BD & romans graphiques

Spoiler alert, j’ai vidé la boite de mouchoirs avec la lecture de ces trois BD : émotion garantie

J’y suis allée un peu fort avec le titre de cette article. Le rôle de ces BD n’est pas de faire pleurer dans les chaumières. Ca, ça s’appelle le pathos, et nous sommes nombreux à détester ça. Mais la lecture sert à réfléchir, mais aussi à émouvoir.

Le point commun entre ces trois BD c’est le lien social, l’amour triomphant par la transmission du devoir de mémoire, l’adoption d’un enfant… L’amour du prochain résiste face aux guerres contemporaines, la déportation massive de tous ceux qui ne convenaient pas aux nazis dans les années 1940…

J’ai trouvé ces trois BD de qualité à la médiathèque de Fontenay sous Bois, ma ville, et j’en profite pour saluer le travail de ces pros des métiers du livre pour ces choix pertinents.

Retour à Birkenau, par Ginette Kolinka, dessiné par Efa, Cesc et Sole, écrit par JD Morvan et Victor Matet, Albin Michel, 112 pages, 21€90

La couverture de cette BD est vraiment splendide, elle résume à la perfection les flash backs permanents qui émaillent ce récit de déportation. Il est difficilement soutenable mais avec la douceur et l’humanité de Ginette, 99 ans qui transmet son histoire à des collégiens, on reprends courage pour oser dire non à la sauvagerie et au tyrannisme.

J’ai une tendresse particulière pour cette petite dame dont il émane une force de caractère exemplaire sur les plateaux de télévision où elle vient parler de ses livres. La dernière émission en date : Les rencontres du papotin sur France 2 m’a émue aux larmes. D’ailleurs la bande dessinée se termine de la même manière. Avec une chanson de Téléphone, Un autre monde car son fils Richard est le batteur de ce groupe emblématique.

L’adoption, tome 1 : Wadji et tome 2 : Les repentirs, Zidrou et Monin, éditions Grand angle

Je n’ai pas encore décidé si je lirai les trois autres volumes de cette série sur différentes adoptions d’enfants du monde. Mais il est sûr que l’histoire de Wadji, petit yéménite de dix ans et de sa famille adoptive à Nantes m’a beaucoup parlé.

J’ai fermé le premier tome un peu révoltée par ma lecture face à ce gâchis relationnel, fait d’incompréhensions à cause de la guerre qui détruit tout sur son passage.

Une phrase de l’éditeur résume vraiment très bien l’histoire : quand on a connu le pire, il faut un peu de temps pour s’habituer au meilleur.

« Jusqu’à présent, sa mère s’appelait « Guerre » et son père « Exil ». Maintenant, ils ont pour nom « trahison » et « abandon » « . C’est ainsi que commence le tome 2 : Les repentirs. Je ne vais pas vous raconter l’intrigue mais j’ai été vraiment très touchée par l’amour que déploie cette famille adoptive pour un petit garçon qu’elle connait à peine et qui a du mal à s’attacher à eux.

Il y a toute une galerie de personnages qui vont s’entraider pour retrouver ce petit gosse fugueur qui ne sait pas qu’il est aimé. C’est une histoire qui valorise le courage qu’on va chercher au plus profond de soi pour les siens et j’ai pleuré bien évidemment !.

Je suis une grande fan des BD scénarisées par Zidrou notamment la série Les beaux étés avec cette famille belge qui descend dans le Sud de la France chaque été sur une décennie.

Je vous recommande les albums des maisons d’édition Dargaud et Grand angle. Pour moi, ce sont les meilleurs dans le domaine.

Retrouvez ici d’autres chroniques de BD du blog Le bal littéraire des sardines :

-Jamais , lutter contre l’érosion des souvenirs

Guernica, un plaidoyer contre la guerre en BD

Droits réservés La boite à bulles
Bullet journal

Compiler ses lectures, les films, les expos et les séries qui m’ont marquée dans l’année dans mon bujo…

Ca y est ! Je suis enfin en mode vacances ! A moi bucket list et projets d’été en attendant que mon mari soit aussi en vacances pour pouvoir s’envoler en famille pour la Bulgarie !

Ce printemps, un projet d’envergure m’a mobilisé pour mon blog et mon bullet journal. Pour l’instant, je l’ai un peu laissé tomber car compiler cinq ans de lectures, films et séries sur une page de blog s’est avéré beaucoup trop ambitieux.

Mais je trouverai le bon format car quand j’entends au bureau la petite phrase « Je n’ai plus rien à lire, j’ai fini ma dernière série Netflix« , cela me motive pour la rentrée.

J’avais déjà fait cette petite liste de 15 romans marquants pendant le confinement. Mais elle ne demande qu’à être enrichie. Merci pour tous vos partages, vos échanges en commentaires qui me font découvrir de nombreux livres. Mes trajets quotidiens en RER A et RER B ont une toute autre atmosphère grâce à un bon roman !

Chaque mois je dessine des livres sur la tranche ou en piles et je note leur titre. Mais c’est beaucoup mieux quand j’y ajoute une miniature de leur couverture. J’ai une mémoire visuelle et sans la couverture, je vais rapidement oublier le livre en question.

Ces pages culture sont vraiment de bons aide-mémoires pour moi pour écrire des articles de blog. J’aime bien les agrémenter de tableaux ou de collages trouvés dans des magazines comme Flow ou Vanity Fair. Avec ces pages, je me suis rendue compte de l’importance de la culture dans ma vie. Avec une ville aussi belle et dynamique que Paris, je suis servie !

Pour les films et les séries, longtemps j’ai dessiné une pellicule en noir et blanc. Mais c’est un peu laborieux à dessiner et pas si joli que ça finalement. Je préfère dessiner désormais des tickets de cinéma qui sont beaucoup plus esthétiques et faciles à réaliser.

Enfin, j’ai même pensé à faire un carnet qui serait consacré seulement à mes lectures et les films et séries que j’ai regardé dans l’année. J’ai abandonné cette idée car j’ai déja cinq bujos depuis 2017 et cela prend de la place sur mon bureau.

Alors je fais attention à faire toute une page pour noter mes ressentis pour une lecture marquante (voir ci dessous mes impressions du roman Un dernier été, que j’ai reçu des éditions Les escales en service de presse en mai dernier).

Un grand merci à mon amie Sophie du foyer La Vigie pour ses encouragements. On s’est revues en juin après un bout de temps et j’espère que cet article lui donnera envie de sauter le pas pour créer son propre bullet journal !

Retrouver ici mes précédents articles qui parlent de bullet journal :

-Buller en dessinant dans son bujo

-Tenir un bullet journal autour de la naissance de son enfant

Adaptations littéraires au cinéma·BD & romans graphiques

Je suis allée voir Astérix et Obélix, l’empire du milieu de mon plein gré… et c’était un bon moment de détente bon enfant !

Je pense que si on écoutait les critiques de cinéma, on passerait à côté de bon nombre de comédies françaises ! J’y suis allée le premier samedi des vacances de février donc hier, avec mon mari, au cinéma Le Vincennes. C’était la séance des familles avec des enfants de sept- huit ans et ils avaient l’air de passer un bon moment.

La bande de Guillaume Canet : Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Jérôme Commandeur avoisine désormais la cinquantaine. Ils sont devenus parents comme moi. Après Les petits mouchoirs et Les infidèles, ils varient désormais leur registre avec ce film très grand public. Avec Astérix, on retourne tous en enfance.

Alors certes, le scénario connait de nombreuses lacunes car ce n’est pas une adaptation d’un album de BD des aventures d’Astérix et Obélix. Mais la magie opère quand même. Astérix est une œuvre patrimoniale depuis soixante ans.

Chacun a lu les albums de BD en vacances au fond du grenier quand il était petit. Comme cette BD a été traduite dans des milliers de langues, elle a aussi séduit d’autres enfants du monde entier comme Zlatan ou mon mari.

J’ai trouvé des exemplaires d’Astérix en bulgare dans une brocante à Sozopol, Bulgarie cet été. C’était marrant car Sozopol c’est vraiment une ancienne cité antique. La boucle était bouclée !

Ce film réussit son pari : celui de nous faire vivre un bon moment de détente au cinéma. Chacun imagine le village gaulois comme il le veut. Moi j’étais curieuse de voir la poissonnière, la femme d’Ordralphabetix : Ielosubmarine jouée par un visage très connu du cinéma français. C’est la boulangère parisienne d’Emily in Paris.

C’est un film choral qui réunit bon nombre de célébrités de l’humour, du sport, de la chanson : Big Flo et Oli, M, Angèle, Florent Manaudou, Zlatan… Je ne comprends pas pourquoi les critiques du film critiquent cela alors que c’est l’essence du film.

Tous ces personnages secondaires avec des noms marrants enrichissent le jeu comique. Les deux petits généraux chinois Dancing queen et Riqi qi sont les deux méchants de l’aventure. César joué par Vincent Cassel est parfait !

Les deux actrices asiatiques qui jouent la princesse chinoise et sa garde du corps sont très élégantes dans leur jeu, leurs gestes de kung fu. Leur noblesse tranche avec ces deux vieux garçons gaulois bien lourdeaux flanqués de Graindemaïs, marchand phénicien aussi veule que bête.

Même si Uderzo et Goscinny n’ont pas envoyé leurs héros de papier en Chine, c’était une bonne idée d’inventer une histoire d’Astérix dans l’empire du Milieu.

La bataille finale en costumes, avec les chevaux et l’impératrice qui débarque avec toute son armée (comme dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre). Tout fonctionne pour nous plonger dans l’époque antique.

Il y a vingt ans sortait au cinéma Astérix et Obélix, mission Cléopâtre. J’avais quinze ans. Tous les ados de Valence étaient dans la salle 12 du Pathé flambant neuf de la ville. L’humour Canal+ associé à l’Egypte fonctionnait à fond avec les ados.

En 2023, Guillaume Canet touche les enfants avec un conte qui se déroule dans l’empire du Milieu. C’est la magie intemporelle d’Astérix depuis plus de soixante ans !

Retrouvez ici mes précédents articles consacrés à Astérix mais aussi Tintin, mes deux titres BD favoris depuis trente-cinq ans !

On a testé en famille l’exposition Tintin, une aventure immersive à L’atelier des lumières

-Astérix fête ses soixante ans !

René Goscinny, génie français de la BD occidentale !

Littérature

Mon bilan lecture et ciné de cet été : varier les genres et découvrir…

Cet été, j’ai pris les devants car j’ai réalisé que j’étais une véritable boulimique de lecture toute l’année : dans le RER quand je vais travailler, sur mon transat le soir depuis mon beau balcon fontenaysien et surtout à la plage au bord de la mer Noire, en famille en Bulgarie.

En Bulgarie, c’est un peu compliqué car les romans et la presse française ne courent pas les rues malgré les librairies francophiles. Alors j’ai pris deux gros pavés qui j’espère, me tiendront les deux semaines de congés. J’avais même prévu d’emprunter la liseuse Kobo de mon père mais je me suis dégonflée. Cependant, en tant que vraie lectrice, je tenterai un jour l’expérience numérique…

Les heureux élus de cet été sont :

Une grande partie de cette sélection à lire et à visionner vient de ma médiathèque à Fontenay sous bois. Je salue leur travail de qualité pour nous proposer de quoi nous évader l’esprit l’été, on sous-estime le rôle socioculturel de ces bibliothécaires : voici un article de blog qui présente leur métier.

A visionner avec une bonne glace quand la brise du soir chasse la canicule.

Holy Lola de Bertrand Tavernier en 2005 avec Isabelle Carré et Jacques Gamblin

Un couple auvergnat rejoint le Cambodge et tout un hôtel avec d’autres adoptants français pour rencontrer leur petite fille : Holy Lola. On suit leur parcours du combattant où les nerfs et les émotions sont mises à rude épreuve face à la corruption qui monnaye avec cynisme et intéressement le désir d’enfant. Je l’ai revu ces jours-ci alors que je suis devenue maman depuis et ma compréhension de leurs ressentis était indéniablement plus forte.

La lutte des classes de Michel Leclerc avec Leïla Bekti et Edouard Baer.

Je suis avec attention tous les films de Michel Leclerc, l’un des réalisateurs de ma série préférée Fais pas ci, fais pas ça car je trouve qu’il décrit avec beaucoup de justesse la société actuelle. Et puis, c’est comique mais habitant l’est parisien populaire, je pourrai me retrouver dans la situation de ces parents dans quelques années.

Un bon film poil à gratter pour questionner notre xénophobie ordinaire. J’aime beaucoup le jeu authentique et sensible de Leïla Behkti. Ne la cantonnons pas à son rôle de psychopathe mal dégrossie dans La flamme et Le flambeau

Ces deux films étaient dans ma liste à voir, j’ai hâte de regarder Antoinette dans les Cévennes, Elvis et puis Downtown abbey une nouvelle ère grâce à Eureka, la formidable plateforme numérique des bibliothèques du Val de Marne…

A lire dans un bon transat en ville, à la plage ou dans un pré qui sent bon l’herbe coupée.

Encore une fois, je salue l’initiative de tous ces maires qui développent les initiatives estivales comme Paris plages, Fontenay sous soleil ou l’été anti-rouille à Créteil. C’est très agréable de lire des revues prêtées par la médiathèque en attendant que son enfant ait fini de se dépenser sur un château gonflable.

Pour cet été, j’ai décidé de sortir de mes habitudes de lectures avec une enquête policière sur Action directe, un roman historique pendant la dictature de Franco en Espagne, un feel-good un peu plan plan mais qui décrit bien Brighton et l’Italie, un autre roman historique sur les biens artistiques spoliés aux familles juives pendant la seconde guerre mondiale et surtout le dernier roman de JC Sullivan…

Les âmes sélectives, J.C Sullivan, éditions Les escales, 23€

Je vais commencer par celui-ci car c’est celui que j’avais le plus envie de lire. Malheureusement, grosse déception. Je n’ai pas retrouvé la finesse psychologique des personnages que j’avais tant aimé dans Maine, Les liens du mariage ou encore Les anges et tous les saints. Les dialogues entre les personnages étaient soporifiques et creux.

Je ne me suis attachée à aucun des personnages tant ils respiraient le cynisme et la déprime. Cette amitié entre Elisabeth et Sam, la mère de famille et la étudiante nounou ne m’a rien apporté de fécond. D’ailleurs, cela se termine en eau de boudin entre elles. Oups, spoiler. J’ai même sauté 400 pages pour lui donner une ultime chance mais cette vision sinistre de la maternité m’a beaucoup rebutée. Mais je remercie beaucoup la maison d’édition Les escales pour l’envoi de ce livre en service de presse.

Heureusement, je me suis régalée à regarder sur Netflix le film Journal d’une baby sitter. C’est une comédie de qualité qui étudie sous un angle anthropologique les riches familles de New-York dont les rejetons pourraient s’appeler Blair, Serena ou Chuck dans Gossip girl.

Dans un tout autre genre, j’ai lu La fille de Deauville de Vanessa Schneider, éditions Grasset, 20€

Ce n’est pas un coup de cœur mais j’ai trouvé fort intéressante cette traque policière qui devient obsessionnelle pour un policier, Luigi Pareno. Ce roman raconte la trajectoire de Joëlle, une jeune fille de la haute bourgeoisie qui hait au plus haut point ses parents et d’où elle vient. Elle rallie l’autre camp, celui des violents qui abat les riches d’une balle dans la tête sans sommation, en se planquant dans un coin sombre de leurs allées privées.

Cette structure assez décousue m’a un peu déstabilisée mais elle illustre bien la perte de tous repères, cette vie clandestine et meurtrière dans laquelle se perdent les terroristes d’Action directe.

J’aime beaucoup la plume de cette journaliste judiciaire du Monde qui a réussit son coup : montrer l’errance des êtres quand ils épousent une cause idéologique violente qui mène à avoir du sang sur les mains. Ce n’était pas une lecture très joyeuse mais elle m’a permis une saine réflexion philosophique.

Puis j’ai lu Hôtel Castellana (écrit par Ruta Sepetys, Gallimard Jeunesse, 19€), un roman historique que j’avais envie de lire depuis un bon moment. Lui aussi parle d’idéologie qui enferme les gens dans la souffrance mais à l’échelle d’une dictature d’Etat.

A travers une histoire d’amour contrariée entre Ana et Daniel, on comprend toute la pesanteur psychologique vécue par des millions d’Espagnols sur plusieurs générations entre 1936 et 1975. Ils ont la vingtaine mais portent le poids du monde sur les épaules.

Il est un riche héritier texan d’origine espagnole, elle est une très jolie fille pauvre qui va se sortir toute seule du ruisseau. Ce roman passionnant et bien écrit m’a tellement parlé sur une époque noire de l’Histoire en Europe que je réfléchis à un article pour chroniquer en détail ce roman. Pour résumer, ce roman donne la parole à tout un peuple meurtri à l’image des martyrs de Guernica, immortalisés par Picasso.

Ne sous-estimez jamais la richesse de la littérature young adult, j’avais vraiment envie de rajouter à ce bilan lecture deux très bons livres que j’ai lu en juin : Angie et Souviens-toi de septembre de Marie-Aude Murail, éditions Ecole des loisirs.

Chaque tome raconte une enquête policière menée par un trio de choc : Augustin Maupetit, commissaire beau gosse de la brigade des stupéfiants, Angie sa petite voisine de quinze ans et surtout Capitaine dite Capi, le berger allemand qui renifle les containers du port pour faire tomber les trafiquants de drogue du port.

C’est une trilogie ultra contemporaine qui se déroule pendant le grand confinement, celui du printemps 2020. La France était sidérée, éloignée de ses repères. Les policiers, les infirmières à domicile continuaient de travailler tout comme les acteurs d’une économie parallèle bien connue au Havre : la drogue. Avec de l’argent facile, on corrompt les dockers pour qu’ils mettent à l’abri de la douane un container.

Ces romans racontent avec talent la lutte des classes : la bourgeoisie havraise qui vit dans les villas sur les hauteurs comme dans un tableau de Monet à Sainte-Adresse et les prolos qui vivent dans les quartiers pauvres.

Et enfin, je ne pouvais pas finir ce bilan lecture sans une chronique BD : Les beaux étés de Zidrou et Jordi Lafebre, éditions Dargaud, 35€.

J’ai découvert cette saga familiale en six tomes dans le journal gratuit de Dargaud, trouvé à la Procure (ils font tous les deux partie du groupe Média participations). C’est exactement le genre de roman graphique que j’aime lire. Cela allie nostalgie, vacances, Histoire grande et petite, souvenirs et beau dessin attachant.

Cela raconte par de nombreux flash-back le départ en vacances d’une famille belge qui attend que le père ait fini ses planches de BD pour décoller de leur Belgique pluvieuse direction le sud de la France et le soleil… Cela m’a fait pensé au film Bienvenue à Marly Gomont de Kamini qui se passe dans le même coin et à la même époque mais aussi c’est l’antithèse de Boule et Bill.

Ici, les parents Falderault sont des soixante-huitards qui s’aiment goulument devant leurs enfants, ils pratiquent une vie bohême teintée d’humour et de naturisme alors qu’on se demande ce que font les parents de Boule et Bill au lit.

J’aime beaucoup cette saga qui explique comment la génération née après guerre s’est débrouillée pour se débarrasser des traumatismes de leurs parents : l’un des grands père est un réfugié espagnol de la dictature franquiste alors que l’autre papi a travaillé au STO.

Enfin, je vais continuer sur ma lancée de l’été en me sélectionnant à nouveau sept-huit romans et films pour l’automne. Pendant mes congés d’été, on a appris le décès de Jean-Jacques Sempé, sans doute l’un des dessinateurs les plus connus et apprécié en France depuis plus de soixante ans. Il est impensable pour moi de ne pas lui rendre hommage dans ce blog dans un prochain article.

Retrouvez-ici mes derniers articles BD et romans :

-Des chroniques familiales sous forme de bulles de BD

Entretenir le devoir de mémoire en BD : Guernica, éditions La boite à bulles

-Marie Vareille, spécialiste du genre feel good et young adult

BD & romans graphiques

Les relations familiales sous forme de bulles… de BD

Cela faisait un bon moment que je peinais à trouver une BD qui allait m’inspirer pour le blog. Il y a bien eu Adoleschiante de Marie Donzelli et Mademoiselle Caroline (je lis toutes les BD de Mademoiselle Caroline). Mais pas assez de matière pour écrire un article de blog fleuve.

J’ai eu un vrai de coup de cœur pour Le plongeon de Séverine Vidal et Victor L. Pinel, éditions Grand angle. Autant, j’ai trouvé la couverture un peu glauque mais puissante, autant j’ai trouvé l’album lumineux et vivant.

Les éditeurs de Bamboo ont trouvé une excellente punchline (je déteste les punchlines dans la vraie vie) : « Un EHPAD, des fesses, de l’amour et des rides« . J’aurai rajouté des rires aussi car dans cette maison de retraite, Yvonne, 81 ans va trouver une bande d’amis qui n’a pas perdu son sens de l’humour.

Pourquoi j’ai vraiment aimé ce roman graphique de qualité ?

Au lieu de m’égarer dans un résumé terne et partiel, j’ai voulu aller droit au but. Ce roman graphique m’a énormément plu car il raconte la perte d’indépendance d’une femme qui a du caractère et comment elle va s’adapter à sa nouvelle vie sans ruer dans les brancards.

Car elle a réalisé qu’elle a besoin de l’aide des autres dorénavant car sa mémoire lui glisse des mains. Cet album montre la vulnérabilité de chacun quand on doit s’adapter à la vie en collectivité alors qu’on ne va plus travailler.

Ce n’est pas simple quand on habite peinard tranquille chez soi à son propre rythme depuis dix ans et qu’il va falloir se fader les ateliers poterie, le couvre-lit rêche de la chambre médicalisée et surtout les repas au réfectoires qui ne sont pas toujours gastronomiques.

Ce départ à la maison de retraite m’a vraiment rappelé l’histoire de ma grand-mère Annette qui a vécu quelques mois dans une maison de retraite à Rouen en 2011. L’endroit n’était pas particulièrement inhospitalier, je n’ai pas été témoin de scènes choquantes avec des résidents mais il y avait une odeur persistante dans les couloirs dont je me rappelle plus de dix ans plus tard.

Cela sentait comme dans les hôpitaux et pas l’odeur d’un bon gâteau dans une maison chaleureuse. Inutile de dire que j’étais bien contente de quitter l’endroit rapidos.

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique car il montre comment on infantilise les personnes âgées car on n’a pas le choix quand ils perdent leur indépendance et leur autonomie. La confrontation entre Yvonne et la directrice de la maison de retraite qui n’est pas une mauvaise femme, est savoureuse.

Je vous invite à lire cette magnifique BD pour son état d’esprit agréable à lire, cet album célèbre la vie tout simplement avec des couleurs chaudes et vivantes.

Dans un tout autre genre, il y a un essai très polémique : Les fossoyeurs de Victor Castanet, édité par Fayard qui est utile pour dénoncer les maltraitances envers nos anciens. Je ne l’ai pas lu mais j’ai vu un extrait de Cash investigation où Elise Lucet interviewait un directeur d’un grand groupe de maisons de retraite. Malgré des listings éloquents, il s’est défendu d’affamer des personnes âgées d’une manière vraiment hideuse. Je recommande à ce monsieur de lire cette BD Le plongeon.

Cette BD montre en dessin la qualité des relations humaines qui nous permettent de ne pas couler face à la maladie, la dépression, la solitude… Avec cette BD, j’ai réalisé que le départ en maison de retraite est sans doute le rite de passage le plus difficile de toute une vie et que c’est vraiment un sujet tabou. Alors qu’on en fait des caisses pour les enterrements de vie de jeune fille et les baby shower…

Dans le même genre et avec les mêmes auteurs et dessinateurs, j’ai lu La maison de la plage, éditée par Marabout.

Cette histoire familiale m’a beaucoup touchée. Elle raconte comment une famille se retrouve un été autour de la nièce devenue veuve, avant même de devenir maman. Le tonton un peu en marge de la famille vient un peu casser l’ambiance en voulant vendre sa part de la maison.

Heureusement, les autres frères et belles-sœurs sont intelligents car ils ne se fâchent pas à mort avec lui et arrivent même à préserver l’harmonie familiale. C’est beau à l’heure où l’on brade ses souvenirs au grenier sur l’autel d’AirBNB….

Retrouvez ici mes meilleurs chroniques de romans graphiques !

Le monde au balcon, le journal de confinement de Sophie Lambda

Alain Auderset sur le chemin de l’autobiographie : Rendez-vous dans la forêt

-Le roman graphique au service de l’autobiographie : le combo gagnant !

BD & romans graphiques

Auderset sur le chemin de l’autobiographie

Depuis trois mois, je trépigne d’impatience de lire le nouveau volume de la série Rendez-vous dans la forêt, roman graphique du dessinateur de BD suisse Alain Auderset.

Il faut dire que les extraits du livre qu’il distille sur son blog et son compte Instagram sont particulièrement passionnants…

J’aime suivre son compte Instagram avec ses superbes forêts suisses en automne. C’est le talent d’Alain Auderset : observer la nature et en tirer des enseignements, un peu (beaucoup) dans l’esprit de Jésus qui se servait des paraboles dans le Nouveau testament.

Pour ce 4eme volume d’une série à succès (le premier volume de Rendez-vous dans la forêt s’est vendu à plus de 13 000 exemplaires), Alain Auderset a décidé de revenir aux origines avec son témoignage personnel  riche et sincère.

J’aime les autobiographies (notamment celle de David Gréa, dans un genre plus littéraire),  les romans graphiques et surtout j’aime le dessin très moderne d’Alain Auderset.

Rendez-vous dans la forêt- Origine, Alain Auderset, Atelier Auderset, 360 pages, Novembre 2020. En vente à la librairie 7ici : 20€.

Il révolutionne le genre de la bande dessinée chrétienne avec son trait très contemporain qui tranche avec les productions plus classiques et plus datées.

Ses romans graphiques sont des bijoux de fabrication, avec la petite attention unique : la feuille de sa forêt offerte à chaque livre…

Ce nouveau volume est plus épais que les autres, il contient plus de 360 anecdotes de sa vie depuis sa naissance. Alain Auderset a rencontré Jésus à l’âge de quinze ans alors qu’il était un petit garçon brutalisé par ses camarades d’école.

Il a raconté quelques uns de ses souvenirs dans les précédents tomes de Rendez-vous dans la forêt mais cette fois-ci place totale au témoignage personnel et à l’introspection.

J’aime cette série de romans graphiques pour son ton authentique qui raconte des rencontres humaines extraordinaires entre Alain et les visiteurs de son atelier, grâce à Jésus, leur ami commun. Le terme de communauté n’est pas un vain mot chez les Auderset à Saint-Imier.

Il a une grande communauté virtuelle dans toute la francophonie à travers ses live Youtube et ses posts.

Mais son inspiration lui vient aussi de toute la vie qui se déroule dans son atelier : la main à la pâte de ses enfants, les bénévoles qui viennent apporter leur aide spontanément, les artistes qui se forment chez Auderset et redécouvrent une foi vivante et vraie en allant se balader dans la forêt… Un vrai ministère… !

Ce nouveau volume a été écrit pendant le confinement. Un travail important de lectures et de corrections pour réaliser un livre unique qui retrace au plus juste une rencontre personnelle avec Dieu.

Alain Auderset prend souvent la posture du rigolo mais c’est un incroyable bosseur qui use son poignet à reprendre inlassablement ses illustrations jusqu’à douze heures par jour parfois. Il dessine vraiment très bien et avec l’inspiration de l’Esprit.

Ce livre, je vais l’offrir à mes proches comme compagnon de confinement !

Retrouvez ici mes précédentes chroniques des précédents tomes de RDVF :

– La chronique du volume 2

– La chronique du volume 3

BD & romans graphiques

Le monde au balcon, souvenir sociologique du confinement

J’ai découvert Sophie Lambda et sa bande dessinée Le monde au balcon via le compte Instagram de son éditeur Albin Michel. Ce carnet raconte le début de son année 2020 sans se douter que la moitié de la planète devra se confiner face à Coco le virus deux mois plus tard

Ce carnet, je l’ai acheté rapidement à la librairie Le comptoir des mots à Gambetta, dans le 20eme arrondissement de Paris pour garder un souvenir de cette drôle de période dans ma bibliothèque. J ‘y ajouterai sans doute une petite feuille à carreaux avec mes propres souvenirs. L’être humain a une sacrée capacité de résilience et d’oubli (heureusement sans doute).

Le monde au balcon, carnet dessiné d’un printemps confiné, Sophie Lambda, Editions Albin Michel, 2020, 96 pages, 14,90 €

Je retiendrai que je me suis vraiment ennuyée pendant ce confinement, surtout les week-ends. Je suis souvent allée dépenser mes dix euros hebdomadaires en revues de décoration et de gommettes pour ma fille et mon mari, leur activité père-fille. J’en ai eu ras le bol de faire le tour du paté de maison, sur le bitume. Je comprends tout à fait la ruée des Parisiens vers la campagne au déconfinement.

Droits réservés Sophie Lambda

J’ai collé l’attestation dérogatoire de déplacement dans mon bullet journal, persuadée que c’était un document historique à conserver. Mais mon plus beau souvenir familial, ce fut les premiers pas hésitants mais décidés de notre Petite biche nationale ! Avec elle, le confinement c’était sport ! On était bien contents lors des siestes et du coucher de pouvoir souffler. Mais de nombreux amis et notre famille nous ont bien envié d’avoir été confinés avec un enfant pour enrichir nos journées. Il parait que d’expérience, Netflix ça va bien cinq minutes.

Netflix, il en est souvent question dans la BD de Sophie. J’ai vraiment aimé son sketch autour de la farine et ses références à des initiatives peu connues du grand public mais relayées par les réseaux sociaux.

Total respect à l’Olympique de Marseille qui a mis à disposition de familles touchées par les violences conjugales les chambres des joueurs de foot et leurs infrastructures sportives pour les enfants. C’est beau la solidarité humaine qui s’organise en moins d’une semaine. Elle relaie aussi la belle lettre des voisins d’un infirmier pour le décharger de ses tâches ménagères en cette période intense pour les soignants.

C’est une BD polymorphe avec du beau dessin mais aussi des captures d’écran de vidéos Youtube et de comptes Instagram. Un média vraiment original et très actuel. C’est vrai qu’au milieu du livre, je me suis un peu lassée et ennuyée. Mais j’ai trouvé ça génial, parce qu’à mi-parcours, vers Pâques, tout le monde trouvait le temps sacrément long.

Cette dessinatrice a un vrai talent de sociologue, elle sait capter l’atmosphère ambiante dans un pas, toutes générations confondues. Sa BD est un documentaire anthropologique passionnant. J’ai beaucoup aimé ses illustrations avec les animaux notamment celle qui annonce le dé-confinement et les pages véridiques où la nature reprend ses droits.

Droits réservés Sophie Lambda

Je suis pas toujours convaincue par son coup de crayon pour dessiner les expressions des visages mais elle croque très bien la société actuelle du 21eme siècle. Le ton est à la fois drôle et juste, léger mais aussi engagé.

Puis je me suis intéressée à sa première BD totalement autobiographique :Tant pis pour l’amour, éditions Delcourt, publiée en 2019. Elle raconte sa reconstruction personnelle après une relation toxique dans les bras d’un manipulateur. Je trouve que le dessin est beaucoup plus travaillé et abouti que celui de son carnet de confinement.

Je me suis régalée à suivre ses stories Instagram où elle racontait ses recherches d’idées pour sa couverture finale. C’est une vraie auteure de BD accomplie avec des débuts très prometteurs. Il ne me reste plus qu’à lire Tant pis pour l’amour, je suis actuellement en troisième position sur la liste d’attente du livre à la bibliothèque Marguerite Duras.

Je vous recommande cette émission de France 2 où Sophie était invitée avec Caroline Diamant et Enora Malagré avec deux femmes psychologues je présume. Les remarques sont très intéressantes et ne tombent pas du tout dans la misandrie (la haine des hommes) parce que l’emprise est aussi bien le fait d’ un homme ou d’ une femme dans un couple. Cette BD a été vendue à plus de 25 000 exemplaires, signe que le sujet est pleinement d’actualité malheureusement.

Les relations hommes/femmes seront l’objet d’un prochain article dans ce blog car c’est un sujet qui me tient à cœur. Je suis un peu écœurée en ce moment par cette guerre des sexes ambiante, ces insultes qui fusent dans tous les sens pour une tenue vestimentaire ou un regard mal interprété quand hommes et femmes se méfient de l’autre dans la rue. Il y a quelques semaines, j’ai rigolé avec un caissier dans un supermarché. Il se plaignait que le port du masque ne lui facilitait pas la vie comme il aimait bien draguer. C’était drôle !

Alors que la drague retrouve ses lettres de noblesse ! Que les filles puissent se sentir un peu fières, la tête haute, qu’on leur dise des mots flatteurs et non des injures obscènes et ordurières. Pendant le confinement, je me sentais pas bien rassurée toute seule dans la rue en allant chercher mon pain. Même habillée comme un sac, même pas maquillée, je me suis fais draguée un ou deux fois par des gros balourds qui n’avaient pas envie de conter fleurette.

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Se détendre à l’ère du coronavirus