Expos

Derniers jours pour visiter l’expo Art déco, France/Amérique du Nord à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Cette expo, j’ai repéré son affiche dans le métro et le thème envoyait du rêve. J’aime beaucoup regarder la série Downtown Abbey qui se déroule entre 1912, le naufrage du Titanic et 1929, le krach boursier en Angleterre.

Cette exposition comment les années folles en France ont inspiré l’Amérique du Nord : les paquebots de luxe, la mode des robes longues, les accessoires de bureau avant l’ordinateur… C’est l’exposition marquante de cet hiver.

Elle fait suite à une autre exposition « 1925, quand l’Art Déco séduit le monde » également à la Cité du patrimoine il y a dix ans. C’est un style très moderne qui rompt avec le style nouille de la Belle époque.

Entre 1900 et 1914, c’est un âge d’or dans toute l’Europe : Marseille, Vienne, Barcelone… Puis la guerre est déclarée, c’est l’horreur dans les tranchées.

En 1918, la paix revient. La révolution industrielle du 19eme siècle prend un tournant dans les années 1920 avec son lot d’innovations. On invente le néon, le téléphone et le cinéma se démocratisent.

Ces innovations provoquent tout un tas de bouleversements sociétaux : au cinéma, dans le noir, on peut draguer sans chaperon… Les filles se coupent les cheveux à la garçonne, on découvre les tableaux de Tamara de Lempicka…

A deux avenues de la cité du patrimoine de l’architecture, se déroule l’exposition Frida Kahlo, au delà des apparences au musée Galliera, également jusqu’au 5 mars. Je vous recommande de faire les deux car elles racontent une période contemporaine mais dans un continent américain bien différent.

Frida Kahlo voue une vraie aversion aux Etats-Unis et elle va valoriser les traditions millénaires de son pays : le Mexique à travers ses robes, ses bijoux et surtout ses tableaux.

J’ai aimé l’ exposition dédiée à l’Art déco pour son culte de la modernité, elle souligne aussi l’influence déterminante de la France aux Etats Unis au début du 20eme siècle. Entre la fin du 19eme siècle et 1930, il y aura d’incessants échanges intellectuels et artistiques des deux côtés de l’Atlantique.

L’exposition s’ouvre avec la Statue de la liberté crée par Auguste Bartholdi, un sculpteur français (Cocorico) en 1886. Cette statue est l’emblème de New York au même titre que les grattes-ciels. Ce genre d’immeubles tout à fait époustouflants sont révélateurs de l’essor du style art Déco.

C’est le premier style artistique totalement industrialisé. Il est beaucoup plus sobre et épuré que l’Art nouveau de la Belle époque. Les formes se géométrisent, elles s’adaptent au règne de la machine. Les motifs sont inspirés par l’art cubiste, avant-garde dans le domaine de la peinture. Le tableau Les Demoiselles d’Avignon de Pablo Picasso a été acheté par le MOMA en 1939.

Joséphine Baker est une figure marquante de cette exposition. C’est d’ailleurs une photographie d’un de ses spectacles de music-hall qui illustre le catalogue d’exposition.

C’est une des figures historiques qui m’inspirent le plus actuellement. J’ai adoré lire sa biographique que j’avais chroniqué ici !

Voici une galerie des œuvres présentées dans l’exposition. J’ai beaucoup aimé la scénographie à la fois très sobre et très classe. On s’attends à monter dans un paquebot transatlantique avec ses espaces feutrés. Les paquebots étaient des vitrines d’exposition de l’art Déco. On pouvait les visiter quand ils faisaient une escale dans une ville…

Ce devrait être une exposition permanente car le palais de Chaillot qui abrite cette exposition est un exemple d’architecture Art déco. Le palais du Trocadéro présente une architecture d’inspiration américaine, très différente du style haussmanien dans le quartier de la Tour Eiffel.

Je vous recommande la lecture de la revue d’art jeunesse Dada qui explique l’élaboration du beffroi de Lille, le grand Rex… Cette revue a été illustrée par Alice Des, qui a conçu un atelier pour les enfants autour de l’exposition.

Droits réservés Alice Des

Je vous recommande les ressources numériques de la Cité de l’architecture et du patrimoine pour réaliser des activités DIY avec vos enfants sur le thème de l’architecture. La librairie du Moniteur a fermé ses portes il y a quelques années mais il y a un petit espace avec des tables pour que les enfants puissent colorier.

Je trouve ça juste un peu dommage ces grands espaces un peu vides pour un musée avec tant de potentiel vu son emplacement. Il y a aussi le théâtre de la Colline juste à côté. Ce coin du 16eme arrondissement est vraiment mon lieu favori avec le musée Galliéra et le musée d’art moderne. Voici le véritable triangle d’or parisien !

Le musée accueille en son sein une magnifique brasserie : Girafe avec vue imprenable sur la Tour Eiffel. Le bar à cocktails pourrait servir de lieu de tournage d’un film comme Gatsby le magnifique. Je rêverai de monter au 9eme étage pour accéder au rooftop : la suite Girafe.

Il s’agit de l’ancien appartement du conservateur des lieux. Mais l’endroit semble réservé à des privilégiés, priés de laisser la perche à selfie au vestiaire.

Pour conserver cette esthétique Art déco, j’ai passé commande auprès de ma compatriote drômoise Mapu picchu avec cette superbe banane fait main arabesques.

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Biographies et autobiographies

Deux Américaines à l’honneur cet hiver à Panthéon-Luxembourg

Emily a beau monopoliser les colonnes Morris du quartier pour annoncer qu’elle revient à Paris dans une saison 2 sur Netflix, je ne vais pas vous parler d’elle mais bien de Joséphine Baker et Vivian Maier.

Ce sont deux Américaines qui ont marqué la France par leurs talents artistiques et leur personnalité, elles ont vécu un attachement particulier avec notre pays.

Comme les expositions qui leur étaient consacrées sont temporaires ou coûtent un rein (14€50 pour visiter l’exposition Vivian Maier au musée du Luxembourg, ce n’est acceptable, messieurs les sénateurs, faites quelque chose), j’ai choisi de lire leurs biographies.

Elles ont rapidement rejoint ma bibliothèque, non loin de Sister soul, la biographie géniale d’Aretha Franklin écrite par Jean-Luc Gadreau.

Une femme en contre-jour, Gaëlle Josse, Editions Noir sur blanc, 2019, 14€

Ce roman biographique, je l’ai lu pendant les vacances de Noël. Il a beau être court à lire : 160 pages, il est très dense tant le portrait psychologique de cette femme seule est précis et passionnant.

Le titre est très bien choisi. Il raconte l’histoire hors norme d’une femme née en 1926 à New-York dans une famille dysfonctionnelle à son comble.

La grand-mère française Eugénie, abandonne sa fille Maria à sa sœur en Haute-Savoie pour faire fortune en Amérique. La jeune fille rejoint cette mère totalement inconnue et vit une vie totalement instable, livrée à elle-même.

Elle rencontre alors Charles Maier, qu’on peut tout à fait qualifier de très mauvais bougre. Il terrorise les femmes qu’il épouse à tour de rôle et n’assume aucunes responsabilités paternelle.

Vivian Maier en héritera de profonds troubles psychologiques que les familles qui l’emploieront comme nurse constateront à un moment ou à un autre de ses années chez eux. Certains la prenaient en grippe, d’autres s’attachaient à elle. Comme ses trois petits protégés de Chicago qui lui fourniront un toit dans ses dernières années qu’elle vécu dans un grand dénuement.

Ce sont eux qui feront cette découverte de milliers de clichés exceptionnels.

Vivian Maier, sans titre, 3 septembre 1954 
(Vivian Maier / Maloof Collection, Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York

Vivian Maier se distingue beaucoup de la tendre nostalgie d’un Robert Doisneau avec ces écoliers parisiens rêveurs (je cite Gaëlle Josse dans son livre) . Elle montre la crasse des trottoirs new-yorkais, la pauvreté des quartiers peu recommandables où elle aimait s’aventurer avec les enfants qu’elle gardait. C’est vraiment l’envers du décor du rêve américain et cela passionne les gens !

Droits réservés Ginacie

Vivian Maier fut l’une des plus grandes photographes américaines du 20eme siècle. Mais aucune exposition de son vivant ne révéla l’étendue de son talent. Décédée en 2009, cette exposition au musée du Luxembourg est l’une des premières d’envergure mondiale dédiée à l’artiste.

Cette lecture m’a été recommandée par ma collègue Ana (si tu passes une tête par ici, merci beaucoup !). J’aime beaucoup la plume de Gaëlle Josse qui a su mettre des mots sur les maux de Vivian, elle parle de santé mentale et de violences intra-familiales avec beaucoup de pudeur et de retenue.

Alors que c’est vraiment la famille Groseille dans l’Amérique des années 1930.

Enfin, magie d’Internet, j’ai découvert le blog de la brodeuse Ginacie, une mine d’or qui m’inspire beaucoup en ce moment. Vivian Maier est l’une de ses références artistiques.

Collage de Carole B

Joséphine Baker par Jacques Plessis, Folio Gallimard, 8€60

Cette biographie de qualité n’a pas de titre, c’est dommage alors que La croix magazine a été plus inspiré : La renaissance d’un phénix. J’ai véritable découvert son histoire grâce à un chef d’œuvre : Culottées de Pénélope Bagieu, roman graphique et dessin animé génialissime.

Je connaissais ses chansons grâce à ma grand-mère et mon arrière-tante nées en 1919 et en 1937 mais pas son passé de résistante et de militante anti-raciste.

Cette femme est tout simplement unique en son genre. Comme Vivian Maier, elle a grandi dans une famille dysfonctionnelle avec de vrais malheurs très jeune. Mais avec sa joie de vivre en étendard, elle a su tirer son épingle du jeu grâce à son don pour la danse et la comédie. Dans une Europe franchement raciste, elle a réussit le tour de force de se faire aimer et respecter. Quelle schizophrénie à l’heure actuelle de la cancelled culture et du wokisme de célébrer Joséphine Baker au Panthéon le 30 novembre 2021.

Oui lors de l’exposition universelle de 1931, la France coloniale montrait des zoos humains porte de Vincennes. Mais la France a aussi accueilli Joséphine Baker les bras ouverts, subjuguée par ses pitreries et surtout son don pour danser le charleston comme personne. Elle a bâti une véritable fortune lui permettant d’acquérir un château comme celui de la Belle au bois dormant en Dordogne.

Elle a su jouer de son exotisme, de son originalité pour attirer les foules à ses spectacles, devenant la muse des peintres d’avant-gardes. Ses contemporains n’étaient pas bien finauds à la considérer comme une sauvage mais ils avaient une véritable curiosité, une forme de respect pour ces danseurs, ses musiciens noirs.

Droits réservés C215

Ma grand-mère Annette, était une enfant de la seconde guerre mondiale qui a grandi avec la radio. Elle vouait une admiration sans borne à tous ces musiciens de jazz : Louis Amstrong, Sidney Bechet….Je me souviens d’une excellente conférence au Petit palais sur le tourisme international à Paris.

Les universitaires présents expliquaient que malgré la guerre d’Algérie et son lot d’injustices, les Afro-américains se sentaient plus en sécurité à Paris que dans leur pays dans les années 1960.

La manière dont Joséphine Baker s’est attachée à la France est admirable. Je peux vous dire qu’il y avait une atmosphère de joie dans les rues et dans les commerces autour du Panthéon le 30 novembre dernier. Joséphine Baker avait beau être décédée depuis plus de quarante ans, cette cérémonie avait du sens ! Célébrer une résistante en 2021 est important.

Plus que symbolique, cet hommage à une femme de caractère me console à l’idée que mon pays La France est encore capable d’être une terre d’accueil à laquelle on a envie de s’attacher.

L’époque de Joséphine Baker n’était pas bien plus glorieuse que l’époque actuelle avec la montée du nazisme, la ségrégation aux Etats-Unis mais elle n’a jamais baissé les bras. Même acculée par les dettes et chassée comme une malpropre de son château alors qu’elle a permit le rayonnement de toute une région.

Il y a pléthore de livres consacrés à cette personnalité incontournable (elle a été invitée au couronnement d’Elisabeth II en 1953, le pape l’a encouragé dans son projet de créer une famille arc-en-ciel). Cette femme a vécu mille vies, toutes aussi déroutantes les unes que les autres.

J’ai choisi cette biographie la plus classique, de manière volontaire car j’aime beaucoup cette collection Folio biographies. J’avais beaucoup aimé lire celle consacrée à Klimt. L’auteur raconte une femme aussi courageuse que déraisonnable.

Il explique les gloires de sa vie publique incomparable mais aussi les affres de ses blessures personnelles : la stérilité, l’état de santé en dents de scie où la grande faucheuse a essayé de faire perdre les armes à une femme d’une vitalité incomparable, les dettes et les multiples divorces…

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