Littérature jeunesse

Mon aventure de lecture avec L’école des loisirs depuis toujours

J’inaugure une nouvelle rubrique dans ce blog : Moi lectrice. Elle me tient à coeur depuis longtemps ici. Je remarque que l’on s’attache personnellement à une maison d’édition quand on est lecteur.

Dans mon cas, je me suis attachée aux livres de l’Ecole des loisirs quand j’avais cinq ans et je m’en souviens précisément. J’avais découvert une petite série de premières lectures : Olga écrite par Geneviève Brisac et illustrée par Michel Gay. C’est un sentiment difficile à écrire mais l’auteure et le dessinateur sont arrivés ensemble à saisir la beauté éphémère de l’enfance de manière très poétique.

J’ai retrouvé d’autres livres d’Olga avec d’autres dessins de couverture mais le charme était rompu. J’aimais cette collection car ma cousine s’appelle Olga et je savais exactement où retrouver ces petits livres de la collection Mouche au rayon jeunesse. Depuis, l’ancienne médiathèque de Valence, un couvent auparavant, a été détruite pour construite une maison de retraite en plein centre-ville.

Les collections Mouche, Neuf et Médium, les équivalents de la collection Blanche de Gallimard pour les enfants.

Geneviève Brisac a longtemps été une éditrice emblématique de l’Ecole des loisirs et auteure phare de la maison. Les collections Mouche, Neuf, Médium sont exigeantes car la ligne éditoriale de l’Ecole des loisirs c’est d’apporter le meilleur de la littérature aux enfants.

Puis en primaire, j’ai eu un vrai coup de coeur pour l’album de Rascal : Le voyage d’Oregon que nous avons étudié en classe en CM1-CM2. Il m’a fait rêver de voyager un jour aux Etats-Unis (un jour peut-être à la retraite) .Les road-trip en littérature jeunesse sont assez rare et on comprenait rapidement l’influence de la littérature de Jack Kerouac dans cet album.

J’aime les livres de l’Ecole des loisirs car c’est une maison d’édition qui prend les enfants au sérieux avec des lectures exigeantes sans être intellos. Ils suscitent l’imaginaire et c’est précieux.

Je me souviens aussi du roman La sixième de Susie Morgenstern. J’adore sa couverture tellement iconique et efficace : elle représente ce rite de passage universel dans la vie d’un enfant. L’héroïne s’appelle aussi Margot, ma mère avait demandé à l’auteure une dédicace au salon jeunesse de Saint-Paul Trois Chateaux dans la Drôme.

Je pense que ma mère était plus fan du livre que moi mais j’ai toujours une tendresse de lire un article dans la presse ou de voir cette chère Susie avec ses lunettes roses coeur à la Grande librairie par exemple.

Je rencontre l’illustrateur Frédéric Stehr au salon du livre jeunesse de Montreuil. C’est émouvant car je lui demande de dédicacer mon album Calinours va faire les courses publié en 1987, vingt ans plus tard. Ce grand album, je l’ai gardé précieusement au cours de mes nombreux déménagements à Paris. Je l’ai d’ailleurs confié à ma fille dans sa bibliothèque d’enfant. Je compte lui transmettre un jour en espérant qu’elle en prendra bien soin.

Transmettre ses livres doudous à ses enfants.

Ma fille de six ans et ma nièce sont de grandes fans de Simon le lapin. On a lu ensemble les albums de Stéphanie Blake et elles regardent les dessins animés. J’avais même fait une chronique dans le blog car Caca boudin est un classique de la littérature jeunesse des années 2000. Les couvertures des aventures de Simon sont sacrément efficaces : elles attirent l’œil des petits de loin à la médiathèque.

Dans un autre genre, j’ai découvert les albums de Juliette Lagrange qui a décoré la rénovation de la librairie historique de l’Ecole des loisirs rue de Sèvres. J’aime énormément son dessin architectural à travers Paris découvert dans Hulotte et Léon, le récit d’un voyage scolaire entre le Louvre, l’Opéra et les Buttes-Chaumont.

Juliette Lagrange sait aussi bien nous entrainer dans la nature qu’en ville avec les aventures d’Hulotte. Ses albums ont séduit toute la famille.

Lire pour soi une fois adulte.

Et enfin, je continue à lire les romans de l’Ecole des loisirs une fois adulte. Mon auteure favorite est de loin Marie-Aude Murail dont je dévore les romans : Sauveur et fils, Simple, Papa et Maman sont dans un bateau, La fille du docteur Baudoin, la trilogie avec la petite ado intrépide Angie qui se déroule au Havre.

J’ai détaillé dans plusieurs articles de blog pourquoi sa littérature sociétale et réaliste me touche autant. Je me souviens que j’ai dévoré le tome 2 de Sauveur et fils, un après-midi au parc Monceau quand j’étais au chômage et que je me suis précipitée dans une librairie de mon quartier pour acheter le tome 3, c’est dire…

Dans la même veine psychologique, j’aime aussi beaucoup le roman Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh que j’ai également lu en BD adapté par la brillante Cati Baur.

Je me suis également prise d’affection pour la série Ma vie de chateau qui sera bientôt adaptée en dessin animé par France TV.

L’école des loisirs est un éditeur militant ayant une place privilégiée dans le paysage éditorial français.

La transmission d’albums de générations en générations fait toute sa force. Je n’ai même pas parlé des longsellers Max et les maxi monstres de Maurice Sendak et Les trois brigands de Tomi Ungerer. L’école des loisirs fête en 2025 ses 60 ans avec plus de 6000 titres dans son fonds et plus d’un millier d’auteurs publiés.

Prochainement, L’école des loisirs ouvrira une nouvelle maison des histoires, un musée à jouer pour les 0-6 ans.

*Cet article de blog ne fait l’objet d’aucun partenariat commercial. C’est une nouvelle rubrique de mon blog où je raconte mon parcours de lectrice et les choix éditoriaux des éditeurs qui m’ont convaincue.

Prochain article de la série :

Moi lectrice des éditions des Escales depuis que je suis devenue maman.

Littérature jeunesse

Les vacances de Hulotte : un voyage au coeur de la nature

J’ai découvert le travail de l’auteure illustratrice Juliette Lagrange en visitant la librairie Chantelivre qu’elle a décoré pour sa rénovation en grandes pompes.

Ces toits en zinc tellement parisiens avec ses balcons de chambres de bonne, ce panorama à vue d’oiseau vers le jardin du Luxembourg apportent beaucoup de féerie à cette librairie emblématique du 6ème arrondissement.

Ensuite, nous avons lu le soir en famille Hulotte et Léon à Paris. J’avais beaucoup aimé cet album qui me rappelait les albums de Madeline écrits par l’auteur américain et adaptés au cinéma.

Ce tour des monuments de Paris vu par des oiseaux fait rêver les enfants comme les parents. Je remercie chaleureusement les éditions L’école des loisirs qui m’ont envoyé Les vacances d’Hulotte en service de presse.

Une fois de plus, le plaisir de lecture était au rendez vous. Après les rats des villes, Juliette Lagrange s’intéresse aux rats des champs. Hulotte rejoint en train ses grands parents dans le sud de l’Ardèche pour des vacances d’automne.

Elle pense qu’elle va royalement s’y ennuyer et elle va vivre d’excellentes vacances en lien direct avec la nature. C’est un album jeunesse sur la transmission de moments de vie précieux des grands parents à leur petite fille et cela m’a beaucoup parlé. Comme moi, Juliette Lagrange a des grands parents ardéchois. Il est indéniable que cet album est un peu beaucoup autobiographique. Cette petite Hulotte ressemble beaucoup à son auteure.

Droits réservés-Juliette Lagrange

Elle va rencontrer les amis de ses grands parents lors d’une partie de pétanque mémorable, apprendre une recette de tartes aux poires avec son Papi, traverser une rivière en barque avec sa Mamie pour rejoindre son jardin partagé.

Droits réservés-Juliette Lagrange

J’ai aimé cet ouvrage car il met en valeur la vieillesse et sa douceur de vivre quand on peut couler une retraite heureuse. A la fin de l’album, Hulotte a dessiné son carnet de vacances à l’aquarelle avec les quelques mots de patois qu’elle a appris, les champignons qu’elle a ramassé en famille et son observation de la nature.

Cette lecture a résonné en moi car il est important de reconnecter à la nature quand on vit toute l’année en ville et qu’on ne sait plus reconnaître à quelle espèce d’arbre on a affaire en balade au parc.

Droits réservés-Juliette Lagrange

Retrouvez-ici mes derniers articles consacrés à la littérature jeunesse :

-Martine, icône intemporelle fête ses 70 ans

-Roule galette, un album jeunesse tout sauf ringard

-Ana Ana, la poésie de l’enfance

Littérature jeunesse

L’univers de Juliette Lagrange : un dessin architectural puissant au service des souvenirs !

J’ai découvert l’univers de Juliette Lagrange en visitant la rénovation de la librairie Chantelivre, rue de Sèvres, la vitrine de l’illustre maison d’édition suisse : L’école des Loisirs.

Son dessin architectural est vraiment grandiose et s’adapte merveilleusement bien aux volumes de la librairie.

Il y a les toits de Paris en zinc bien sûr mais aussi les petits voiliers du jardin du Luxembourg et les fameuses mansardes des chambres de bonnes des immeubles haussmanniens. Cette visite est incontournable pour tous les amoureux des librairies à la rentrée.

J’étais emballée par sa scénographie dans la librairie mais j’ai vraiment été subjuguée de recevoir en #service de presse ce superbe album : Hulotte et Léon. Un immense merci à l’Ecole des loisirs pour cet envoi. Il a vraiment séduit toute la famille : ma fille de quatre ans ainsi que ses parents.

La maison du gardien des Buttes Chaumont, droits réservés Juliette Lagrange

On le lit presque tous les soirs et nous avons prévu une balade aux Buttes-Chaumont avec le livre. Il faut dire que c’est là où nous avons eu notre premier rendez-vous amoureux avec mon mari en avril 2012.

J’ai trouvé que l’histoire était un peu commune : une bluette entre Hulotte et son meilleur ami Léon lors d’un voyage scolaire à Paris mais la magie est là.

Et puis la force de ses albums vient vraiment de la qualité et du gigantisme de son dessin architectural. Les parents qui lisent l’album à leurs enfants le soir sont forcément convaincus…

Je suis vraiment contente d’ajouter ce livre à la bibliothèque de ma fille autant pour elle que pour moi. Il est vraiment révélateur de la féérie de Paris dans les albums jeunesse. Moi j’ai été marquée par Un lion à Paris de Béatrice Alemagna quand je gardais des enfants, Madeline, la petite fille Américaine que je regardais en dessin animé avec mon frère…

L’album se termine avec une belle double-page sur l’Ile Saint Louis, encore un endroit cher à mon coeur. Ce quartier où mon histoire d’amour a commencé avec Paris en septembre 2005…

Droits réservés Juliette Lagrange.

Hulotte et Léon, Juliette Lagrange, Kaléidoscope, 13€50

Nickel le teckel, Juliette Lagrange, Albin Michel jeunesse, 13€90

Ce petit album pour les 3-6 ans raconte la quête de Nickel, un petit teckel qui cherche sa voie car il a d’autres aspirations que ses frères. L’action se déroule encore dans les grandes avenues du Paris Haussmanien. J’ai beaucoup aimé cette histoire basée sur l’introspection à hauteur d’enfant.

Retrouvez ici mes derniers articles consacrés aux livres pour enfants, chansons pour le soir et autres expositions à visiter en famille.

-La vie de chateau avec le chateau de Versailles comme terrain de jeux pour se reconstruire…

-On a testé la Cité des enfants à la Villette en famille

-Une chanson douce, incontournable dans la playlist de ma fille.

Parentalité

Vive la sieste ! Non tu n’est pas forcément un #parent épuisé, tu vis un tout autre rythme …

Au fil de nos visites hebdomadaires à la bibliothèque, nous avons découvert en famille les livres de Yuichi Kasano à l’Ecole des loisirs. C’est un amoureux de la nature qui a trouvé sa vocation de dessinateur en découvrant des dessins originaux de Béatrix Potter au musée des Beaux-arts de Boston.

Il a publié une douzaine d’albums très poétiques pour les enfants entre 3 et 6 ans dont Petit rocher, mon favori… Un grand merci à l’Ecole des loisirs de m’avoir envoyé leur dernier livre Vive la sieste.

C’est un petit livre cartonné qui verbalise une réalité bien ancrée : tous les animaux aiment faire la sieste. Si cela pouvait inspirer leur petits lecteurs…

Ce livre tout simple est néanmoins très efficace : il explique aux petits qui dorment encore l’après-midi à l’école en quoi le sommeil est réparateur, en quoi la sieste est un moment privilégié de la journée.

C’est un excellent prétexte pour aborder un sujet qui me tient à coeur depuis un bon moment. J’ai beaucoup de mal avec le caricatural compte #parentépuisé. Ca fait vraiment pleurnichard et je doute que la plainte répétée soit si constructive. Quand je regarde l’émission La maison des maternelles, j’imagine bien l’immense lassitude et la fatigue terrible qui terrassent de nombreuses parents surtout quand il y a plusieurs enfants.

Je pense qu’on ne réalise pas assez à quel point nous changeons de rythme de vie quand on devient parent. On entre dans une toute autre dimension spatio-temporelle et il suffit de l’accepter. Non tu n’as pas vieilli d’un coup, non les petits loisirs que tu aime bien faire en mode pépouze ne sont pas derrière toi. Cela te demande juste de t’organiser différemment, d’être malin pour grapiller même quinze minutes à soi dans une journée…

C’est tout à fait normal d’avoir besoin de faire une sieste le week-end quand tu es sur le pont depuis six heures du matin et que tu dois surveiller que ton enfant ne va pas se vautrer dans la rue avec sa trottinette. Réalise que tu as une mâtinée deux fois plus chargée que les autres et que ton petit moment pépouze en mode limace sur ton canapé, tu l’as amplement mérité.

La parentalité est une expérience humaine intense où tu vas découvrir où sont tes limites et en quoi être responsable d’un enfant peut t’amener à les dépasser. J’écris cet article ce printemps alors que mon frère et mes cousins que j’ai vu en bodys grenouilles vont devenir parents. Quelle joie de recevoir la première photo de leur nouvelle famille.

Je comprends comme on peut se sentir nostalgique de passer en poussette devant le café Oz de Châtelet en se disant cette belle époque est révolue… Mais une toute aussi belle t’attends, elle est juste incomparable.

Et puis aller jouer au bowling en famille un samedi matin à 10 heures ou avoir les jeux du parc floral de Vincennes juste pour soi, c’est pas mal aussi.

Grâce à ma fille, j’ai découvert plein de loisirs géniaux qui m’ont ramené en enfance : lire les livres des Monsieur Madame…, se faire plein de potes dans le bus car elle socialise avec la mamie du coin ou l’ado rebelle qui ne te calculent même pas quand tu es tout seul…

La parentalité c’est comme un parc d’attractions avec des sacrées montagnes russes émotionnelles, il suffit juste de kiffer et de lâcher prise. Une bonne sieste t’attend !

Retrouvez-ici mes précédents articles sur la parentalité dans la page Les aventures rocambolesques d’une mère moderne…

#1 : Des gigoteuses à la pelle

#2: Dormir comme un marin du Vendée globe quand on est jeune parent.

#3 : La curiosité au jardin public n’est pas un vilain défaut, c’est un trait de sociabilité !

Littérature jeunesse

Opération policière et littéraire en cours au Havre

Ce printemps, j’ai eu la chance d’échanger quelques mots avec Marie-Aude Murail, l’une de mes auteures favorites au festival du livre de Paris. En attendant impatiemment la sortie du tome 7 de Sauveur et fils, j’ai découvert une belle trilogie écrite avec son frère Lorris (malheureusement décédé depuis) pendant les confinements de 2020 et 2021.

Angie !, Souviens-toi de septembre et L’hôtel du pourquoi pas se déroulent au Havre, la ville natale des auteurs.

Chaque tome raconte une enquête policière menée par un trio de choc : Augustin Maupetit, commissaire beau gosse de la brigade des stupéfiants, Angie sa petite voisine de quinze ans et surtout Capitaine dite Capi, le berger allemand qui renifle les containers du port pour faire tomber les trafiquants de drogue du port.

C’est une trilogie ultra contemporaine qui se déroule pendant le grand confinement, celui du printemps 2020. La France était sidérée, éloignée de ses repères. Les policiers, les infirmières à domicile continuaient de travailler tout comme les acteurs d’une économie parallèle bien connue au Havre : la drogue. Avec de l’argent facile, on corrompt les dockers pour qu’ils mettent à l’abri de la douane un container.

Ces romans racontent avec talent la lutte des classes : la bourgeoisie havraise qui vit dans les villas sur les hauteurs comme dans un tableau de Monet à Sainte-Adresse et les prolos qui vivent dans les quartiers pauvres.

Ils ne cohabitent pas mais travaillent ensemble et parfois cela vire au drame. J’aime énormément comment la plume de Lorris et Marie-Aude Murail sonde les tourments de l’âme de certains personnages : Yoann Sitbon, l’héritier malheureux, Manon Lecoq, la juge d’instruction peu sûre d’elle…

Avec ses enquêtes policières, Augustin Maupetit secoue les non-dits, les regrets, la nostalgie du passé. Il est l’opposé même du gentil Karadec, le commissaire de HPI. C’est un ours bourru, très maladroit et pourtant toutes les jeunes femmes de la trilogie sont amoureuses de lui.

C’est lui le libérateur, celui qui détient les clés pour délier les vies personnelles des uns et des autres. Sa rivalité naissante avec Xavier Sitbon, le père d’Angie est savoureuse à lire tant elle est subtile.

Vilac propose des containers en bois comme jouets pour enfants

La seule qui lui tient tête est sa tante Thérèse, un personnage haut en couleurs qui apporte beaucoup à l’intrigue. Dommage qu’elle ne laisse pas son pendule à la maison car l’occultisme fait beaucoup plus de ravages qu’il ne solutionne les problèmes. Voila c’est dit !

La force de cette trilogie est d’être une œuvre ultracontemporaine qui réveille nos souvenirs communs les plus récents alors que l’on cherche à les éloigner le plus possible.

Je m’explique, les Murail ont su mettre des mots sur cette période de confinement très étrange que nous avons vécu. Marie-Aude Murail l’explique d’ailleurs très bien dans cette vidéo, interviewée par les libraires de Mollat, célèbre librairie bordelaise…

J’ai lu ces deux gros pavés en cinq jours, montre en main. J’adore commencer un bon livre dans le train, c’est synonyme de vacances et d’évasion.

D’ailleurs, c’est drôle mais je travaille en contact permanent avec le port du Havre pour importer et exporter les livres de ma maison d’éditions. J’attends l’arrivée des containers qui viennent des quatre coins du globe : Oslo, Shanghaï, Anvers

J’ai découvert un univers que je ne connaissais pas et qui me passionne. L’an dernier, j’avais écrit un article sur le Canal de Suez quand un container rempli de PQ s’était mis en travers du canal et avait provoqué un énorme bouchon à l’échelle mondiale…

Puis début juin, nous sommes allés visiter Marseille, le port de la Joliette et ses docks historiques

Une trilogie qui me donne bien envie d’aller découvrir Le Havre.

Je connais un peu Fécamp, Etretat, ses valleuses et le pays cauchois cher à Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin. Mais je ne suis jamais allée au Havre alors que mes grands-parents de Dieppe m’ont transmis une passion pour la Seine-Maritime.

Depuis, j’ai vu un magnifique reportage de Des racines et des ailes sur l’église construite par Auguste Perret. Ils font une pub du tonnerre en ce moment sur les bus dans Paris.

Enfin, L’école des loisirs pense aux adultes avec cette collection M+

Quoi qu’on en dise, cette trilogie est destinée aux jeunes adultes vers 17 ans et non aux enfants. Les faits divers qui sont décrits sont assez hardcore et choquants par leur réalisme : la mutilation de cadavre d’un jeune trafiquant, le démembrement d’une infirmière qui fait du chantage dans un four, la jeune fille qui a failli mourir de soif dans un container en partance vers la Colombie…

J’étais un peu poule mouillée sur les bords à ne jamais lire de polar, ni de thriller mais je me mets aux enquêtes policières depuis que j’ai eu un coup de cœur pour la série HPI.

L’amateurisme relatif de Morgane me fait beaucoup pensé à la fraîcheur intellectuelle d’Angie !

Je vous recommande les romans young adult de l’Ecole des loisirs pour leur qualité éditoriale, souvent la littérature jeunesse me régale bien mieux qu’un mauvais feel good à succès. Je vous signale au passage l’article de qualité du Point sur la famille Murail, écrivains à succès.

J’attends avec impatience la sortie de Sauveur et fils, tome 7 au printemps 2023. Je vais donc patienter avec L’hôtel du pourquoi pas pour clore cette trilogie havraise cet été sur la plage en Bulgarie, sur liseuse Kobo, une première…

Retrouvez-ici mes derniers articles qui parlent d’enquêtes policières, de villes portuaires et de la Seine Maritime…

-HPI, une série TFI qui mise sur la finesse psychologique

-Road trip à Massilia la belle début juin

-Passion Seine Maritime

Romans

Thérapie de groupe : Sauveur et fils tome 6

La série Sauveur et fils en cinq saisons a été ma compagne de confinement. Ce nouveau livre, je l’attendais depuis avril, annoncé sur Instagram pour la rentrée. L’auteure a été bien charitable avec ses lecteurs, je sais déjà qu’il y aura une saison sept riche en rebondissements.

Autant vous dire que j’ai bondi de mon siège d’autocar dans la navette Beauvais-Porte Maillot vers minuit quand j’ai compris que mon livre tant attendu sortait le 19 août et que je pouvais lire un extrait du premier chapitre sur le site du libraire Decitre.

En lisant le début de Sauveur et fils tome 6, je me suis dit « ça démarre sacrément fort » et j’ai scruté toutes les librairies parisiennes où me le procurer. Je l’ai réservé au Comptoir des mots, place Gambetta dans le 20eme arrondissement et je l’ai dévoré en quatre jours. La finale de la ligue des champions n’a pas fait le poids face à la fin de mon livre.

Le premier chapitre commence avec une imposture impardonnable mais sacrément drôle à lire. Jovo, est un vieux légionnaire barbouzeur recueilli par le psychologue antillais Sauveur Saint-Yves dans sa jolie famille recomposée d’une maison cossue d’Orléans. Il s’introduit tôt le matin dans le cabinet du thérapeute pour se mettre littéralement à sa place. Et c’est sacrément dangereux et irresponsable.

Dans un cabinet de psychothérapie, on recueille les secrets de famille difficiles à porter, on soutient des personnes qui arrivent avec leur fardeau et leur grande vulnérabilité émotionnelle. Sauveur Saint-Yves est aussi un homme qui doute et qui fait des erreurs dans sa stratégie d’accompagnement de ses patients. C’est d’ailleurs tout le sel de cette série, découvrir comment un psy peut se tromper et retomber sur ses pattes… ou non.

Il reçoit et écoute avec professionnalisme plus de soixante personnes par semaine, empiétant même sur son samedi matin pour les urgences. Psychologue, je le vois comme un sacerdoce !

J’aime lire Sauveur et fils pour ces moments de grâce, ceux où quelqu’un prend conscience de sa valeur ou encore qu’il est plus fort que le piège dans lequel il était tombé. Au bout de six années de thérapie ponctuées par six romans, on s’attache aux jeunes patients de Sauveur. Au milieu de ma lecture alors que je dévore ces romans avec délice et espoir, j’ai failli tout abandonner parce que dans les chapitres qui se succédaient, soit les personnages déconnaient ou alors il leur arrivait des choses vraiment sinistres en cascade. Et moi la sinistrose, ça m’ écœure !

Sauveur et fils est une série young adult publiée par un éditeur jeunesse reconnu. Il ne faut pas mettre ce tome dans les mains d’un adolescent de moins de seize ans. Avec beaucoup de réalisme, Marie-Aude Murail parle de violences conjugales où la pire jalousie conduit tout droit à la tentative de meurtre, de la transophobie, du consentement sexuel, la peur de l’échec et la pression parentale, et aussi de la grossophobie à l’école primaire.

On se croirait dans la page société de mon journal favori Le Monde. C’est à la fois talentueux et vraiment déprimant. Il y a eu l’ histoire de Sarah qui a m’a pas mal remuée : elle a des hallucinations visuelles et auditives de démons et d’autres créatures peu amicales. Sauveur ressent la présence de l’esprit d’un patient dans son cabinet. Cela décrit des pratiques occultes avec lesquelles il ne faut surtout pas jouer !

Mais, heureusement j’ai persévéré dans ma lecture et les moments de grâce sont arrivés en cascade, eux aussi. Je ne vous les spoile pas mais j’ai eu la larme à l’œil pour ces personnages de papier !

Et en plus, on reste sur sa faim pour le tome 7 : Jovo va-t- il enfin se faire coincer par Sauveur ou la police… ?

Retrouver d’autres articles qui mêlent littérature et psychologie :

Thérapie de groupe : la série Sauveur et fils

La conférence dédiée à Marie-Aude Murail à Livre Paris 2018

Aimer sans dévorer pour vivre libres !

Romans

Thérapie de groupe

Grâce à la lecture d’un blog littéraire vraiment génial : My pretty books, j’ai découvert une trilogie écrite par une auteure que j’affectionne de longue date.

C’est simple, j’ai dévoré les trois livres en une semaine, cette série m’a fait arriver deux heures avant dans une salle d’attente pour lire tranquille mon livre, et j’ai fait le tour des librairies du quartier tout une après-midi car je voulais absolument lire la fin de cette trilogie attendrissante.

Sauveur et fils, saisons 1, 2 et 3, Marie Aude Murail

Collection Medium, Ecole des loisirs

de 12 à 16 ans

300 pages- 17€

Sauveur-et-fils

En moins d’un an, Marie-Aude Murail nous régale avec trois épisodes de Sauveur et fils où patients adolescents et leurs parents se succèdent au cabinet à domicile du psychologue Sauveur Saint-Yves à Orléans. Une fresque de portraits où s’entrechoquent fatalement vie privée, confidentialité thérapeutique et questions de société.

marie aude murailMarie-Aude Murail est une auteure emblématique de la littérature jeunesse depuis 30 ans. Elle aime écrire des histoires de fratries comme Oh boy ! ou Simple, des romans qui s’adressent aussi bien aux adolescents qu’aux adultes.

Chacun de ses livres reçoit régulièrement des prix de littérature. Sauveur et fils, saison 1 n’échappe pas à la règle car il a reçu le prix Pépite décerné en 2016 par France Télévisions au dernier salon du livre jeunesse de Montreuil.

Marie-Aude Murail a mis un peu d’elle-même dans cette fiction qui se déroule à Orléans où elle vit et elle s’est rappelée de ses souvenirs d’une année passée aux Antilles dans sa jeunesse, pour construire le personnage de Sauveur.

Ce grand et bel homme de la Martinique suscite la curiosité des mamans à la sortie de l’école (l’une d’elles, Louise, va même tomber amoureuse de lui) quand il vient chercher son fils Lazare, 8 ans. Sauveur Saint-Yves est veuf. Lazare est un petit garçon métis dans une ville française de taille moyenne : Orléans.

Le multiculturalisme est présent à l’école (la saison 2 voit l’arrivée d’une petite fille chrétienne d’Irak) ou au cabinet de Sauveur mais on note un décalage sociétal avec la capitale Paris : la parole raciste des parents assumée par réflexe xénophobe, la honte et la résignation des parents à envoyer leur enfant consulter…

« – Il m’a demandé si je voulais garder son petit et, comme j’ai rien contre les Noirs, j’ai dit oui, ajouta Nicole, pensant édifier Louise avec ses bons sentiments. Je sais pas si c’est dans votre goût, les mélanges de race, mais je trouve que le petit Lazare est pas vilain de figure. Quand ils ne sont pas TROP noirs, ça va.
Louise écoutait, tétanisée par cet étalage de racisme et de bonne conscience. 
– Ce qui est dommage, c’est ce nom, poursuivit la nounou.
– Ce nom ?
– Mais « Lazare » ! Faut dire aussi que le père s’appelle Sauveur. Mon mari, il avait connu un nègre qui s’appelait Fêtnat parce qu’il était né le jour de la fête nationale ! Enfin, ça me gêne pas, moi. Ils font ce qu’ils veulent. Du moment qu’ils restent chez eux. Mais là, à Orléans, il y en a trop. On n’est plus chez nous. Je dis pas ça pour le docteur Sauveur, il paye ce qu’il doit, il est propre, y a pas de souci. Des Noirs, y en a des biens.  »

Un extrait de Sauveur et fils, tome 1

Le racisme, la filiation, la famille recomposée et le divorce, l’identité, le cyber-harcèlement ou les questionnements sur le genre à la puberté sont autant de thématiques abordées par Marie-Aude Murail.

Les trois romans suivent la même structure : chaque chapitre décrit une séance thérapeutique de Sauveur avec un patient. On suit l’évolution de la thérapie avec ses avancées et ses échecs. Notre humanité nous pousse à nous réjouir pour l’un des personnages qui se trouve libéré d’un secret de famille ou quand l’un des adolescents retrouve son père qu’il n’ avait jamais rencontré à cause de l’emprise de sa mère toxique.

 

A cette fresque de rencontres s’entrechoque l’histoire personnelle de Sauveur Saint Yves et son fils. La première saison parle du tiraillement identitaire dû à la couleur de peau et au métissage. Sauveur adopte un premier hamster à son fils pour qu’il se sente moins seul le soir quand il se laisse submerger par la fréquence de ses consultations.

Lazare le nomme Bounty (noir à l’extérieur, blanc à l’intérieur) comme le surnom difficile à porter pour Sauveur quand il était enfant en Martinique. Cela incitera le père à révéler à son fils les circonstances dramatiques qu’ils ont vécu quand Lazare était tout bébé.

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La seconde saison s’attache à montrer les défis de chacun pour s’intégrer dans une famille recomposée. Deux sœurs Margaux et Blandine sont des personnages récurrents des trois saisons. L’une se scarifie, l’autre est hyperactive car elle a peur pour sa sœur aînée. Leur histoire est particulièrement touchante car Marie-Aude Murail a su retranscrire la douleur d’enfants de divorcés face à leurs parents plus occupés à se renvoyer leur rancœur à la figure que de montrer de l’amour à leurs filles adolescentes.

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La troisième saison développe le thème de la relation au père, une thématique importante et peu développée dans les deux premières saisons : la plupart des adolescents qui viennent en thérapie sont accompagnés par leurs mamans qui cherchent des solutions pour que leurs enfants aillent mieux. Le père est soit réfractaire à l’idée d’une thérapie ou totalement absent de l’histoire.