
En 2016, j’étais exposante au festival du livre de Paris. Les trajets en métro pour aller travailler étaient interminables. Ma lecture du roman Brooklyn a été un vrai échappatoire bienvenu : une belle histoire d’amour qui m’a permis une évasion littéraire totale.
Il faut dire que cette histoire a été adaptée au cinéma par un scénariste de génie : Nick Hornby. Il a écrit Pour un garçon lui aussi adapté au cinéma.
L’affiche du film Brooklyn est iconique, elle symbolise tellement la manière dont on peut rêver de New York : un couple qui s’embrasse au pied du Brooklyn bridge.
Long island est la suite de Brooklyn. Il se déroule entre Long Island et l’Irlande dans les années 1970, vingt ans après qu’ Eilis Lacey ait émigré aux Etats-Unis car il n’y avait pas d’avenir pour elle au pays.

Long Island, Colm Toibin, 400 pages, éditions Grasset, 24€
Le résumé :
Tony et Eilis sont désormais mariés depuis vingt ans avec deux grands enfants en âge d’aller à l’université. Leur couple italiano irlandais vit dans un village de Long Island avec comme voisins les parents de Tony, ses frères et leurs femmes. Tous sont italiens et leurs choix de vie sont vite commentés lors des réunions familiales.
Ils justifient les erreurs des membres de la famille par une solidarité sans failles quoi qu’il en coûte. Il se trouve que Tony a planté un sérieux coup de canif dans leur contrat conjugal.
Un jour sans crier gare, un homme irlandais assez intimidant vient lâcher une bombe dans le quotidien d’Eilis . Il lui apprend que son mari plombier a séduit sa propre femme. Elle est enceinte et le mari fou furieux déposera l’enfant sur le pas de la porte d’un Tony adultérin à sa naissance… Quelle décision radicale va prendre Eilis ?
Mon avis :
Long Island est un roman de grande littérature. L’auteur est réputé comme un maître de l’ellipse et des non dits. Ce roman démarre sur des chapeaux de roue en choquant ses lecteurs.
J’ai été happée dès les premiers chapitres par le rythme très soutenu avec des situations où les sentiments les plus violents s’entrechoquent : jusqu’ au point de rupture. J’ai abandonné ma lecture car l’attitude de deux personnages principaux m’a profondément heurté. Ce roman raconte avec brio un triangle amoureux et je déteste les histoires de triangle amoureux car il y a toujours une trahison à la clé.
Feuilletez ici un extrait du roman
Long Island est un excellent roman très bien écrit mais il m’a vraiment dérangée dans ma conception du romantisme et de la loyauté dans un couple. Autant les personnages de Brooklyn étaient chaleureux et attachants : le prêtre, Rose, la sœur dévouée, Tony…, autant les personnages de Long Island sont froids et sans aucune empathie les uns avec les autres.
Le seul personnage de Long Island qui m’a intéressée est Nancy Sheridan, l’amie d’enfance d’Eilis. Vingt ans plus tard, elle se retrouve veuve à tenir un débit de friture avec son fils, jeune adulte sur lequel elle ne peut pas vraiment compter. En raison de son commerce, elle peut être confrontée à la violence, l’insécurité à cause de l’alcool quand un samedi soir trop arrosé peut dégénérer.
Enfin, la couverture du livre est superbe. On dirait un tableau d’Hopper ou de Dali peignant sa muse Gala. Elle annonce un portrait de femme d’une grande froideur.
La note du bal littéraire des sardines : 4/5 sardines
J’aurai adoré mettre cinq sardines à ce roman tant j’aimé Brooklyn, l’un de mes cinq romans préférés. Mais l’ambiance polaire entre les personnages m’a sacrément refroidie.
J’ai une théorie bien établie comme quoi un roman c’est comme un travail thérapeutique avec un psy : il faut qu’une alliance thérapeutique se noue dans la situation initiale. Et cela n’a pas du tout été le cas dans ce roman. J’ai été plus choquée que séduite par cette histoire, qui est malgré tout, un roman de grande littérature.

Retrouvez ici mes précédentes chroniques de romans ici :
–Les magnolias de Myrtle Lane : un roman réaliste et attachant
-Hôtel Nantucket, quand de fortes individualités font équipe…
