
J’aime aussi les émissions de Faustine Bollaert où elle invite des inconnus à témoigner de l’impact d’un procès dans leurs vies. J’ai une pensée pour tous ces anonymes collègues de travail, maîtresses d’école, amis qui portent l’histoire de Delphine Jubillar et qui espèrent la vérité depuis 2020.
Ces accusés de grands procès médiatiques font souffrir leurs conjoints, leurs enfants dans leur cercle intime. On les condamne à vingt ans, trente ans de prison pour mettre la société à l’abri de leurs pulsions, leurs agissements.
Mais est-ce que la prison pourra être un enseignement pour eux vers la rédemption ?








































