Cinéma·Sociologie

Invincible été, l’histoire d’un homme qui a décidé de mener la vie dure à la maladie de Charcot.

Hier soir, j’assistais au superbe ciné-débat organisé par mes collègues de l’Alliance biblique française. Le précédent ciné-débat était consacré à la justice restaurative avec la projection du film Je verrai toujours vos visages.

Invincible été est un témoignage qui retrace le parcours d‘Olivier Goy, un entrepreneur de talent dont la maladie de Charcot a été diagnostiquée en décembre 2023.

A travers un documentaire, Stéphanie Pillonca a mis en scène son message : Olivier est un combattant qui a décidé que sa maladie ne le priverait pas de son utilité publique ni de sa complicité avec sa famille.

Il ne peut plus diriger son entreprise comme il le souhaite alors il s’implique autrement : il photographie, il met en place une fondation pour la recherche pour que la maladie de Charcot soit guérie pour les générations futures… Avec une arme redoutable : l’humour.

J’appréhendais un peu d’aller voir ce film car le sujet est vraiment difficile : voir un père de famille emprisonné dans son corps par une maladie qui le condamne à court terme en le privant de la parole, en paralysant ses poumons et ses muscles, était insupportable pour moi.

Et pourtant, je suis sortie enrichie de cette séance de cinéma. Tout dépend de la manière dont on affronte les choses finalement. Comme j’aidais à accueillir les spectateurs dans l’équipe d’organisation, j’ai pu saluer Olivier. Il ne peut plus parler qu’avec une boite vocale mais il émanait de lui une telle présence à travers son regard et son sourire que c’était une très belle rencontre humaine. On réfléchit à ce que l’on va dire car la parole et l’écoute sont précieuses.

J’ai beaucoup aimé le propos d‘Annick Vanderlinden, théologienne et aumônière en hôpital. Elle participait au débat animé par Jean-Luc Gadreau, pasteur et critique de cinéma avec Stéphanie Pillonca et Olivier Goy. Elle découvrait le film en même temps que nous.

Elle a dit que certes le handicap amoindrissait quelqu’un physiquement mais qu’il enrichissait aussi notre humanité, notre relation aux autres. C’est le rôle du cinéma et j’ai découvert le travail de Stéphanie Pillonca.

Elle est sacrément douée pour les entretiens avec les membres de sa famille. Elle a fait le choix de ne pas tout montrer pour respecter la pudeur, la dignité d’une famille et ne pas tomber dans le sensationnalisme. Je manque de mots pour décrire l’amour que se portent la femme d’Olivier, Virginie, et ses deux fils Louis et Clément. Toute une famille a dû s’adapter à une nouvelle vie pour ne pas sombrer dans la tristesse.

La scène où Olivier est accompagné de son fils ainé pour rencontrer un autre père atteint de la maladie de Charcot et sa fille : Gilles et Malika Ménard est d’une rare intensité. Stéphanie Pillonca a voulu montrer le rôle difficile des aidants surtout quand ce sont de jeunes adultes.

Enfin, j’ai vraiment apprécié la conclusion du film : l’échange entre Delphine Horvilleur, rabbin et philosophe, auteure du livre Vivre avec nos morts, édité par Grasset. Sa manière d’évoquer le judaïsme en expliquant que nos fêlures, nos cassures, nous apprennent beaucoup sur nous même m’a beaucoup inspirée.

Invincible été est un magnifique documentaire avec un titre efficace. Il sera présenté au Japon et aux Etats-Unis. C’est un très beau film avec une esthétique d’une grande beauté entre Paris et la Normandie. Ce serait une bonne idée que ce film à petit budget soit récompensé aux prochains Césars.

Retrouvez ici mes précédentes chroniques de films sociétaux :

-Pupille ou le triomphe du collectif.

-Pourquoi Chamboultout m’a chamboulée

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