Ce témoignage, je l’ai lu d’une traite dans un train de banlieue pendant le week-end de Pâques. Rédigé dans un style fluide et agréable à lire, il explique en deux cent pages les moments éprouvants que peut vivre une femme qui souffre d’endométriose.

Sur les réseaux sociaux, je remarque que bon nombre de femmes souffrent de cette maladie qui ruine leur quotidien.
Je me souviens un jour d’avoir croisé une femme au comptoir d’une pharmacie qui était en larmes à cause de son bas ventre. Elle avait un peu honte de raconter ce qu’elle avait, je pense que ça ne devait pas être la première fois qu’elle venait car elle était un peu désemparée mais elle était vraiment dans une forme de supplication qu’on la soulage rapidement. Moi j’avais juste une colopathie fonctionnelle qui me cassait les pieds de temps à autre quand mon stress prenait le dessus sur toutes mes émotions.
J’ai été contente de pouvoir lui témoigner un peu d’empathie par une parole réconfortante qu’elle a eu l’air d’apprécier. C’est d’ailleurs tout le propos de Lorie Pester. Elle insiste sur le regard des autres qui joue beaucoup pour supporter le moins mal possible cette maladie sacrément handicapante.
J’ai aimé que son livre commence avec son adolescence et ses premières règles. Elle explique les cours d’éducation sexuelle dispensés en classe. Je pense que le gouvernement devrait lui confier une mission de santé publique pour accompagner les jeunes filles qui se tordent en deux quand elles ont leurs règles ados. C’est assez révoltant qu’on leur dise que c’est normal d’avoir mal au ventre en éludant leurs plaintes lors des visites chez le gynécologue.
On pourra trouver ce récit très réaliste car il raconte vraiment les petits détails qui pourraient paraître insignifiants. Oui mais quand on souffre en continu, chaque chose devient compliqué même traverser le passage clouté.
J’ai bien aimé ce livre bien écrit et je ne peux que tirer mon chapeau à Lorie pour son courage à mener à bien ses projets artistiques et une belle carrière après la chanson, malgré un quotidien aussi infernal.
J’en retiens que se montrer coriace face à la douleur n’est pas forcément une bonne idée car elle a été longtemps tiraillée par son mental mais elle a accepté de suivre les conseils de son médecin et de son entourage. Elle s’est délestée de son utérus sur la table d’opération, le choix a été difficile à faire psychologiquement et on le comprend parfaitement. Mais elle y a gagné une liberté inestimable d’où le titre : Revivre.
Revivre, Lorie Pester, Robert Laffont, 21 mars 2024, 192 pages, 18 euros
Les autres livres publiés par Robert Laffont que j’ai chroniqué dernièrement :
-Une reine, être femme dans le mellah de Casablanca dans les années 1930
-Dix-neuf marches, un roman young adult efficace pour témoigner du Blitz aux jeunes générations
