BD & romans graphiques

Jamais, la lutte contre l’érosion des souvenirs

Sa couverture est d’une grande beauté, son titre est très efficace. Je savais que je lirai rapidement cet album de BD Jamais après avoir vu un bandeau publicitaire dans Livres-Hebdo en janvier.

Et bien, j’ai été la toute première à l’emprunter à la nouvelle bibliothèque Assia Djebar dans le 20eme arrondissement. Bravo les bibliothèques de la Ville de Paris, encore bien joué !

J’ai lu l’avis de Fiona du blog My pretty books et j’ai eu à peu près les mêmes impressions qu’elle alors je vous les partage.

Jamais

Benoît Duhamel

Grand angle, Bamboo

60 pages en couleurs, 24 x 32 cm

15€90

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Le résumé : 

Troumesnil, une petite ville fictive de pêcheurs sur la Côte d’albâtre entre Fécamp et Dieppe avec son marché aux poissons, son café, ses falaises. Une vieille dame, Madeleine, 95 ans, aveugle de naissance, s’engage dans un bras de fer avec la mairie de son village, en dépit du bon sens.

Elle veut rester coûte que coûte dans sa maison, celle qu’elle a construit avec son mari Jules, un pécheur disparu en mer. L’érosion menace sa maison d’un éboulement imminent à cause de la canicule mais Madeleine s’en moque, elle s’accroche à ses souvenirs et à son chat Balthazar.

C’est une fable humoristique sur l’écologie qui fait la part belle aux paysages de la campagne du pays de Caux, le coin d’où vient le dessinateur et scénariste de cette BD, Benoît Duhamel.

Mon avis :

C’est un agréable moment de lecture mais ce n’est pas une histoire inoubliable. Le personnage de Madeleine est traité de manière trop caricaturale selon moi pour que je m’y attache. Pourtant, le dessinateur a été adroit pour raconter ses souvenirs avec des flash-backs subtils.

Mais l’aspect irréductible gauloise qui résiste à l’envahisseur prend trop le dessus. Dès les premières planches au marché aux poissons, les références à Astérix, l’oeuvre BD de Goscinny et Uderzo sont assumées.

Et j’ai bien aimé cela,  mais le scénario manque vraiment de profondeur, le seul suspense est le suivant : la falaise va t’ elle oui ou non s’ effondrer et emporter Madeleine et son chat avec elle?

J’ai aussi bien apprécié le rôle du pompier noir Ouedraogo qui joue le rôle de médiateur mais c’est vraiment un rôle secondaire, pas assez développé dans l’histoire à mon  goût.

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La vraie richesse de cet album, c’est le dessin de l’élément naturel. On s’y croit et moi je connais ces endroits. Cela m’a ramenée à Criel sur mer et ses plages de galets, les maisons condamnées par la mairie en bord de falaise, je les connais bien. Ou alors les valleuses près de Fécamp et leurs escaliers impressionnants.

Ce ne sont pas les coins les plus touristiques, même en été, vous n’y croisez pas foule mais vraiment ça vaut le détour, ce sont des paysages de cartes postales.

J’ai eu la bonne surprise de retrouver la pataugeoire de la plage de Criel sur mer, photographiée par Raymond Depardon dans un magnifique recueil de photographies en couleurs. Il a photographié la France périphérique, celle qui ne se trouve pas dans les grands axes mais en bordure, qui nécessite un détour….

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Extrait du catalogue d’exposition La France de Raymond Depardon, BNF.

Ma note : 3/ 5 sardines

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Je donne à cet album BD la note de trois sardines car je trouve que le dessin tellement expressif de la nature en bord de mer compense les faiblesses de scénario. C’est jovial, on se retrouve à la campagne se prendre une bouffée d’air frais.

J’ai beaucoup aimé le making-off d’une dizaine de pages à la fin de l’album, il montre les esquisses préparatoires du dessinateur pour le chat Balthazar, la couverture du livre… Au début, dans les pages de garde, vous pouvez scanner une vidéo de musique électronique autour de l’album. La BD attire les autres disciplines…

Si vous aimez les grandes étendues naturelles en bord de mer ou en pleine nature, je vous recommande l’exposition prochaine de mon ami Peter Morris. Il exposera du 25 au 28 mai aux Ateliers d’artistes de Belleville, dans le temple protestant, 97 rue Julien Lacroix, Paris 20eme de 14 heures à 20 heures.

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