
C’est l’évènement éditorial de l’année : depuis le 23 octobre, Astérix et Obélix sont de retour dans la totalité des librairies et des hypermarchés français.
Mieux, cette nouvelle aventure en BD a été imprimée en 5 millions d’exemplaires dans dix-neuf langues. Deux millions d’exemplaires pour le marché français et le reste pour le marché international.
C’est un record dans le domaine de l’édition BD. Astérix est une véritable locomotive pour l’édition et la librairie française.
C’est surtout l’ambassadeur de la culture française à l’étranger puisque Astérix est la BD la plus lue dans le monde, 400 millions d’exemplaires vendus depuis 1957 (loin devant Tintin ou les Schroumpfs). De quoi redonner de la vigueur à tous ceux qui désespèrent du rayonnement de la France depuis le vol des bijoux de la Couronne au musée du Louvre dimanche 19 octobre ! .
Cet excellent article du Téléphone sonne, l’émission de France Inter explique l’amour inconditionnel et intergénérationnel des Français envers Astérix, l’anti-héros.
Les ingrédients de la potion magique Astérix : nostalgie, autodérision et heureux anachronismes.
Fabrice Caro, le scénariste à la suite de René Goscinny explique que son tandem alterne les albums de village et les albums de voyage. Après l’Iris blanc où un pseudo gourou de développement personnel mettait un sacré bazar dans le village gaulois, on retrouve nos trois compères Astérix, Obélix et Idéfix appelés à l’aide en Lusitanie.
Cet album se moque gentiment de la mondialisation en abordant les échanges commerciaux en Méditerranée autour du garum (une sauce salée de poissons) aussi recherchée que le chocolat Dubaï aujourd’hui.

Le résumé :
Du bateau du Phénicien Epidemais, déjà croisé dans Astérix et Cléopâtre, débarque Boulquiès. Ce personnage d’origine portugaise vient demander l’aide d’Astérix et Obélix. Chez lui, un de ses amis producteurs de garum (une sauce salée de poissons) est accusé d’avoir voulu empoisonner César… Les célèbres Gaulois embarquent pour le Portugal afin de résoudre cette affaire.
« Les ennemis de nos ennemis sont nos amis«
J’ai beaucoup aimé cet album Astérix en Lusitanie car il poursuit le message de ses fondateurs Goscinny et Uderzo. Le village des irréductibles gaulois n’est pas marxiste mais il est toujours d’accord pour jouer des coudes et castagner afin de venir en aide aux peuples persécutés par l’empire romain.
C’est toujours le foutoir monstre dans le village avec leur chef sur son bouclier qui a du mal à canaliser ses ouailles qui sont bagarreurs, envieux, de mauvaise foi les hommes comme les femmes et pourtant il y a une harmonie entre eux, ils sont solidaires et communient toujours avec un grand banquet composé de bonnes bières et de sangliers. Les banquets des Gaulois et de leurs alliés sont fédérateurs et bon enfant, ceux de la Rome antique sont individualistes et ostentatoires.

Un tandem qui n’a pas voulu jouer le jeu du body shaming

Le tandem Conrad/Fabcaro a mis un soin tout particulier à évacuer les clichés racistes en faisant évoluer en un clin d’œil le personnage de Baba, le pirate africain.
lls ont manié les stéréotypes sur le Portugais avec bienveillance en insistant sur le patrimoine portugais immatériel : le fado, la saudade cette douce nostalgie, les pasteis de nata, les azulejos… mais les clichés sur l’accent portugais ou la pilosité prononcée ont été heureusement abandonnés. Obélix est un peu lourd avec la morue mais il est pleinement dans son rôle.
J’ai beaucoup aimé le couple de Parisiens retraités au Portugal qui aident les deux héros en leur vantant les mérites de pasteis de nata qui seront employées de manière non conventionnelle pour semer les Romains. Ils vont aussi les aider à parcourir le pays de manière incognito, ce qui est une première dans la saga Astérix mais je ne vais rien vous divulgacher.
Astérix : une BD indémodable qui rassemble les générations

Au prochain printemps, j’ai bien envie d’aller visiter le parc Astérix en famille car je n’y suis encore jamais allée. Plus que pour les attractions, j’ai envie de voir comment l’oeuvre artistique de Goscinny et Uderzo a été adaptée en parc d’attractions. Je m’attends à une toute autre expérience que Disneyland Paris qui regroupe des dessins animés et des univers bien différents des uns des autres.
Les chiffres de ventes des nouveaux albums qui paraissent tous les ans et des autres titres du fonds sont tellement exceptionnels qu’il faudra veiller à ce qu’Astérix reste avant tout une oeuvre littéraire et non une marque, un produit marketing.

Astérix le gaulois a évidemment toute sa place dans la série Icônes de l’enfance de ce blog ! C’est une rubrique qui me tient à coeur dans ce blog. J’aime analyser les recettes de succès comme ces long sellers : Le Petit prince, Babar, Le petit Nicolas , Les Schroumpfs, Natacha, Martine qui se transmettent de générations en générations…


