Carnets de voyages urbains·Du livre à l'écran

Marcel et Monsieur Pagnol : un biopic animé éblouissant dédié à un formidable conteur

C’est l’ évènement culturel de cet automne : Marcel et Monsieur Pagnol, le film d’animation signé Sylvain Chomet, le réalisateur des Triplettes de Belleville et de L’illusionniste, nominé quatre fois aux Oscars.

Le résumé du film :

A l’apogée de sa gloire, Marcel Pagnol reçoit la commande d’une rédactrice en chef d’un grand magazine féminin pour l’écriture d’un feuilleton littéraire, dans lequel il pourra raconter son enfance, sa Provence, ses premières amours…

En rédigeant les premiers feuillets, l’enfant qu’il a été autrefois, le petit Marcel, lui apparaît soudain. Ainsi, ses souvenirs ressurgissent au fil des mots : l’arrivée du cinéma parlant, le premier grand studio de cinéma, son attachement aux acteurs, l’expérience de l’écriture. Le plus grand conteur de tous les temps devient alors le héros de sa propre histoire.

Nous avons vu ce film d’animation en famille en avant-première au Grand Rex cet après-midi. Marcel Pagnol est un écrivain immensément populaire, ambassadeur de la francophonie dans les écoles du monde entier un peu comme Le petit prince de Saint -Exupéry.

J’ai lu La gloire de mon père et Le chateau de ma mère qui font partie de la trilogie Souvenirs d’enfance publiés en 1957. C’est Hélène Lazareff, la patronne du magazine Elle qui a commandé à Pagnol alors dans le creux de la vague, un feuilleton de Noël sur le thème de la famille. Ce sera un succès immédiat puisque 50 000 exemplaires de cette autobiographie provençale seront vendus le mois suivant sa parution.

Le roman Le chateau de ma mère est de loin mon favori car il raconte une ascension sociale contrariée par une entorse au règlement. Le chef de famille entraine les siens à traverser de riches propriétés pour leur économiser des kilomètres de marche jusqu’à leur résidence secondaire. Il est en tort mais ses bons sentiments lui rendront justice. Je rêve de visiter un jour La bastide neuve sur les hauteurs d’Allauch un jour.

Ma critique du film d’animation Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet

Il s’agit d’un biopic chronologique et biographique qui raconte l’enfance de Marcel Pagnol vers 1900 dans le Marseille de la Belle époque jusqu’en 1974 date de la mort de l’académicien à Paris. Ce biopic animé montre aussi les doutes du créateur génial : il est devenu romancier à 61 ans quand il doutait de sa créativité.

Comme Sylvain Chomet le remarque dans le dossier de presse de son film, Pagnol est souvent juste. Il sait faire vibrer la bonne corde. Il raconte des tragédies avec des familles qui s’affrontent, des situations dures comme des filles-mères rejetées par leur famille (La fille du puisatier, la trilogie Marius-César-Fanny) ou des rivalités de village qui mènent à la mort (Jean de Florette et Manon des sources) .

Pagnol, l’ambassadeur de Marseille et de la Provence dans le monde entier.

C’est Laurent Laffite, acteur parisien de la Comédie française qui prête sa voix à Marcel Pagnol. A la différence des précédents films de Sylvain Chomet, la voix humaine fait son grand retour car elle a une importance dans l’oeuvre de Pagnol.

L’accent chantant méridional des clients du bar de la Marine fait pleinement partie de la carte postale même caricaturale. Jules Raimu et Fernandel font partie des amis proche de Pagnol, ils viennent tous de la même région : Marseille et Toulon, tous trois ont triomphé à Paris.

Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban, couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. Garlaban, c’est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du Plan de l’Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l’Huveaune.

Incippit de La Gloire de Mon père, éditions Fortunio, 1957.

Je vous recommande de visiter le site officiel de Marcel Pagnol en attendant l’ouverture de son musée en 2026 dans une ancienne usine d’électricité à Allauch !

Le château de la Buzine, 56 Trav. de la Buzine, 13011 Marseille : le chateau de la mère de Pagnol près du canal de Marseille.

La bastide neuve : 115 Chem. des Bellons, 13190 Allauch

Retrouvez ici mes précédents articles consacrées aux adaptations littéraires : du livre à l’écran mais aussi un carnet de voyages urbain consacré à Marseille.

Moments de vie

Noëls enfant, ces souvenirs qui comptent #nostalgie

Cette semaine, j’ai lu la newsletter bien inspirée d’une journaliste dont j’aime beaucoup la plume : Géraldine Dormoy.

Elle parlait de l’esprit de Noël avec une anecdote familiale qui m’a beaucoup parlé :

« Lorsque je ferme les yeux et que je plonge en mon for intérieur pour savoir ce que Noël m’évoque, la première image qui me vient est celle de moi, petite fille, en train de jouer avec ma sœur et ma cousine à l’Hippos Gloutons, un jeu de société qui fit fureur dans les années 80. On a moins de 10 ans, on est assises en robes et en collants clairs sur le parquet de l’appartement des grands-parents. On se déchaîne sur la manette devant nous, qui permet à notre hippo d’attraper le max de billes blanches. On joue frénétiquement, à en perdre haleine, on tape si fort sur la manette en plastique que l’une d’elles se brise au cours de la soirée. On s’en fout, on est trois, il y a quatre hippos, on peut continuer les parties, à peine moins fort. On joue dans l’entrée, au pied du sapin ruisselant de guirlandes scintillantes. L’appartement n’est pas grand, les parents n’en peuvent plus du boucan. Surexcitées, on ne les entend pas. Voilà, je crois qu’au fond, c’est encore ça pour moi Noël : l’ivresse d’un soir pas comme les autres, en famille, avec des cadeaux, de la gaité et une déco qui brille «  Voici le lien pour retrouver l’intégralité de son article.

Je suis persuadée que les jouets et les jeux de société ont une vraie importante dans la fabrication de nos souvenirs d’enfance liés à Noël. J’espère que ma fille se souviendra de ce Noël 2024 où elle participait à distribuer les pions de nos parties à la chaîne du jeu Azul.

Moi, je me souviens d’un Noël à Privas chez mes grands-parents paternels. Je devais avoir sept ou huit ans. J’avais pas bien aimé mon année scolaire de CP car elle s’est déroulée à Clermont-Ferrand et je n’aimais alors que Valence. Ce Noël en CE1 avait un goût heureux de retour à la normale.

On y retrouvait nos cousins marseillais qui ont cinq et sept ans de plus que moi. Ils connaissaient des blagues bêtes des Guignols de l’info, des Nuls, des Inconnus que l’on ne comprenait pas toujours mais comme on les admirait ….

Mon plus beau souvenir de Noël, c’est de voir ma famille réunie , les oncles et les tantes, les grands-parents, les cousins en train de jouer une partie de Mille-bornes totalement frénétique en attendant le début du repas. D’autant plus que ce n’était pas dans leurs habitudes de s’exciter comme des enfants à un jeu de société. Je ne connaissais pas vraiment ce jeu mais je l’ai aimé instantanément.

Puis le repas s’est passé et tout le monde est allé se faire une beauté dans la salle de bains en attendant la remise des cadeaux. Mon grand-père nous a même partagé un peu de son eau de Cologne car le soir de Noël était un soir pas comme les autres…

Et vous quels sont vos plus beaux souvenirs d’enfance en lien avec Noël ?

Littérature jeunesse

Ana Ana ou la poésie de l’enfance

Septembre marque la rentrée des classes pour les écoliers et leurs parents.

Alors j’ai eu envie de faire un petit shooting photo avec les billes, les seaux et les pelles au bac à sable, les marrons…

Rien n’est trop beau pour mettre en scène les albums d’ Ana Ana et ses doudous, série écrite par Dominique Roques (la mère) et illustrée par Alexis Dormal (le fils) , éditions Dargaud.

C’est la marraine de ma fille qui nous a fait découvrir cette série avec un album de toute beauté : Une virée à la mer. C’est un format à l’italienne avec des illustrations très classiques à l’aquarelle et pourtant, on est vite happé par les petites histoires du quotidien de cette joyeuse petite bande.

J’aime beaucoup la littérature jeunesse notamment la ligne éditoriale de l’Ecole des loisirs en général. Mais la lecture de l’histoire du soir, c’est souvent une corvée pour moi. Je passe pourtant un bon moment de lecture avec ma fille de cinq ans le soir avec cette série BD.

Les histoires sont assez bien rythmées, avec du suspens. On se demande quels types de bêtises les doudous ont bien pu inventer et comment Ana Ana et ses amis vont se sortir de cette situation. Dans cette série, les parents et le grand-frère Pico Bogue sont totalement absents, Ana Ana anime ses aventures avec ses doudous .

Par le recours à l’aquarelle et le classicisme des illustrations, l’univers d’Ana Ana me fait un peu pensé à Sempé, mais Ana Ana et Pico Bogue sont bien différents du Petit Nicolas. Ce sont des enfants très réfléchis dans lequel l’auteure et l’illustrateur ont mis des traits de personnalités de leurs enfants ou frères et sœurs.

« Avec Ana Ana et ses doudous, j’ai recréé le microcosme d’une société, dans une chambre d’enfant »

Alexis Dormal, Le nouvel Observateur, 16 août 2024

Les séries Pico Bogue et Ana Ana sont de belles histoires dans le domaine de l’édition. C’est une mère et son fils qui travaillent ensemble pour mettre en scène des petites chroniques de l’enfance vivantes et profondes qui suscitent les émotions de leurs lecteurs.

La mère d’Alexis Dormal : Dominique Roques a decidé de lui donner un coup de pouce en lui apportant des histoires à illustrer, connaissant la précarité du métier de son fils. Leur complicité créative a convaincu les éditeurs de Dargaud puisqu’ils ont crée deux séries à succès Pico Bogue (16 albums depuis 2008) et Ana Ana, sa petite soeur (25 albums depuis 2012).

Les éditions Dargaud proposent aux parents un plein d’idées d’activités pour occuper les enfants autour des personnages de leurs univers BD, sur leur site Internet.

Retrouvez-ici d’autres succès d’édition qui m’ont marquée et que j’ai envie de partager avec vous :

-Martine, icône intemporelle, fête ses 70 ans à la galerie Casterman

-Roule galette : un album jeunesse tout sauf ringard

Emballée par la couv’ : l’édition bulgare du journal de Bridget Jones