
Après Un été à Nantucket et Un dernier été, Elin Hilderbrand publie un nouveau roman Hotel Nantucket. J’ai lu chacun de ses romans publiés aux éditions Les escales. Je l’ai découverte à travers les pages livres du magazine Elle.
Hôtel Nantucket, Elin Hilderbrand, Les escales, 2024, 416 pages, 23€
Je vais tenter dans cet article de vous définir en quelques lignes pourquoi les descriptions de cocktails, de petits pains au homard, et de maisons à bardeaux typiques de Nantucket me procurent autant de détente qu’un épisode de la télé réalité L’agence sur Netflix.
Le résumé du roman :
Hôtel Nantucket raconte l’histoire de Lizbet, une directrice d’hôtel d’une quarantaine d’années trahie par son mari aux yeux et au vu de toute la petite île de Nantucket. C’est une clientèle huppée et très exigeante qui constitue un entre soi de citadins fortunés de Washington, New York ou Boston. Ils possèdent des maisons de famille sur l’île depuis plusieurs générations. Ils suivent les recommandations du New York Times et autres réseaux sociaux influents pour jauger les meilleurs restaurants et autres lieux à la mode.
Lizbet va rapidement engager toute une équipe de portiers, réceptionnistes, femmes et hommes de chambre, cuisiniers pour mener à bien la mission que lui a confié Xavier Darling, un influent investisseur londonien : décrocher les cinq clés décernées par une mystérieuse blogueuse qui se rend incognito dans les plus beaux hôtels du monde.

Les trente premières pages, je reconnais que j’ai trouvé ce roman un peu superficiel avec son histoire secondaire de fantôme. Grace, femme de chambre, hante l’hôtel crée en 1920 car elle était la maîtresse du propriétaire de l’hôtel. Un troussage de domestique assez abject.
Même si le directeur était peut être amoureux d’elle, il ne l’a pas secouru. Son odieuse femme, aussi timbrée que malfaisante a laissé de manière intentionnelle une cigarette brûler dans le grenier pour éliminer la domestique.
Elle va être le témoin de tous les petits moments de vie qui se déroulent dans l’hôtel. Ils vont souvent la révolter ou la réjouir et lui apporteront une sorte de repos de l’âme.
Mon avis sur ce roman d’été plus profond qu’on ne le croit :
Qu’importe que l’équipe de l’hôtel Nantucket décroche les cinq clés dans le blog, le véritable intérêt de ce roman pour moi c’est de suivre comment ces différentes personnalités un peu torturées par la vie vont évoluer au cours de cet été ensemble.

J’ai trouvé le personnage de Lizbet peu fouillé et un peu caricatural mais on se réjouit tout de même au fil des pages du roman de la voir réussir son challenge et ainsi retrouver estime de soi et le grand amour…
Je me suis particulièrement attachée à certains personnages du roman (et oui comme en psychothérapie, je noue une alliance thérapeutique avec les personnages littéraires que je lis sinon j’abandonne ma lecture).
J’ai aimé suivre la rédemption d’Alessandra, la cupidité faite femme et celle de Chadwick, un jeune homme issu de la haute société qui a fait une énorme bêtise. Il va trouver sa planche de salut en récurant les toilettes des clients de l’hôtel et en travaillant en équipe avec les femmes de chambre de l’hôtel sous les ordres de la mystérieuse Magda English.
Il y a un beau moment de vérité quand il confronte ses parents. Ils achètent le silence de ceux envers qui Chadwick a eu un comportement répréhensible voire même irrémédiable pour ne pas entacher leur propre réputation. Elin Hilderbrand lui permet d’en arriver à la conclusion que l’argent ne procure pas tout : il ne rend pas forcément heureux.
« L’île de Nantucket est connue pour ses rues pavées et ses trottoirs de briques rouges, ses maisons en bardeaux de cèdre et ses treillis de roses, ses longues étendues de sable doré et ses vents de l’Atlantique rafraîchissants… Elle est aussi connue pour ses résidents, qui n’aiment rien tant qu’un ragot bien juteux (le paysagiste sexy qui a vécu une idylle avec l’épouse d’un magnat local de l’immobilier, ce genre de chose). Et malgré tout, aucun de nous n’était vraiment prêt au tourbillon de rumeurs qui allait déferler le jour où nous avons appris que Xavier Darling, le milliardaire londonien, investissait 30 millions de dollars dans la verrue en ruine qu’est devenu l’Hôtel Nantucket«
Chacun des romans d’Elin Hilderbrand suit à peu près la même trame : une galerie de personnages qui semblent se détendre et s’amuser sur leur île privilégiée mais qui sont constamment en représentation, en cage à cause de leur statut social.
Voici un court résumé de deux autres romans d’Elin Hilderbrand si je vous ai convaincu de prendre le ferry pour Nantucket cet été !

Un été à Nantucket (de loin mon préféré), Le livre de poche, paru en 2021,576 pages, 9€70
Ce roman se déroule pendant l’été 1969, en pleine guerre du Vietnam. Le cadet de la famille est appelé sous les drapeaux et sa mère Kate tremble pour lui en noyant sa tristesse dans l’alcool. Elle doit cohabiter dans la maison de famille avec sa mère Exalta, un vrai dragon et ses trois filles qui vivent des chamboulements dans leur vie durant cet été.

Un dernier été, Elin Hilderbrand , paru en 2023, 448 pages, 23€
C’est un roman très contemporain qui se déroule à l’ère des réseaux sociaux. Vivian, une romancière célèbre meurt soudainement dans un accident de voiture. Elle venait de publier un nouveau roman qui évoquait son amour de jeunesse. J’ai beaucoup aimé ce roman où la défunte prend de la hauteur pour observer comment son entourage familial et professionnel surmonte sa disparition. Un roman profond qui explore les failles et l’humanité de ses personnages.

Dans un autre genre, celui de la biographie, j’ai eu un vrai coup de coeur dernièrement pour La cuisinière des Kennedy , écrit par Valérie Paturaud et publié par la même maison d’édition : Les escales.
Il raconte le parcours exceptionnel d’ Andrée Imbert, pupille de la Nation qui a vécu une ascension sociale fulgurante en travaillant au service d’Albert Camus, Michel Gallimard puis Rose et Joe Kennedy, les patriarches de cette célèbre famille.

Valérie Paturaud et Elin Hilderbrand ont en commun de valoriser cet art de vivre à l’américaine, bien différent de la France. J’aime lire ces romans et ces biographies qui se déroulent sur la côte est des Etats-Unis pour l’imaginaire de rêve qu’ils apportent depuis les années 1960 et le faste des Kennedy dans les pages de Paris Match.
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-Maine, une maison de vacances, théâtre de rivalités familiales
-Aretha Franklin, une vie de foi face aux épreuves de la vie
