Biographies et autobiographies

Biographies et autobiographies US au soleil pour ce week-end de Pâques

Après une semaine bien chargée à la librairie avec deux jours d’inventaire, j’ai choisi deux témoignages de vie qui me faisaient de l’oeil depuis longtemps : La terre promise, les mémoires de Barack Obama et Sister soul, Aretha Franklin, sa voix, sa foi et ses combats, une biographie écrite par Jean-Luc Gadreau, éditions Ampelos.

En ce moment, quand je sors du travail, je suis un peu blasée de ne plus pouvoir flâner dans les boutiques boulevard Haussmann. C’est tout simplement sinistre et j’ai bien fait de parier sur un bon livre pour égayer ce long week-end de trois jours.

Sans le faire exprès, j’ai réalisé au fil de ma lecture à quel point Barack Obama et Aretha Franklin étaient amis tant l’ancien président démocrate lui a rendu hommage au cours de ses mandats. Ce n’est pas anodin, si j’ai choisi des ouvrages qui parlent de moments heureux aux Etats-Unis, ce pays-continent me fait rêver.

J’aime énormément les biopics sur les musiciens américains des années 1950-1960 : Ray, Walk the line avec Johnny Cash, Greenbook qui raconte l’amitié entre un chauffeur italo-new-yorkais et un pianiste afro- américain, une histoire vraie…

Quand j’étais ado, j’étais fan de Marilyn Monroe pour son charisme, alors que j’ai réalisé que c’était une femme malheureuse toute sa vie, mal dans sa peau, et que la gloire et la célébrité ne l’avaient pas empêché de mettre fin à ses jours.

J’aime beaucoup les biographies d’artistes américains, notamment ceux qui ont vécu dans les années 1950 et 1960 et surtout ceux qui se sont engagés dans la lutte pour les droits civiques. Après avoir lu Génération Rosa Parks dans la même collection, j’ai voulu lire Sister soul.

La vie d’Aretha Franklin fut plus heureuse que celle de Marilyn parce qu’elle se savait aimée de Dieu, le Père mais elle traversa des moments sacrément difficiles, elle aussi.

Ce fut une petite fille blessée par la mort de sa mère quand elle avait neuf ans. Son père pasteur, reconnut rapidement son talent hors norme dans la chorale de son église dès ses dix ans. Trois ans plus tard, elle devint mère et enregistra son premier disque à l’âge de 14 ans. Soixante-ans plus tard, elle chantait devant le président démocrate Obama en 2009.

Ce n’est pas une hagiographie : l’auteur dresse quelques défauts de l’artiste mais on ressent vite à quel point cette femme est attachante.

Quand elle est salie par la presse de caniveau qui raconte avec cruauté la vérité : sa dépendance à l’alcool, sa boulimie, les violences conjugales de son mari-manager, son public n’en éprouve que d’avantage d’affection et de sympathie pour elle.

Aretha sera une femme blessée par la perte de sa mère, insécurisée par un mari très exigeant et violent mais les choses s’arrangeront pour elle à maintes fois grâce à sa foi en Jésus.

Ce livre insiste sur l’importance psychologique de l’entourage d’une chanteuse internationale, il retrace aussi l’histoire de la musique gospel aux Etats-Unis avec Mahalia Jackson qui s’est cantonnée dans ce registre alors qu’Aretha est devenue la reine de la soul.

L’auteur a réalisé une prouesse : ce livre n’est pas une simple biographie d’artiste. Il lance un débat sur la spécificité de la musique gospel dans le show-business américain. Il explique les différentes stratégies des artistes chrétiens : Mahalia Jackson est restée dans l’église, Aretha a diffusé l’Evangile dans les boites de nuit enfumées.

Elle a convié les meilleurs musiciens de son cercle à réaliser un spectacle Amazing Grace d’une qualité artistique et spirituelle exemplaire en 1972.

Aretha Franklin était une musicienne qui prêchait à travers ses chansons. Elle était exubérante avec ses manteaux de fourrure et ses postures de diva mais elle était vraie. Elle a été fidèle toute sa vie à sa foi et à son engagement envers les droits civiques. Son père était un proche de Martin Luther King, il n’a jamais déserté Detroit même lors des pires émeutes.

Le titre du livre est très bien choisi, il marque cette ascension artistique extraordinaire d’une petite chanteuse de chorale baptiste qui a su entretenir son talent, cadeau de Dieu en tapant à la porte des meilleurs professionnels de musique du pays : Atlantic, le producteur de Ray Charles entre autres.

La lecture de ce livre m’a conforté dans ma conception de la foi : accueillir la grâce comme un cadeau de Dieu au lieu d’essayer d’épater Dieu par mes œuvres.

A part danser dans les mariages sur Respect et Think, deux morceaux d’une playlist bien mainstream (comprenez mondialisation culturelle occidentale), je connaissais très mal Aretha Franklin. Je trouvais même que sa musique s’était bien diluée avec son exploitation publicitaire pour des lunettes, des crèmes de beauté voire je me demande même, des serviettes hygiéniques.

Pourtant, je me rappelle du jour de sa mort, j’étais dans un aéroport à Porto, au Portugal. Les hommages pleuvaient sur Instagram notamment celui appuyé de Barack Obama : « Aretha Franklin a su définir l’expérience américaine« .

C’est surtout l’article écrit par Jean-Luc Gadreau dans le magazine chrétien La vie, repris par Libération qui m’a donné envie de lire cette biographie fascinante. Je travaille dans une librairie religieuse mais je la recommande régulièrement dans une box littéraire grand public et ses lecteurs sont touchés.

J’ai pris beaucoup de notes au sujet de ce livre pour cet article mais volontairement je n’ai pas voulu tout synthétiser pour vous encourager à lire cette biographie unique en son genre !

Fresque en hommage à Aretha Franklin, réalisée rue Ordener, Paris 18eme arrondissement par Cetra.

Je terminerai en vous parlant de Respect, cette chanson iconique composée par Otis Redding et reprise par Aretha Franklin. D’abord très machiste, elle est devenue un véritable hymne identitaire pour les minorités noires comme homosexuelles.

Il y a peu, j’ai revu le formidable film français Cloclo, le biopic sur la vie de Claude François, réalisé par Florent Emilio Siri. Dans une scène, on voit un extatique live d’un concert d’Otis Redding à Londres qui donne l’idée à Cloclo d’embaucher des Claudettes pour danser avec lui.

Je ne peux m’empêcher de comparer les carrières d’Aretha Franklin et de Claude François et de constater combien la vie dans le show business a plus de sens quand on s’appuye sur Dieu comme Aretha plutôt de se regarder le nombril…

A suivre bientôt dans ce blog, ma chronique des mémoires de Barack Obama, Une terre promise, éditions Fayard.

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